Traduit de l’anglais. Article de Adrian Humphreys le 24 janvier 2024 sur le site du National Post.
Le lendemain du jour où une organisation islamique a été déclarée groupe terroriste en Grande-Bretagne, la branche canadienne du groupe a annulé une conférence qu’elle organisait ce week-end et qui appelait à la résurrection du califat musulman et à l’imposition de la charia.
Hizb ut Tahrir Canada organisait samedi à Mississauga, dans la banlieue de Toronto, une conférence intitulée « Khilafah Conference 2024 » (Conférence sur le Khilafah 2024). Khilafah est le mot arabe pour califat, faisant référence à une communauté musulmane gouvernée par la loi islamique.
Les documents de la conférence – des affiches, un site web et une vidéo promotionnelle soignée – indiquent que le groupe préconise le rejet d’un État juif et de l’intervention des Nations unies, du droit international ou d’autres « compromis » au Moyen-Orient, encourageant plutôt les forces militaires du monde musulman à vaincre les « occupants » de la région.
Le matériel de conférence de Hizb ut Tahrir Canada, ainsi que toute sa présence en ligne – un site web actif depuis 2012, une chaîne YouTube, des comptes Facebook, Instagram et X – ont maintenant été supprimés ou désactivés, apparemment en interne.
Un ancien dirigeant du Hizb ut-Tahrir, qui travaille aujourd’hui dans le domaine de la déradicalisation des extrémistes, a déclaré que la déclaration britannique avait effrayé les partisans canadiens du groupe.
« Jusqu’à ce qu’ils puissent fournir les bonnes directives pour les régions anglophones de l’organisation, ils éviteront, autant que possible, que leurs membres et leurs militants fassent des déclarations dans l’arène publique », a déclaré Rashad Ali, chercheur principal résident à l’Institut pour le dialogue stratégique, un groupe de réflexion sur la lutte contre l’extrémisme basé à Londres, en Angleterre.
« À moins de pouvoir contrôler ce que leurs membres disent en anglais, ils ne peuvent pas être sûrs qu’ils ne vont pas dire quelque chose qu’ils regretteront ».
Les membres craignent également que le Canada ne suive l’exemple de la Grande-Bretagne, selon M. Ali.
« En matière de lutte contre le terrorisme, l’Australie et le Canada ont tendance à suivre la Grande-Bretagne. Il est fort probable que si l’interdiction et la proscription en Grande-Bretagne sont confirmées par les tribunaux britanniques, ils appliqueront la même chose en Australie et au Canada ».
Avant d’être annulée, la conférence suscitait des inquiétudes en raison des déclarations du groupe, considérées comme nettement antisémites, favorables à l’éradication d’Israël et soutenant des éléments de la violence jihadiste militante.
« En tant qu’entité terroriste inscrite sur la liste du Royaume-Uni, l’organisation Hizb ut-Tahrir ne devrait pas avoir l’occasion de promouvoir et d’endoctriner les Canadiens avec ses points de vue extrêmes et radicaux par le biais de sa conférence sur la Khilafah », a déclaré Shimon Koffler Fogel, président du Centre pour Israël et les affaires juives, une organisation juive canadienne de défense des droits de l’homme.
Lors de la présentation de l’ordonnance de proscription britannique contre le Hizb ut-Tahrir en vertu de la loi sur le terrorisme, le ministre britannique de l’intérieur, James Cleverly, a déclaré : « Le Hizb ut-Tahrir est une organisation antisémite qui promeut et encourage activement le terrorisme, notamment en faisant l’éloge et en célébrant les effroyables attentats du 7 octobre ».
« L’interdiction de ce groupe terroriste garantira que toute personne qui en fait partie ou qui invite à le soutenir en subira les conséquences. Elle limitera la capacité du Hizb ut-Tahrir à opérer comme il le fait actuellement ».
La désignation comme groupe terroriste est entrée en vigueur le 19 janvier.
Les participants inscrits à la conférence Khilafah au Canada ont été informés de l’annulation de l’événement le 20 janvier, avec une note disant : « C’est le cœur lourd que Hizb ut Tahrir Canada a décidé d’annuler la Conférence du Khilafah 2024 en raison de circonstances imprévues ».
La notification s’excusait pour la gêne occasionnée, mais ne donnait aucune explication. Les billets pour l’événement ont été officiellement annulés lundi, avec des instructions pour obtenir un remboursement. Les détenteurs de billets n’ont pas encore été informés du lieu de la conférence à Mississauga.
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