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Controverse au 98,5 FM : Ferrandez et Normandeau accusés de « normaliser l’élimination » des personnes handicapées

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Une vive controverse secoue la station montréalaise 98,5 FM après des propos tenus en ondes par les animateurs Luc Ferrandez et Nathalie Normandeau, jugés par plusieurs comme une incitation à la déshumanisation des personnes handicapées. Au cœur du tumulte : une discussion sur l’élargissement de l’aide médicale à mourir aux personnes lourdement handicapées. Depuis, les appels à la suspension — voire au congédiement — de Luc Ferrandez se multiplient, et les associations de défense des droits des personnes vivant avec une déficience intellectuelle réclament des sanctions immédiates.

Une réflexion « humaniste » ou une ligne rouge franchie?

Étienne Paré rapporte dans La Presse que tout est parti d’une discussion diffusée jeudi dernier, alors que Ferrandez et Normandeau débattaient d’un cas troublant : celui de « Florence »*, une jeune femme atteinte du syndrome de Prader-Willi placée à l’isolement en prison après être entrée chez des voisins pour fouiller dans leur réfrigérateur. Le sujet a rapidement dérivé vers un débat sur la dignité, la douleur chronique et la qualité de vie des personnes lourdement handicapées.

Ferrandez y a lancé : « J’aime mieux la solution de les amener à une sorte de libération. Je ne veux pas dire “mourir”. Mais une façon de mettre fin à leur douleur. » Devant les critiques, il a nuancé ses propos mardi en affirmant vouloir susciter une réflexion collective, non une prescription : « Ce que je dis, c’est qu’il pourrait y avoir un comité des sages dans les cas extrêmes où les familles ont disparu, pour évaluer la qualité de vie restante. »

Mais cette justification n’a fait qu’attiser l’indignation. Guillaume Picard explique pour le Journal de Montréal que Ferrandez a tout de même admis avoir volontairement abordé la possibilité d’un élargissement de l’aide médicale à mourir pour les cas extrêmes : « J’ai évoqué qu’il y ait une forme d’aide médicale à mourir qui devrait prendre un nom différent pour des cas extrêmes », a-t-il reconnu, tout en rejetant toute idée d’imposition étatique.

De son côté, Normandeau a tenté de se distancier : « Jamais au grand jamais on n’a soulevé l’option pour des cas plus lourds… loin de nous cette idée », a-t-elle déclaré, tout en reconnaissant le caractère maladroit de leur échange initial.

Réactions dévastatrices : « Shame on you! »

La réponse ne s’est pas fait attendre. Vanessa Hébert rapporte que la chroniqueuse Guylaine Guay, mère de deux garçons autistes et marraine de la fondation Véro & Louis, a réagi dans une vidéo émotive, dénonçant ce qu’elle qualifie de « nettoyage social ». En pleurs, elle affirme : « C’est dégueulasse ce qui est dit. Shame on you 98,5. »

Dans une deuxième vidéo publiée quelques heures plus tard, elle s’en prend violemment à la tentative de clarification du duo Ferrandez-Normandeau, qualifiant leur mea culpa « de merde ».

David Garel ajoute que cette intervention de Guay a été partagée massivement et a galvanisé les critiques à l’égard de Ferrandez. Le chroniqueur rappelle aussi que ce dernier n’en est pas à son premier écart : il aurait déjà ridiculisé un collègue à l’antenne en l’imitant d’une manière jugée insultante pour les personnes vivant avec une déficience intellectuelle, ce qui avait déjà suscité des plaintes.

Un « projet d’élimination » selon les associations

Les associations ont rapidement mobilisé leurs réseaux. Étienne Paré rapporte que dix organisations, dont Parents pour la déficience intellectuelle (PARDI) et la Fédération québécoise de l’autisme, ont publié une lettre ouverte dénonçant une « incitation à la déshumanisation » et un écho glaçant aux politiques eugénistes du passé. L’organisme PARDI a d’ailleurs saisi le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) et exige des excuses publiques, la suppression de l’extrait incriminé, ainsi que des sanctions.

Richard Guillemette, du Mouvement Citoyen Handicap-Québec, a lui aussi déposé une plainte auprès du CCNR, affirmant que ce type de propos ne relève pas du simple débat d’idées, mais constitue une attaque frontale contre la dignité humaine.

Le 98,5 FM : chronique d’un naufrage éthique?

Cette affaire s’ajoute à une longue série de controverses internes à Cogeco Média, propriétaire du 98,5. David Garel note que la station est désormais perçue comme un « cimetière d’opinions libres », dénonçant une culture d’impunité, de favoritisme et de règlements de comptes internes.

Le chroniqueur cite notamment les cas de Jeremy Filosa (suspendu pour avoir exprimé un doute sur la mission lunaire), Pierre-Yves McSween (congédié après avoir demandé plus de temps d’antenne malgré ses cotes d’écoute), et MC Gilles (écarté après 19 ans de service). Le tout dans une atmosphère qualifiée de « country club », où les amitiés entre certains chroniqueurs vedettes, comme Patrick Lagacé, et la direction, influenceraient les décisions de programmation.

Pendant ce temps, ICI Première continue de gagner des parts d’écoute. Le public, lassé des scandales à répétition et des prises de parole polarisantes, semble de plus en plus prêt à tourner la page sur une station qui fut jadis la référence de la radio parlée au Québec.

Une tempête qui ne faiblit pas

La controverse ne montre aucun signe de ralentissement. Alors que Cogeco affirme n’avoir reçu que « trois plaintes » formelles jusqu’à maintenant, la pression populaire ne cesse de croître. Plusieurs commentateurs estiment que la direction de la station devra tôt ou tard se positionner publiquement et imposer des mesures concrètes.

Si elle choisit de ne rien faire, c’est toute la crédibilité du 98,5 — déjà mise à mal — qui risque de s’effondrer. En attendant, la question posée par Ferrandez, au nom d’une prétendue réflexion éthique, a jeté un malaise profond sur le paysage médiatique québécois : à quel moment un débat franchit-il la ligne de la dignité humaine?


* Prénom fictif utilisé pour protéger l’identité.

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