Printemps 2024. Sur Facebook, on voit de nombreux Québécois se plaindre du prix des restaurants. Tim Hortons annonce vouloir vendre de la pizza. De plus en plus de travailleurs étrangers viennent au Québec pour faire fonctionner les chaînes. quant aux faillites, elles se succèdent. Le secteur est en plein changement, et souvent pour le pire. Voici quelques réflexions sur ce qui devient de plus en plus un luxe inutile.
Sur la page Spotted Service de marde, qui publie les commentaires anonymes de nombreux Québécois ayant reçu du mauvais service, on voit souvent des gens se plaindre du prix des restaurants. Par exemple, deux poutines pour 55$. Avec en plus les éternels débats sur le pourboire à laisser ou non, on se demande parfois si les belles heures de la restauration ne sont pas derrière nous.
En 2024, il est difficile de bien manger au restaurant en bas de 25-30$. Et même encore. Au vieux Duluth, pour 27$ incluant le pourboire, on a droit à deux brochettes de souvlakis, un peu de riz et une patate coupée en deux. À combien cela aurait monté si l’on avait fait ce repas soi-même à la maison? Ou bien, une poutine qui coûte parfois jusqu’à 25$. Ce qui était jusqu’à récemment le prix d’un repas décent dans un restaurant de qualité.
Mais au-delà de ces chiffres, on constate le nombre grandissant de restaurants qui ferment les uns après les autres. En grande majorité des indépendants. De petits restaurateurs, ou des chefs qui ont une offre différente de celle des classiques chaînes de fast food. Ce qui est vraiment dommage. On annonce à l’inverse l’ouverture plus en plus de franchises de chaînes. Des chaînes qui jusqu’à présent étaient situées pour l’essentiel dans la région de Montréal, comme Wendy’s, s’installent désormais en région.
Il est probable que ces chaînes aient les reins assez solides pour fonctionner à perte assez longtemps, et que le fond de leur business, ce n’est pas la nourriture qu’ils vendent, mais l’immobilier. C’est un fait peu connu, mais McDonald’s est l’un des grands empires mondiaux de l’immobilier. En effet, il loue des bâtiments et de vastes stationnements dans les meilleurs secteurs d’une ville à des entrepreneurs qui financent leur location par la vente de hamburgers. Cela fait monter avec le temps le prix des terrains de façon drastique.
Donc, on ne se retrouve pas avec des restaurateurs offrant de la nouveauté, mais face à toujours plus de spéculation immobilière. Ou bien à une offre nivelée par le bas constamment. On apprenait récemment que Tim Hortons offrirait dès mercredi de la pizza dans ses restaurants. Faut-il leur rappeler le peu de succès qu’ils ont eu avec la poutine? Mais Tim Hortons, comme McDonald’s et bien d’autres, voit la qualité se dégrader à mesure que les prix augmentent.
De même, ces chaînes de nos jours ne pourraient survivre sans l’arrivée massive de travailleurs étrangers pour les faire fonctionner. Plusieurs travailleurs originaires de France, du Maroc ou d’Afrique subsaharienne viennent gonfler les rangs d’un nouveau type de « prolétariat » aux conditions de travail peu avantageuses pour permettre à des entreprises nuisibles à la santé des gens de survivre.
Paul St-Pierre Plamondon a raison de critiquer l’arrivée massive de travailleurs étrangers qui font diminuer les salaires dans leurs industries. Le gouvernement caquiste montre les dents, mais tolère que pour des entreprises au bilan social catastrophique, on fasse venir des milliers de travailleurs. Dans une économie de marché qui se respecte, si la demande ne vient plus, l’offre devrait diminuer en conséquence. Or, nous sommes devant la pression patronale pour forcer l’arrivée de travailleurs qui accepteront en plus de payer un loyer aux propriétaires des franchises. Le YouTubeur Max Gold rappelait que les employés de McDo payaient plus de 500$ par mois aux propriétaires des restaurants de la région de Québec pour louer une chambre. Les travailleurs mexicains dans les champs, pour plusieurs, ne paient pas pour se loger.
Oui, le secteur de la restauration en 2024 vit une crise majeure. Il faudra beaucoup de courage pour s’attaquer à ses dérives. Mais c’est surtout aux consommateurs de refuser de payer un prix qu’ils jugent trop élevé, de même qu’à boycotter les restaurants qui ont un recours massif aux travailleurs étrangers. Que l’on soit de gauche ou de droite, cette situation ne devrait être acceptable pour personne.