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Déficit énergétique : la sobriété n’est pas une panacée

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Le ministre de l’Énergie et du développement, Pierre Fitzgibbon, nous informait il y a quelques jours qu’il ne restait que 1000 mégawatts disponibles pour de nouveaux projets industriels. Bien qu’il nous ait avertis, il y a quelques mois, que le Québec serait à court d’énergie et ne pourrait accepter que la moitié des demandes de branchement, le ministre ne cachait pas, cette semaine, son inquiétude face à l’effritement rapide des mégawatts disponibles. Il a alors annoncé que « nous avons un problème » et qu’il faudrait redoubler d’effort dans la « sobriété énergétique », mettant même sur la table la possibilité de mettre en place des tarifs dynamiques qui seraient plus élevés lors des pics de consommation. Tout ça est bien beau, mais la sobriété énergétique sera loin d’être suffisante pour faire face à la transition imposée de force par le gouvernement.

L’idée de tarifs dynamiques n’est pas une mauvaise idée ; après tout, le principal problème d’Hydro-Québec se situe dans les pics de consommation, donc encourager les gens à échelonner leur consommation électrique et l’étendre sur des heures plus tranquilles diminuerait la pression sur le réseau et relèverait d’un principe d’utilisateur-payeur plutôt équitable. Cela dit, on ne peut renvoyer toute la responsabilité du déficit énergétique d’Hydro-Québec aux usagers ; ultimement, ça va prendre de nouveaux barrages et, le plus possible, qu’on cesse de bannir tous les autres types d’énergie qui nous donnaient encore un peu de flexibilité.

Est-il vraiment sobre de vouloir convertir l’ensemble des champs d’activités à l’électrique, incluant l’ensemble du parc automobile? Est-il raisonnable de demander aux gens de faire leur lavage la nuit, tout ça parce qu’on les force à s’acheter en masse des voitures électriques et qu’on veut bannir le chauffage au gaz partout sur le territoire? Je veux bien qu’il est possible de faire des économies d’énergies, mais dans la dynamique actuelle, miser autant sur la sobriété énergétique relève de vœux pieux.

À l’ère des villes intelligentes, des maisons intelligentes, des écrans partout, des ordinateurs et de l’électronique omniscient, la soi-disant « sobriété énergétique » devient une véritable farce. Dans ce nouveau monde interconnecté, où on s’attend de plus en plus à être servis par des robots dans les commerces, comment peut-on affirmer sans rire à la population qu’elle devrait fermer ses lumières avant de quitter une pièce, ou démarrer son lave-vaisselle à 1h du matin? De qui se moque-t-on?

Prenez aussi en considération l’augmentation de la population, les impératifs irréalistes de la transition énergétique de la CAQ – qui semble tout droit sortis des fantasmes les plus fous de QS ou du parti vert – et vous pouvez en arriver à cette conclusion inévitable : pour que la société se tourne de plus en plus vers l’électrique, il faudra paradoxalement que les usagers soient de plus en plus sobres, ce qui ne fait aucun sens.

Achetez-vous une voiture électrique, mais n’utilisez vos électro-ménagers que la nuit. Passez au chauffage électrique, mais ne l’utilisez pas lors des pics de consommation. Soyez un citoyen responsable et débarrassez-vous de vos poêles au bois ou au gaz, mais redevenez instantanément un citoyen irresponsable en utilisant vos nouveaux poêles électriques au mauvais moment. Achetez-vous le réfrigérateur dernier cri, avec un écran tactile intégré, Alexa et tout le tralala des trucs « intelligents », mais veillez religieusement à ce qu’on ne l’ouvre jamais trop longtemps pour éviter de gaspiller de l’énergie…

Avec un peu d’effort, votre « sobriété » paiera… Mais ce n’est pas le cas. Tout ça n’est que du signalement de vertu.

La réalité de la transition énergétique de M. Fitzgibbon et François Legault, c’est qu’on force les Québécois à consommer toujours plus d’électricité… Mais on leur dit du même souffle de réduire leur consommation. Allez savoir ; ce paradoxe fera peut-être du sens pour se sauver la face pendant quelques années, mais au bout du compte, les résultats seront les mêmes. En l’absence d’un véritable plan pour augmenter la production d’Hydro-Québec et dans l’entêtement maladif de l’électrification forcée et des bannissements des autres sources énergétiques, le Québec se dirige droit dans le mur.

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