Traduit de l’anglais. Éditorial publié le 13 août 2023 sur le site du National Post.
Le récent remaniement ministériel aurait dû être l’occasion pour les libéraux de revoir leurs priorités et d’agir sur les questions qui affectent la vie des Canadiens, notamment la criminalité. Malheureusement, alors que notre nouveau ministre de la Justice, Arif Virani, s’engageait à lutter contre le sentiment d’insécurité croissant des Canadiens, il a minimisé le problème, déclarant qu’il était « peu probable » que la criminalité devienne un problème plus important qu’auparavant.
Il est facile de considérer la série de meurtres très médiatisés et d’attaques au hasard dont on a été témoin récemment comme des preuves anecdotiques. C’est le cas des deux vidéos remarquables montrant des hommes se vidant de leur sang à la suite d’attaques au couteau, l’une à Vancouver et l’autre à Toronto. La première montre un père de famille agonisant devant un café ; la seconde montre un homme en sang fuyant son agresseur dans un wagon de métro en criant, avant d’être acculé (heureusement, il a survécu).
En soi, ces enregistrements graphiques ne sont que des preuves anecdotiques de l’augmentation de la criminalité et du désordre urbain. Les statistiques montrent cependant que chaque vidéo constitue la pointe d’un iceberg bien réel d’anarchie qui a commencé à croître après 2014.
Les données les plus récentes publiées par Statistique Canada révèlent un certain nombre de chiffres obsédants : le taux d’homicide a augmenté pour la quatrième année consécutive et est maintenant à son plus haut niveau depuis 1992 (en grande partie en raison de l’augmentation de la violence des gangs) ; le taux de crimes violents commis avec des armes à feu a augmenté pour la huitième année consécutive ; le nombre de victimes par habitant de crimes violents commis avec des armes à feu a augmenté de 60 % depuis 2013 ; la fraude est environ deux fois plus fréquente qu’il y a dix ans, et l’extorsion est cinq fois plus élevée.
Les taux de certains types de crimes violents (les agressions sexuelles graves, par exemple) et de crimes contre les biens sont restés stables, mais dans l’ensemble, les données montrent que le Canada est un endroit plus violent qu’il y a dix ans. Et dans de nombreuses villes, la situation devient intenable.
La forte hausse de la criminalité à Toronto met les habitants sur les dents : une enquête publiée au début de l’année par Abacus Data a montré que la criminalité était l’une des principales préoccupations des Torontois. Le système de transport en commun de la ville a connu une hausse spectaculaire de la criminalité, qui se traduit notamment par des agressions à l’arme blanche, des attaques en rafale, des incendies criminels et des détonations de feux d’artifice.
À Vancouver, la persistance des vols et de la violence a poussé certaines entreprises à abandonner complètement leurs activités. À Edmonton, les coups de couteau sont désormais fréquents aux arrêts de transport en commun ; les campements de sans-abri se multiplient si rapidement que la ville n’arrive même plus à évaluer les risques. Les rapports de Terre-Neuve – qui a connu l’une des plus fortes hausses de la criminalité l’année dernière – révèlent un sentiment croissant de peur et d’abandon parmi les habitants du centre-ville de St-John.
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Sous l’ancien premier ministre Stephen Harper, des lois ont été introduites afin de créer des peines minimales obligatoires pour des infractions spécifiques, de fixer démocratiquement des seuils pour les sanctions pénales et de rendre plus difficile pour les juges de condamner certains délinquants à l’assignation à résidence.
La Commission des libérations conditionnelles du Canada a bénéficié d’une plus grande latitude pour prendre en compte la gravité des actes d’un criminel lorsqu’elle décide d’accorder ou non une libération. La possibilité de gracier les délinquants graves a été supprimée. M. Harper a également facilité l’arrestation des délinquants qui semblaient ne pas respecter les conditions de leur libération et a rendu plus difficile la libération conditionnelle de ceux qui avaient commis plusieurs meurtres.
L’objectif général était d’empêcher les délinquants violents et récidivistes de se retrouver dans la rue et derrière les barreaux. La nécessité de ces mesures est aujourd’hui évidente, car les municipalités de tout le pays sont témoins d’un grand nombre de délits commis par un petit nombre de délinquants chroniques, tandis que les meurtres et autres actes de violence sont commis par des criminels en liberté sous caution ou en liberté d’office.
Bien que de nombreuses réformes de la justice pénale de l’ère Harper aient finalement été invalidées par les tribunaux, les libéraux de Trudeau sont toujours allés plus loin : ils ont introduit des lois pour abroger une série de peines minimales obligatoires ; ils ont demandé à la police et aux tribunaux de privilégier la libération plutôt que la détention ; ils ont demandé au Service correctionnel du Canada de placer les détenus dans « l’environnement le moins restrictif possible » ; et ils ont abrogé d’autres réformes conservatrices qui n’avaient pas été contestées par les tribunaux.
Au lieu de s’opposer à l’approche laxiste des tribunaux en matière de mise en liberté sous caution, les libéraux l’ont codifiée dans la loi. Au lieu de veiller à ce que les toxicomanes reçoivent le traitement dont ils ont besoin tout en les empêchant de nuire à autrui, ils ont autorisé la décriminalisation des drogues illicites – et même leur distribution gratuite, ce qui a alimenté le marché noir.
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