La CAQ est carrément en train de s’effondrer. De mémoire d’homme, une chute aussi vertigineuse n’est pas souvent arrivée. Même durant les pires moments de l’ère Charest, jamais ce premier ministre n’a fait autant de mécontents que la « coalition » de François Legault. Rien n’indique qu’ils pourront remonter la pente. Entre les cafouillages de Northvolt, les scandales qui éclaboussent à répétition le « super » ministre Pierre Fitzgibbon, et une communication défaillante, voici pourquoi la chute dans les abysses sera profonde pour un parti ayant touché le ciel.
François Legault a longtemps eu ce rôle de bon père de famille. Homme d’affaires, ministre reconnu pour son zèle sous le Parti Québécois, avec un humour « mononcle » facile, mais efficace, son deuxième mandat conduit son parti vers le précipice. On peut blâmer bien des choses de son premier mandat, notamment son recours abusif aux mesures arbitraires durant la pandémie, mais les Québécois ont quand même décidé de lui accorder un second mandat pour mettre en pratique ce qu’il a promis. Une bien grosse erreur.
Son premier mandat ayant été interrompu à l’hiver 2020 par la pandémie de Covid-19, les Québécois, du moins la majorité des électeurs ayant exercé leur droit de vote, ont décidé d’accorder une seconde chance au premier ministre, estimant que peut-être, il n’avait pas pu livrer la marchandise pour des raisons exceptionnelles. Or, cela fait bientôt deux longues années, et nous constatons collectivement à quel point lui et son équipe sont en perte de contrôle.
Le Journal de Montréal a révélé que Northvolt n’était pas une entreprise si modèle que ça. Nous apprenons en effet que l’entreprise suédoise ayant cumulé des pertes de 1,4 milliard de dollars en 2023, soit huit fois plus que l’année précédente. Le constructeur de véhicules Scania s’est plaint de la production famélique de Northvolt, qui selon eux entrave la livraison de leurs commandes.
En incluant les tractations concernant la vente du terrain de l’usine par des intérêts chinois pour dix fois sa valeur d’origine, nous assisterons probablement à l’une des plus importantes pertes de l’histoire du Québec pour les contribuables. Rien ne garantit la rentabilité de l’usine, si en plus les coûts s’étirent, on peut craindre un échec financier sans précédent. Pour un gouvernement que l’on espérait proche des cordons de la bourse, c’est une immense déception.
Le public n’est pas censé financer le privé, davantage dans une aventure aussi hasardeuse. Et encore moins pour une entreprise qui n’a pas de bases solides. Nous nous souvenons de l’incompétence des gestionnaires de la Caisse de dépôts et de placements pour les pertes de 40 milliards de dollars. Est-ce possible que la CAQ soit elle aussi responsable d’immenses pertes également? Seul l’avenir nous le dira.
Une autre démonstration de la perte de contrôle de la CAQ, ce sont les histoires douteuses de financement. Pierre Fitzgibbon qu’on ne peut pas « l’acheter pour 100$ » est impliqué dans plusieurs causes auprès de commissaires à l’éthique. Vous vous souvenez de l’époque pas si lointaine quand François Legault voulait « faire le ménage » en un « seul mandat »? Cela est bien loin. Malheureusement pour nous.
La CAQ ne demande rien de moins que l’on abolisse le financement populaire des partis politiques. Déjà que 75% du montant est déductible d’impôt, c’est 25$ par an que le citoyen verse réellement à un parti politique de son choix. Un choix que l’on souhaiterait garder dans une société libre. Pour un citoyen, cela est un droit de financer le parti de son choix. Non seulement cette mesure défavorisera les petits partis ayant eu peu de votes, mais cela pénalisera le favori, le Parti Québécois, qui a reçu beaucoup de moins de votes que la CAQ. Il y aura disproportion dans les moyens des partis politiques, donnant la part du lion à l’équipe François Legault. Quant au champion du financement populaire (le vrai), le Parti Québécois, il sera bien sûr défavorisé par cette formule de financement public selon le nombre de votes.
Il est encore trop tôt de faire un bilan de la CAQ, ce qui sera la mission des historiens et politologues. On peut néanmoins dire que la coalition de François Legault a touché les étoiles, pour plonger rapidement dans le précipice. Le choc sera brutal. Et rien n’indique un retour aux « belles années » de l’équipe François Legault.