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Élections de mi-mandat 2022 : de tsunami rouge à simple ondulation

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La vague rouge sur laquelle comptaient les partisans Républicains ne s’est pas concrétisée lors de ces élections de mi-mandat 2022. Du coup, les Démocrates adoptent une posture victorieuse, bien qu’ils soient destinés à perdre le contrôle de la Chambre des représentants. Faut-il pour autant y voir une défaite de la droite? À quels facteurs attribuer cette performance décevante?

On perçoit souvent le paysage politique états-unien en fonction de l’opposition binaire états bleus vs états rouges. Or, la division s’observe davantage entre villes et zones rurales. Les Démocrates viennent de gagner 13 des 38 circonscriptions congressionnelles du Texas [dont celles qui représentent Dallas, Houston et Austin]. 11 des 27 sièges de l’État de New York ont été remportés par des Républicains [dont 10 des 16 qui ne correspondent pas aux arrondissements de la ville de New York].

Par contre, un monde sépare d’une part: le Républicain Andrew Garbarino, élu dans Long Island (NY-2), qui a co-sponsorisé le projet de loi pro-LGBT Fairness for All Act et voté avec les Démocrates pour établir la Commission Nationale chargée d’enquêter sur les événements du 6 janvier 2021 ainsi que pour l’Infrastructure Investment and Jobs Act décrié par Trump, et d’autre part: la représentante conservatrice pro-Trump Marjorie Taylor Greene élue dans le nord-ouest de la Georgie (GA-14), critique du mouvement LGBT et désavouant le narratif d’urgence climatique.

Le clivage politique autour duquel s’articule la joute politique aux États-Unis ne longe pas la ligne de parti: il traverse carrément le Parti Républicain et donne lieu au bras de fer qui oppose le courant populiste MAGA/ America 1st représenté par Trump à l’establishment encore noyauté par des néo-conservateurs de l’ère Bush et des RINOs [« Républicains en nom seulement »].

Les deux factions républicaines se blâment mutuellement pour l’incapacité à prendre le contrôle du Sénat. Elles ont toutes deux objectivement raison, parce qu’une maison divisée contre elle-même tend à s’écrouler, et que les résultats indiquent un réel mitigé. Dans les endroits pivots, certains des candidats appuyés par Trump se sont fait battre. Par exemple: Dr. Oz en Pennsylvanie et Blake Master qui n’a pas réussi à battre l’astronaute devenu sénateur Mark Kelly dans l’Arizona. Ailleurs, d’autres l’ont remporté, comme l’écrivain J.D. Vance, élu sénateur dans l’Ohio et Ron Johnson, qui conserve son siège au Sénat pour le Wisconsin. Rien ne permet de conclure que l’endossement de Trump ait constitué soit une nuisance systématique ou un coup de baguette magique. Les forces et faiblesses des candidats ainsi que les contextes propres à chaque course sont à considérer.

Rien n’illustre mieux les manoeuvres de l’establishment Républicain pour nuire au camp MAGA que la course en Alaska, dans laquelle la sénatrice sortante républicaine Lisa Murkowsi affronte une autre républicaine: l’ancienne commissaire du Département de l’administration de l’Alaska Kelly Tshibaka, appuyée par Trump. Un comité d’action politique [Super PAC] nommé « Senate Leadership Fund » associé au leader de la minorité Républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a dépensé 5.5 millions de dollars US en annonces négatives ciblant Kelly Tshibaka, au détriment du financement de publicités pour appuyer Blake Masters en Arizona. C’est à croire que Mitch McConnell préférait laisser le Sénat aux Démocrates que d’y perdre l’appui de Lisa Murkowsi, une « modérée » ayant défendu la participation de Liz Cheney à la Commission Nationale du 6 janvier et n’ayant pas soutenu la nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour Suprême. Au moment d’écrire ce billet, Tshibaka mène par 1.4% avec 80% du vote dépouillé. Son élection ne changerait rien à la composition du Sénat, mais constituerait un victoire morale significative pour le camp MAGA.

L’avortement s’est parallèlement fait inviter dans la campagne. Moins de 3 mois après que le renversement de Roe v. Wade par la Cour Suprême ait renvoyé la tâche de gérer le dossier aux états, le sénateur Républicain Lindsay Graham a proposé un projet de loi visant à interdire nationalement tout avortement au delà de 15 semaines de grossesse. La frange la plus socialement conservatrice de l’électorat, momentanément contentée par le jugement, n’en demandait pas tant. Il s’agit d’une manoeuvre au timing particulièrement hasardeux, alors que les Démocrates faisaient de l’avortement leur cri de ralliement. Lindsay Graham leur a ainsi offert un thème de campagne sur un plateau d’argent, alors qu’ils n’avaient rien d’autre que « MAGA =  les méchants ». Par contre, l’irruption de cet enjeu a pu influencer nombre d’électeurs enregistrés comme indépendants à voter Démocrate en se pinçant le nez, ou à ne pas se rendre aux urnes – juste assez pour changer la donne.

Au delà des législations adoptées en chambre et de leurs applications dans le concret, la politique est portée par le ressenti et les émotions. À cet égard, la principale perdante de ces élections, c’est l’Amérique profonde porteuse du populisme trumpien, celle dont les foules scandent « Let’s Go Brandon » dans les stades et que les médias de masse dénigrent au quotidien. Le résultat mitigé l’a privée de l’exaltation du grand moment de revanche morale pour lequel elle salivait, et que tous les indicateurs lui promettaient: impopularité du président, inflation galopante, opposition populaire croissante aux dérives d’un wokisme appuyé par le parti au pouvoir.

La mouvance MAGA est également perdante parce que la modeste performance de ses candidats freine son élan vers l’élection présidentielle de 2024, vis-à-vis du camp Démocrate, mais d’abord face à ses adversaires à l’interne. Loin d’être vaincue d’avance, elle ne se lance toutefois pas dans la course à l’investiture Républicaine avec la position de force escomptée. La nomination de Trump ou d’un autre candidat populiste s’annonce plus difficile à sécuriser.

Ayant craint le déferlement d’un véritable tsunami MAGA, les néo-conservateurs et RINOs de l’establishment Républicain peuvent pousser un soupir de soulagement. Ils sortent de ce cycle électoral revigorés dans leur combat pour le contrôle du parti. Ce soulagement est certainement partagé par l’état profond états-unien et toutes les institutions mondialistes, qui craignent la montée du populisme comme la peste. Sans l’obtention des deux chambres par un Parti Républicain sous emprise populiste, c’est le statu quo qui est sorti gagnant.

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