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Énergie : l’ambitieuse négligence de François Legault

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Lors de son discours d’ouverture de la nouvelle session parlementaire à Québec, François Legault a fait de l’énergie un enjeu incontournable. S’affirmant emballé par le « chantier gigantesque » qu’offre la lutte aux changements climatiques, le premier ministre récemment réélu persiste à traiter la question sous l’angle de la transition énergétique. Une position qui, quoique louable et ayant l’avantage de blanchir sa réputation à gauche, fait sourciller en une époque de crise énergétique sans précédent.

Le Québec à risque de pénurie énergétique

François Legault a raison ; le Québec, depuis longtemps extrêmement confortable d’un point de vue énergétique, doit désormais se remettre au travail pour éviter de tomber en pénurie dans les prochaines années.

L’augmentation de la population, l’électrification des transports, la conversion de bâtiments au chauffage électrique et une multitude d’industries de pointe telles que la production d’hydrogène ou les centres de données pèseront de plus en plus sur notre réseau, au risque de le faire surcharger.

En septembre dernier, Radio-Canada évaluait que ce serait la fin des surplus d’électricité dès 2027. Et cette pénurie ira en s’accentuant au moins jusqu’en 2029, à moins d’une initiative politique radicale.

Et c’est sans prendre en compte le portrait général de la situation énergétique québécoise ; s’il est vrai qu’environ 94% de nos besoins en électricité sont comblés par nos centrales hydroélectriques, il faut souligner que l’électricité ne constitue que 49,3% de nos besoins énergétiques, et qu’au total, en prenant en compte les hydrocarbures, nous importons autour de 55% de notre énergie.  

C’est donc dire que nous sommes fortement dépendants de sources extérieures d’un point de vue énergétique. Ces sources sont aussi sujettes à des tarissements ponctuels et les éventuelles pénuries en électricité pourraient s’avérer tout à fait désastreuses.

Faire passer la transition avant la sécurité?

Dans ce contexte de relative urgence, avec des exemples de catastrophes outre-mer qui font les manchettes à chaque semaine, le plan de François Legault, qui laisse très peu de place au débat, peut laisser songeur.

D’abord, il insiste sur la nécessité de la transition énergétique avant celle de la sécurité énergétique ; une posture qui peut littéralement causer l’inverse de l’effet recherché – comme nous le démontre l’Allemagne depuis quelque temps, qui doit renouer de force avec le charbon.  

Ensuite, cette vision strictement écologiste pousse à des réflexions à peine croyables, comme celle que l’on devrait « avant tout miser sur l’efficacité et la sobriété énergétique, puis sur l’énergie éolienne ».

Nous produisons aujourd’hui 207 TwH et devrons en produire 100 de plus d’ici 2050, et les premiers pas proposés sont ceux de se serrer la ceinture et de prioriser une forme de production d’électricité intermittente et plus que limitée?

Évidemment, le véritable plan de Legault est de construire des barrages, mais tout ça donne pratiquement l’impression qu’il n’offre que des alternatives bidons pour forcer cette unique option.

Il rejette d’entrée de jeu le nucléaire et bannit tout nouveau développement dans le secteur des hydrocarbures… évidemment que les éoliennes ne suffiront pas et qu’il faudra construire des barrages!

Or en ces temps d’insécurité énergétique, est-ce réellement le temps de faire la fine bouche et n’imposer qu’une seule avenue possible? Le premier ministre affirme d’ailleurs qu’il faudra se décider d’ici 2026… Un an avant la fin des surplus! Et la dernière année de son mandat! C’est fou, toutes ces coïncidences!

Il serait extrêmement dommageable pour le Québec que monsieur Legault fasse de la politique avec cet enjeu et refuse d’entendre les nombreuses autres alternatives pour parfaire le plus rapidement possible notre indépendance énergétique. Nous sommes en situation d’urgence ; il est minuit moins une, et pourtant, on semble nous vendre des échéanciers sur le très long terme et des utopies vertes.

Le Québec encore dans une bulle

Certains diront que ce n’est pas une raison mettre notre environnement à risque, et ils ont raison. Legault a d’ailleurs remis les points sur les i en ce qui a trait à notre empreinte environnementale qui est, sommes toutes, très enviable. En effet, contrairement aux 18 tonnes de CO2 annuelles par habitants aux États-Unis, les Québécois n’en produisent que 9.

Cela fait dire au premier ministre que nous devons être « ambitieux sans être dogmatique ».

Or il rappelle aussi qu’on fait moins bien que les européens, par exemple au Royaume-Uni, qui n’en produisent que 4,95 tonnes. Une réflexion qui pousse à se demander si le Québec est véritablement capable de mesurer le pouls du reste du monde, où s’il est enfermé dans une bulle.

D’abord il est plutôt normal que les européens produisent moins de CO2, considérant qu’ils habitent un territoire beaucoup plus limité et densifié, disposant d’un réseau ferroviaire extrêmement efficace. Après tout, le Royaume-Uni n’est pas plus gros que les provinces atlantiques pour une population 29x plus élevée… Et malgré tous les développements en transports qu’on pourra faire au Canada, nous ne serons jamais capables d’atteindre une rentabilité justifiant un réseau extensif de style européen.

De plus, il faudrait quand même savoir de quand datent ces statistiques ; prennent-elles en compte le retour au charbon, au chauffage au bois et même au chauffage obtenu par l’incinération des ordures ménagères en Europe de l’Est, là où l’espérance de vie est en chute libre? On peut sérieusement douter que le Québec fasse moins bien que l’Europe en ce moment, et c’est un bon avertissement de ce qui pourrait nous arriver si nous sommes trop difficiles d’un point de vue énergétique.

Bref, il est temps que le Québec sorte de sa bulle, à se croire parfait et strictement destiné à une perfection utopiste, et qu’il commence à travailler sur son indépendance énergétique en n’excluant aucune piste pour s’assurer que la sécurité prévale sur les idéaux de la transition verte.

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