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Énergir : entre capitulation totale et auto-sabotage

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La capitulation complète d’Énergir face aux objectifs de transition énergétique gouvernementaux est probablement l’une des plus curieuses histoires dans l’histoire du capitalisme. La compagnie de distribution gazière semble complètement résignée à voir son marché disparaître et ses tarifs augmenter à des niveaux totalement dissuasifs pour le reste de ses clients. Ses communications publiques semblent complètement indifférentes à la chute imminente de ce qui fait son pain et son beurre.

Notons qu’étant possédé à 80,9% par la Caisse de dépôt et placements et à 19,1% par la FTQ, ça veut dire que c’est avec l’argent des contribuables et celles de centaines de milliers de syndiqués qu’elle joue.

Avez-vous déjà vu une compagnie annoncer de manière aussi désinvolte qu’elle perdrait 50% de son volume d’affaires dans les prochaines années et que ça ferait doubler les prix pour leurs clients restants? On parle ici du secteur résidentiel et commercial, qui forme la moitié de ses consommateurs de gaz naturel. L’autre moité, c’est le secteur industriel à qui on dit essentiellement « tant pis! Vos tarifs vont exploser… dealer avec ».

Non seulement on prévoit une chute drastique de ses consommateurs dans le secteur résidentiel et commercial à cause des éventuels bannissements du gaz naturel partout au Québec, mais on se fixe des objectifs pour augmenter la part de gaz naturel renouvelable (GNR) dans l’offre d’approvisionnement qui, de leurs aveux directs, coûtera « beaucoup plus cher ». En effet, le GNR coûte sept fois plus cher que le gaz naturel conventionnel!

On a donc deux tendances claires qui indique que les prix de l’entreprise vont devenir tout à fait dissuasifs. À ce stade, pourquoi vouloir verdir leur gaz s’ils savent que la fin est imminente?

Le secteur industriel est pourtant très clair : malgré la recherche d’alternatives, une bonne part des industries auront encore besoin du gaz naturel pour encore 40 à 50 ans. C’est une chose de convertir du chauffage résidentiel à l’électrique, mais une usine ne peut se revirer sur un dix sous de la même manière.

Et même pour le résidentiel, Hydro-Québec est tellement dans une mauvaise posture avec le tarissement de ses surplus qu’elle priorise encore la biénergie et le recours au gaz naturel en périodes de pointe. Comment peut-elle accepter un tel auto-sabotage de la part d’Énergir, qui possède un monopole sur la distribution au Québec?

Les communications d’Énergir sont lunaires… Tout semble s’écrouler autour d’eux et ils ne présentent pas une once d’inquiétude ou d’intérêt pour les préoccupations de leurs clients. On aurait tendance à croire qu’une entreprise se battrait un peu plus fort pour sauver son marché, mais non. C’est à croire que des écolos ont pris le contrôle d’une compagnie de gaz pour la saboter de l’intérieur. C’est un vrai suicide.

C’est tellement bizarre que même le représentant de Greenpeace au Canada, Patrick Bonin, – qui se réjouit de la sortie du gaz – s’inquiète de l’argent que pourrait perdre la Caisse de dépôt : « Le modèle d’affaires d’Énergir est clairement problématique et la Caisse de dépôt devrait s’en préoccuper. » 

Pouvez-vous croire ça? Même Greenpeace comprend le problème!

Bon, cela étant dit, ce n’est pas Énergir en entier qui est en train de s’écrouler, mais seulement son marché de gaz naturel. L’entreprise a effectivement élargi ses activités, notamment dans le domaine des énergies renouvelables. Elle possède Green Mountain Power, une compagnie du Vermont spécialisé dans la distribution d’énergies vertes. Elle a aussi acheté Standard Solar, qui œuvre dans le photovoltaïque et les technologies solaires. Elle possède aussi des parts dans les parcs éoliens de la Seigneurie de Beaupré. Toutes ces expansions font en sorte qu’elle continue de se montrer confiante auprès de ses investisseurs. Mais la distribution de gaz demeure son principal produit.

Certains diront que c’est futé de sa part de reconcentrer ses activités dans les énergies vertes, mais de là à laisser le marché du gaz s’écrouler? Ça demeure une étrangeté dans le domaine des affaires. On ne peut s’empêcher d’y voir les effets des normes ESG, auxquelles la Caisse de dépôt et de placement souscrit, et qui lui fait perdre des fortunes sur le dos des contribuables.

D’ailleurs, cette nouvelle réalité, où des entreprises sont prêtes à se sacrifier pour le dogme de la transition, devraient faire changer un peu leurs discours aux Greta Thunberg de ce monde, qui persistent à dire que les politiciens et les entreprises du grand capital « ne font rien » pour « sauver la planète ». Dans le fait, ils en font tellement en ce moment qu’ils sont prêts à sacrifier notre sécurité énergétique et l’argent des contribuables! Faut le faire!

Dans un contexte de pénurie énergétique annoncée, on commence à avoir sérieusement besoin d’un vrai leadership qui ne passe pas son temps à sacrifier la population et son développement économique sur l’autel de la transition.

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