La menace de grève chez Postes Canada fait ressurgir une question inconfortable : devons-nous permettre à la société d’État de poursuivre ses activités comme avant, ou faut-il la réformer – voire l’abolir – ce que certains considèrent comme le symbole d’une époque révolue ?
Nous sommes en 2025. La plupart d’entre nous reçoivent leurs factures en ligne, s’ils n’ont pas tout simplement activé les prélèvements automatiques. On retrouve dans notre boîte aux lettres des publicités non sollicitées, le mot du député, des factures (si on a oublié de les demander en ligne). Mais sinon, qu’est-ce qui pourrait encore égayer un peu nos boîtes aux lettres ?
La communication papier est désormais marginale, réservée aux artistes ou aux grands événements. Les cartes postales sont le symbole révolu d’une époque où un simple voyage à Paris prenait des airs de pèlerinage. Mais en 2025, sommes-nous aussi dépendants du courrier papier qu’il y a 30 ans ? Pas vraiment.
Il faut dire qu’en 30 ans, notre mode de vie a radicalement changé. Nous avons commencé par le courriel, pour ensuite nous tourner vers les messageries instantanées. Les appels sont bien souvent gratuits, tout comme la possibilité de donner des nouvelles à ses proches, n’importe quand, n’importe où. La poste, elle, n’a pas vraiment évolué.
Postes Canada est bien souvent un mauvais distributeur de publicités non sollicitées. Des circulaires brèves, ayant remplacé le défunt Publisac, envahissent nos boîtes aux lettres. Quant aux services offerts, on ne peut pas dire qu’ils soient forcément accueillants ou efficaces. Les bureaux de poste ont l’apparence d’un service gouvernemental figé dans le passé, dans les années 1990.
Et la livraison de colis ? Tout simplement hors de prix au Canada. Même si le coût des envois a augmenté partout dans le monde, peu de pays affichent des tarifs aussi élevés que ceux du Canada pour l’envoi de simples colis. Des colis qui, bien souvent, sont livrés gratuitement par les services d’Amazon ou leurs sous-traitants.
Faut-il pour autant éliminer le service postal canadien ? Il faut reconnaître que le courrier papier ne disparaîtra pas totalement, en tout cas pas avant un certain temps. Faut-il réduire la distribution du courrier à trois jours par semaine ? Cela pourrait être une possibilité. Quoi qu’il en soit, l’entreprise de la Couronne est largement dépassée par le web et ses nombreux concurrents.
La belle époque où l’on pouvait écrire au Père Noël, celle des collectionneurs de timbres, des boîtes aux lettres emblématiques qui donnaient un sentiment d’appartenance au pays, est révolue. Nous vivons dans une société où tout est si rapide, instantané même. Postes Canada vit comme si le monde s’était arrêté en 1995. Il lui faudra un jour évoluer, ou bien disparaître. C’est la triste réalité de la vie.