Le Parti conservateur du Québec a déposé mercredi un mémoire au Comité de sages sur l’identité de genre, mis sur pied par le gouvernement Legault en décembre dernier. Dans celui-ci, il propose de mieux encadrer les traitements et les chirurgies liées aux transitions de genre chez les jeunes mineurs et remettre de l’avant l’importance de l’autorité parentale.
Depuis des mois, des débats au sujet des transitions de genre chez les jeunes font rage partout au Canada. Ceux-ci se concentrent surtout autour du rôle des parents et de l’âge à laquelle un mineur peut consentir à des traitements hormonaux ou des chirurgies.
D’un côté, il y a ceux qui affirment que toute entrave à des traitements précoces en la matière serait une infraction aux droits des personnes trans et accentuerait leur détresse psychologique. On argue qu’il est essentiel de laisser les mineurs consentir à des traitements le plus rapidement possible, et ce, même contre l’avis de leurs parents.
De l’autre, il y a ceux qui s’inquiètent qu’on retire l’autorité parentale sur une question déterminante dans la vie de leur enfant. On considère que le droit des mineurs à consentir à des soins de santé sans accord parental à partir de 14 ans ne devrait pas s’appliquer pour les cas de transition, puisque c’est un âge sujet à beaucoup de questionnements et de remises en questions – et particulièrement propice aux erreurs et aux influences extérieures.
De la sorte, le Parti conservateur du Québec recommande la prudence et propose d’interdire les traitements chirurgicaux irréversibles pour les moins de 18 ans, mettre en place un protocole de recherche obligatoire pour accompagner les traitements hormonaux destinés aux mineurs et exiger le consentement parental pour prescrire des bloqueurs d’hormones avant 16 ans.
Le parti voudrait aussi limiter le nombre de professionnels autorisés à prescrire ce genre de traitement pour les moins de 18 ans, étant donné qu’il ne s’agit pas de soins de santé standard, mais plutôt de cas exceptionnels nécessitant un suivi rigoureux.
En bref, loin de vouloir faire reculer le droit des trans, les propositions du Parti conservateur visent surtout à mettre en place de meilleurs garde-fous et offrir un meilleur soutien aux jeunes qui transitionnent. On cherche à limiter les risques que des jeunes se lancent dans des opérations radicales telles que la mastectomie et en viennent à le regretter trop tard. Et l’établissement d’un protocole de recherche pour suivre les jeunes assurerait qu’on fasse des choix plus éclairés sur un sujet qui ne semble pas faire consensus dans la communauté scientifique.
Ironiquement, les conservateurs se sont carrément inspirés du « modèle scandinave » – qui campe habituellement plus à gauche – pour élaborer leurs recommandations. La Suède, qui était pionnière en la matière, a effectivement dû restreindre l’accès aux traitements ces dernières années en raison des préoccupations liées à l’augmentation trop rapide des cas allégué de dysphorie de genre.
Mais surtout, il s’agit de replacer le parent au centre de l’enjeu et réaffirmer son droit de choisir ce qui est le mieux pour son enfant. Il y a tant de cas où on considère les jeunes de 14 ans comme trop immatures pour prendre leurs propres décisions ; il ne fait aucun sens de les juger aptes à consentir à des traitements irréversibles de la sorte. D’autant plus que l’augmentation rapide des auto-diagnostics pour dysphorie de genre surpasse largement son occurrence naturelle depuis quelques années, ce qui fait croire à un phénomène de mode ou de nature idéologique auquel les jeunes sont particulièrement influençables.