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Face à Face TVA : un format de débat inadapté pour l’époque

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Je fais souvent la blague aux plus sportifs que les élections sont mes séries à moi. J’aime l’esprit de la joute qu’incarne la politique.

Mais voyant ce cirque télévisuel à la va-vite hier, je me suis demandé où est le sport oratoire là-dedans? L’art du débat, le vrai?

La raison pourquoi le débat est cacophonique est simple : le rythme imposé par le modérateur est trop rapide et les candidats ont tous l’impression d’être incapables d’expliquer réellement leurs idées.

Quand des interlocuteurs ont le temps, ils sont naturellement disposés à se laisser parler. Ça peut même carrément être utile… Qui n’a jamais aimé voir son adversaire de débat s’enfoncer longuement dans une idée parfaitement réfutable, simplement pour savourer le moment de le mettre K.O.?

Ça, c’est du débat.

Quand est-ce qu’on a pu voir ce genre de suspense durant le face à face? À la place, on a droit à un modérateur tout puissant et envahissant qui semble obsédé par la petite case horaire allouée à l’exercice.

Les gens de nos jours sont habitués aux podcasts. Certains épisodes des plus célèbres cumulent 10 heures de conversations. Les gens l’écoutent en partie, au complet, ou bien finissent par en écouter des extraits. Mais les gens l’écoutent. Et ils apprécient la fluidité des échanges que permet un long format.

Si ces chefs qu’on nous présente sont bel et bien des parlementaires aguerris et disciplinés, eh bien qu’ils en fassent la démonstration dans des joutes oratoires de plus longue durée. Qu’on sorte de la petite boite carrée des cases horaires télévisuelles et qu’on organise un vrai débat, une journée de débat, diantre.

Si les candidats disposent de tellement de temps pour débattre qu’ils en deviennent eux-mêmes blasés, soyez sûr qu’ils ne se couperont plus la parole!

Mais tant et aussi longtemps qu’on aura des débats animés par Pierre Bruno sur le rythme ridicule de la télé, on n’aura jamais vraiment de débat de substance au Québec. Ou en tout cas, pas aussi développés qu’ils ne pourraient l’être en notre ère 2.0.

Maintenant imaginez : de l’après-midi au soir, un débat continu, la nation entière qui écoute les cinq candidats, en streaming, à la radio, à la télé :

12h Introduction exhaustive des candidats, des partis et des plateformes.

13h Environnement

14h Qualité de vie

15h Économie

16h Pause

17h Santé

18h Famille

19h Éducation

20h Pause

21h Immigration

22h Langue

23h Identité

24h Fin des débats.

Je peux vous assurer que cette journée deviendrait un évènement incontournable dans la société québécoise et que les citoyens seraient beaucoup plus informés des différentes positions et plateformes des partis en lice.

Est-ce que ce serait éprouvant pour les candidats? Certainement et ce serait le but! On attendrait la reprise des débats pendant les pauses dans la même fébrilité qu’en attendant un deuxième round de boxe. L’exercice deviendrait réellement admirable.

En attendant, on a le format condensé et biaisé des grands médias, plus soucieux de ne pas empiéter sur des pubs ou des téléromans à l’eau de rose que d’offrir un vrai débat instructif pour l’avenir de la nation.

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