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Fête de l’Aïd: Montréal autorise la prière islamique dans un parc municipal

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Pour célébrer l’Aïd al-Adha, trois mosquées du nord de la ville de Montréal ont organisé un rassemblement islamique à l’extérieur, au parc des Hirondelles, dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. L’événement a débuté avec une prière prononcée à 6h45 du matin. L’Aïd al-Adha [qui se traduit par « fête du sacrifice »] est la plus importante fête du calendrier musulman et survient pendant le 12ème mois lunaire, au lendemain de la fin des rituels du Hajj [le pèlerinage à La Mecque].

La tenue d’une fête musulmane dans un parc municipal a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux. Nombreux considèrent que ce type d’événement ne devrait pas pouvoir se dérouler dans des espaces publics.

Pourtant, cette prière collective en plein air n’aurait pas pu avoir lieu sans le permis municipal octroyé par le conseil d’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Émilie Thuillier, la mairesse de l’arrondissement, a tenté de justifier la décision lors d’une entrevue accordée à Benoit Dutrizac.

La mairesse, qui est avec Projet Montréal, explique que le Festival Italiano, qui s’étale sur trois jours au mois d’août, se termine avec une messe catholique dans ce même parc, et que si on accorde un permis à une fête qui comporte un élément religieux chrétien, il faut aussi en donner un pour une fête musulmane. Elle explique aussi que l’octroi de permis pour des activités à caractère religieux précède son administration.

Quoi qu’il en soit, selon la page de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville du site de la ville de Montréal, les cérémonies religieuses figurent parmi les exemples d’événements non admissibles.

Comment expliquer que le Festival Italiano et la Fête de l’Aïd aient pu recevoir leurs permis? Le règlement indique que les événements doivent être gratuits, accessibles à l’ensemble de la population et à caractère festif, sportif, culturel, communautaire ou familial. Le Festival Italiano a peut-être obtenu un passe-droit pour tenir sa messe parce qu’il ne constitue pas, dans son ensemble, une cérémonie religieuse. Il s’agit d’un festival à caractère communautaire, et qui ne correspond pas exclusivement à une fête du calendrier chrétien non plus. Et, à partir du moment où l’arrondissement a permis une messe catholique dans ce parc, il devient difficile de s’opposer à une prière musulmane – surtout dans un régime diversitaire qui ferait tout pour ne pas se faire taxer d’islamophobie.

Pourquoi ce rassemblement a-t-il suscité autant de réactions? D’abord parce qu’il constitue un précédent. L’affirmation du fondamentalisme musulman dans l’espace public n’ira pas en s’estompant. À ceux qui seraient tentés de qualifier cette appréhension de réflexe xénophobe ou phobique, rappelons que le fondamentalisme n’est pas garant de la liberté de conscience, ni de la liberté d’expression. Il suffit de considérer le traitement réservé aux apostats dans les sociétés qui se trouvent sous son joug pour le comprendre.

La Fête de l’Aïd est non seulement communautaire, mais communautariste. Imaginons qu’une famille de déistes non confessionnels, des gens qui apprécient les célébrations religieuses mais qui n’adhèrent à aucune religion organisée spécifique, ait voulu se joindre à cette prière collective. D’abord, ils n’auraient pas tous pu prier côte-à-côte parce qu’il n’y a pas de mixité. Le père et le garçon auraient dû aller prier à l’avant avec les hommes, tandis que la mère et la fille auraient dû se rendre à l’arrière, dans la section réservée aux femmes. Auraient-elles même été admises dans la section pour femmes sans porter de voile? On peut se poser la question, car dans une vidéo balayant toute l’assistance, on ne remarque aucune femme qui ne porte pas le voile islamique. Par comparaison, cette même famille n’aurait pas été confrontée à ces cas de figure lors de la messe chrétienne.

Cette messe semble d’ailleurs être passée sous le radar. Sans vouloir justifier le poids deux mesures, on peut comprendre que dans une société d’héritage catholique sécularisée dont la tradition religieuse se perd, une célébration chrétienne dans un parc public indiffère davantage qu’elle n’indigne, malgré l’idéal laïc, et même si une frange de sa population est devenue carrément irréligieuse. Le laïcard le plus intransigeant s’inquiètera davantage d’une religion qui gagne en visibilité que de celle de la majorité historique, dont la société s’est libérée de l’emprise.

Cette prière collective musulmane dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville survient suite à deux autres prières en lieux publics: le 7 juin en plein centre-ville sur Sainte-Catherine et le 16 juin à la place du Canada. Il semblerait que celle en pleine rue ait été liée à une manifestation pro-palestinienne. Des prières islamiques ont effectivement été intégrées aux campements érigés par des militants pro-Palestiniens sur certains campus universitaires.

Montréal a connu des manifestations pour la Palestine depuis des décennies, mais l’incorporation de prières de rue constitue un phénomène nouveau. Pourquoi les sympathisants de la cause palestinienne devraient-ils obligatoirement assister, voire participer, à un rituel religieux?

Le fondamentalisme musulman semble parvenir à profiter de l’élan de sympathie envers la cause palestinienne pour faciliter sa propre acceptation sociale. Pourtant, entre l’empathie pour la population civile de Gaza et le cautionnement du fondamentalisme ici, il y a un monde. Ne serait-il pas possible d’appuyer un cessez-le-feu au Moyen-Orient sans pour autant banaliser l’islamisation des sociétés occidentales? Force est de constater que pour certains, l’irrationalité émotive a pris le dessus au détriment d’une capacité à faire la part des choses.

De s’opposer aux prières collectives dans les lieux publics est-il un signe d’islamophobie? C’est ce que soutiendront les bien-pensants soucieux de signaler leur ouverture à l’autre. Il y a pourtant également des personnes de culture musulmane au nombre de celles qui désapprouvent de ces prières. C’est le cas d’Ensaf Haidar, l’épouse de Raif Badawi, qui s’est prononcée sur X – et elle n’est pas la seule. Comme s’il fallait le rappeler, l’accusation d’islamophobie sert à intimider et à museler la critique du fondamentalisme et de sa volonté d’islamisation.

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