Les feux de forêts qui ont ravagé la petite ville de Jasper, en Alberta, ont choqué tout le Canada dans les dernières semaines. Dans un réflex devenu carrément pavlovien, on a rapidement pointé du doigt les changements climatiques qui, dit-on, rendent ce genre de catastrophe plus probable. Or, dans le cas de la gestion forestière, de nombreux autres facteurs plus immédiats peuvent entrer en ligne de compte. Dans ce cas particulier, de nombreux avertissements avaient été faits dans les dernières années au sujet d’une « catastrophe » potentielle à Jasper.
En effet, nous apprenions via le Western Standard cette fin de semaine qu’en 2022, les responsables de la gestion des feux de forêts au Canada avaient alerté Steven Guilbeault, le ministre de l’Environnement et des Changements climatiques, sur le fait que Parcs Canada avait failli à prendre les précautions nécessaires pour protéger le parc national de Jasper. Suite à cela, Parcs Canada avait reconnu ne pas avoir mené à bien les feux préventifs nécessaires.
Le problème était même connu depuis plus longtemps : dès 2018, des experts en foresterie de Colombie-Britannique prévenaient le public que Jasper était « dû pour des feux de forêts catastrophiques » en raison d’une large présence d’arbres morts dans les forêts du parc.
C’est en raison d’une infestation massive de charançons parasites s’en prenant aux pins blancs de la région que Jasper s’est retrouvé avec une telle quantité d’arbres morts. En effet, environ 44% des pins blancs de Jasper étaient morts lorsque Guilbeault fut informé des lacunes de Parc Canada.
Des travaux d’élagage mécanique et un certain ménage avait été fait, mais aucun des feux contrôlés recommandés n’avaient alors été entrepris. Les gestionnaires du parc affirmaient donc l’intention de faire des « brûlages ciblés au moins deux fois au cinq ans » à l’avenir et qu’il serait nécessaire de planter plus de 520 000 nouveaux arbres au total.
Malgré tout, en réaction à la récente catastrophe, les responsables chez Parcs Canada se sont défendus d’avoir été négligents et ont maintenu fermement qu’ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour prévenir cette catastrophe. Steven Guilbeault persiste à dire que les changements climatiques sont les principaux coupables, et le maire de Jasper vante carrément la gestion du feu par Parcs Canada, affirmant qu’il s’agit d’un « succès » puisque 70% de la ville a été protégée.