L’Agence du Revenu du Canada (ARC) s’est sentie obligé de fermer la section commentaire sous deux publications Facebook diffusées le 1er juin, qui évoquent la Fierté LGBTQ+. Dans les commentaires, de nombreux internautes avaient d’ailleurs imploré l’ARC de modérer les réponses, nombreuses étant jugées homophobes, intolérantes ou haineuses.
L’une des publications concerne spécifiquement la mise à jour des renseignements personnels auprès de l’ARC, comme le changement de nom. Elle est illustrée par une photo montrant deux hommes d’âge mur, le front de l’un s’appuyant sur la joue de l’autre, qu’on s’imagine formant un couple marié. Sinon, quel serait le rapport avec le changement de nom? Au Canada, un conjoint homosexuel peut tout à fait prendre le nom de l’autre, au même titre qu’un conjoint hétérosexuel. La procédure et la portée juridique dépendent de la province ou du territoire, mais ce n’est pas plus difficile pour les mariés homosexuels.
L’autre publication porte sur les allocations pour enfants : « Votre famille s’agrandit? Félicitations! ». Pour l’illustrer, l’ARC a choisi la photo d’un couple d’hommes homosexuels avec un bébé – un couple de surcroît biracial, « diversité » oblige. C’est cette publication qui a suscité le plus de réactions, 1700 sur la page française et 555 sur l’anglaise. À noter que les publications ont moins attiré l’attention sur X, et que les commentaires-réponses n’y sont pas restreints au moment d’écrire ces lignes.
L’intention progressiste de l’ARC est réaffirmée par la description des photos intégrée aux statuts : « Deux personnes souriantes qui portent des tenues de soirée sont debout à l’extérieur. Des arbres se trouvent derrière elles » et « Deux personnes qui sont côte à côte sourient à un bébé que l’une d’elles tient dans ses bras ». Leur but étant vraisemblablement de signifier qu’il ne faut jamais discriminer car toutes les personnes sont égales et que toutes les familles s’équivalent.
« Qui a accouché de l’enfant? », peut-on lire dans les commentaires. Aussi : « Ça me lève le coeur voir ca » et « Pourquoi la publicité n’est pas avec 2 drag queens tant qu’à faire? ». De telles réponses ont suscité beaucoup d’indignation : « Autant d homophobes ici : on est encore rendu là … ça fait dur ! » déplore une internaute. Un autre fait état « d’autant de haine ». Bien qu’il soit désormais impossible de répondre à la publication, aucun commentaire ne semble avoir été supprimé. Ceci dit, les commentaires qui dénoncent « l’homophobie » et la « haine » gagnent le ratio.
Qu’en est-il des réactions adverses qui sont taxées d’homophobie? Les deux statuts de l’ARC publicisent le mariage homosexuel et soit l’adoption par conjoints de même sexe ou la gestation pour autrui (GPA). Il est possible pour quelqu’un de s’opposer aux pratiques sociales et aux politiques publiques soulignées dans ces publications sans éprouver d’aversion pour les personnes homosexuelles. Il y a d’ailleurs des homosexuels qui s’opposent vertement à la GPA, et aussi d’autres qui n’appuient pas particulièrement le mariage gai. Une bonification de l’union civile aurait suffit à certains d’entre eux. Quoi qu’il en soit, il y a homophobie plus grave que la simple opposition au mariage. Un exemple : la lapidation.
Les opposants à l’adoption par des couples de même sexe avancent que l’enfant aurait besoin d’un modèle parental composé d’un père et d’une mère pour un développement équilibré. Ils craignent que l’absence d’un parent de même sexe ou de sexe opposé nuise à l’épanouissement affectif, social ou psychologique de l’enfant et estiment que la famille « classique » reste le cadre idéal pour élever un enfant. Les progressistes argueront fallacieusement qu’un couple de parents homosexuels vaut mieux qu’une mère junkie et un père alcoolique. Il faut comparer des pommes avec des pommes : des parents homosexuels pourraient tout aussi bien se révéler être des toxicomanes. Peut-on encore dire qu’à compétences égales, la famille classique hétérosexuelle constitue le modèle optimal?
Quant à la GPA, cette pratique peut priver l’enfant de la connaissance ou du lien avec sa mère biologique, voire questionner l’existence même d’une « mère » au sens traditionnel. Ils dénoncent également la marchandisation du corps des femmes, la réduction de la maternité à un service contractuel, ainsi que les risques de pressions sur des femmes vulnérables. Par ailleurs, les questions éthiques liées à la filiation, au consentement et aux conséquences psychologiques pour l’enfant sont au cœur des débats. Il n’y a absolument rien d’homophobe à rejeter la GPA.
Les sociétés occidentales contemporaines font preuve d’une ouverture inédite envers les minorités sexuelles, qui abouti même sur leur glorification. Un mois complet dédié à la Fierté LGBTQ+ constitue une saturation qui dépasse les bornes pour beaucoup de gens. Par comparaison, il y a une seule journée pour honorer les femmes, et une seule consacrées aux personnes handicapées. Surtout qu’il y a d’autres journées de reconnaissance ou de sensibilisation qui réfèrent aux diverses lettres de l’acronyme à d’autres moments durant l’année. Ainsi, on assiste davantage au rejet du « tout-LGBTQ+ » qu’à une recrudescence du sentiment homophobe.
L’omniprésence d’une militance qui cautionne l’envoi de drag queens pour lire des contes qui exposent la notion d’identité de genre aux enfants ne fait rien pour occasionner un gain de sympathie dans l’opinion publique. L’amalgame avec le wokisme et le TQ+ nuit aux homosexuels « ordinaires », bien que nombre d’entre eux refusent de le voir.
« C’est en lisant tous ces commentaires remplis de haine que je réalise à quel point le Mois de la Fierté est encore essentiel » estime une internaute. Elle a tout faux. D’abord, il n’y a qu’un infime nombre de commentaires qui expriment un dégoût. Sinon, le rejet de l’imposition du wokisme par une agence du gouvernement n’équivaut pas à de la « haine ». Ultimement, c’est précisément la surexposition médiatique des minorités sexuelles qui provoque ces réactions adverses. Ces groupes doivent prendre LEUR place, mais pas LA place. La solution n’est pas davantage de promotion LGBTQ+, qui n’entraînera qu’un retour de balancier. L’homosexualité n’a pas à être célébrée socialement par l’ensemble de la population : il faut viser un espace situé quelque part entre l’acceptation sociale et la simple tolérance.
L’ARC est chargée de l’administration fiscale et du versement de prestations sociales. Ce n’est pas le rôle de l’ARC de promouvoir « les droits des minorités sexuelles », et encore moins les dérives idéologiques soutenues par le mouvement LGBTQ+, telle que la GPA. Il est normal que des citoyens s’indignent face à une pareille propagande idéologique. Si plusieurs grandes entreprises américaines n’ont pas ressorti leurs logos arc-en-ciel en 2025, le gouvernement Carney est vraisemblablement demeuré fidèle à la promotion du wokisme des années Trudeau.