Le scandale de l’école Bedford a révélé l’intrusion du religieux dans une école publique de Côte-des-Neiges. Dans ce cas-ci, c’était l’Islam qui était inculqué de force aux enfants. Mais voilà, la boîte de Pandore est ouverte, et le Québec cherche des réponses face à la présence du religieux dans les écoles. François Legault doit cesser le financement aux écoles religieuses immédiatement. Voici pourquoi.
Au Québec, on a fait le choix collectif de la laïcité lors de la réforme Parent durant les années 60. Si les frères et les sœurs désiraient continuer à enseigner, ils devaient s’habiller comme n’importe qui d’autre. Et ils l’ont fait. Cela n’a pas accroché et globalement, nous avons un bon souvenir de l’école de cette période. La religion s’est peu à peu distanciée de l’école publique.
Par exemple, c’est sous un gouvernement péquiste que l’on a transformé les commissions scolaires catholiques et protestantes, sur des bases linguistiques. Les cours de religion ont fini par devenir le controversé Éthique et culture religieuse, qui sera finalement abandonné après de longues années de règne libéral. Ça, c’est pour la petite histoire de la laïcité scolaire au Québec.
Maintenant, nous savions par exemple que certaines écoles résistaient encore et toujours. On parle, ici, bien sûr, d’écoles catholiques traditionalistes, qui sont très marginales. Mais aussi de plusieurs écoles juives dans la région de Montréal. Les musulmans en ont probablement aussi, même s’ils sont enracinés depuis moins longtemps ici. Le Québec est la seule province à financer à 60% les écoles privées. En Ontario, aucun financement public n’est accordé aux écoles privées.
Surtout que bien souvent, les écoles privées sont choisies par des parents qui ont des moyens financiers supérieurs à la moyenne. Mais pourquoi François Legault ne souhaite pas ouvrir cette boîte de Pandore? C’est très simple. Il a peur des réactions communautaires. Celles-ci ne viendront pas des catholiques, qui accepteront les règles du gouvernement, mais davantage des communautés juives.
En effet, celles-ci sont blâmées depuis des années de ne pas respecter le programme du ministère de l’Éducation dans leurs écoles. Certaines écoles rabbiniques sont tellement en décalage avec la société moderne, que des élèves finissent leur scolarité en ayant une connaissance insuffisante du français et de l’anglais, le yiddish étant parfois la seule langue d’enseignement.
Québec Solidaire et les libéraux ont raison là-dessus : le financement des écoles religieuses doit cesser. Le Parti Québécois a sonné la charge, mais voilà qu’un seul parti s’y oppose : la CAQ. Pourtant, c’est bien sous le gouvernement Legault qu’a été votée la loi 21 sur la laïcité de l’État. C’est à ne rien y comprendre. D’un côté, la CAQ défend l’interdiction des signes religieux pour les fonctionnaires en position d’autorité, ce que ne font pas les libéraux, mais ils sont favorables au financement d’écoles privées religieuses par l’argent public.
Allez chercher une logique là-dedans. En cela, François Legault est égal à lui-même. Ses contradictions ne semblent pas le déranger. De même que l’incohérence. Le gouvernement doit cesser tout financement public des écoles privées religieuses. Il doit montrer l’exemple qu’une société laïque, cela s’applique à tout le monde. Pas seulement à ceux qui n’ont pas les moyens de se payer l’école privée.
Si des parents tiennent absolument à envoyer leurs enfants dans des écoles religieuses, cela devrait être permis, mais à leurs frais. Des fondations existent, ou bien ces écoles sont assez riches pour se passer de financement public. Quand même les libéraux et Québec Solidaire sont plus fermes que la CAQ sur la question, c’est qu’il y a un sérieux problème.