Louisianisation du Québec, ou bien que prendre plus de 50 000 immigrants permanents par année serait « suicidaire », François Legault nous a habitués à des formules chocs. Par contre, tout comme pour le troisième lien et d’autres promesses brisées, il vient d’être annoncé que ce sera 60 000 immigrants par année qui seront sélectionnés par Québec. Et ce sans compter les nombreux étudiants étrangers, les travailleurs « temporaires » qui viendront s’ajouter. Analyse d’un gouvernement soumis aux milieux affairistes contre le bien commun.
On dit du second mandat de François Legault qu’il est sans objectif. Sans vision. Avant de prendre le pouvoir, l’actuel premier ministre parlait du projet Saint-Laurent, de création d’emplois de « qualité ». Bien sûr, il y a eu la covid, et les Québécois ayant bon cœur, ils ont décidé de donner un second mandat avec une très forte majorité à la CAQ. Plusieurs ont dû se dire que Legault a « fait du mieux qu’il a pu » pour gérer une situation inédite dans l’histoire moderne. Malgré de nombreux abus.
On se souviendra de la dernière campagne électorale avec les attaques des libéraux et des solidaires contre François Legault. Qu’on accusait d’avoir une rhétorique xénophobe. Ce dernier a parlé de risque de Louisianisation pour le Québec, c’est-à-dire que le français finit par devenir un résidu folklorique dans les campagnes.
Par contre, on regrette déjà cette campagne, car les bottines ne suivent pas les babines. Dans un plan salué par le conseil du patronat, le premier ministre a annoncé que ce sera 60 000 immigrants par année qui seront sélectionnés par Québec. Et cela seulement pour les résidents « permanents ». Ce chiffre n’inclut pas les travailleurs « temporaires ». Nous savons très bien qu’après un certain temps, ceux-ci pourront obtenir la résidence permanente s’ils le souhaitent. Et éventuellement cela pourrait aller jusqu’à la citoyenneté canadienne.
Si pour les 60 000 résidents « permanents », le français sera « exigé » (mais encore), les exigences linguistiques seront modulées en fonction du type d’emploi, qu’il soit par exemple spécialisé ou manuel. Ceci ouvrant la voie à l’anglicisation encore plus rapide de nos milieux de travail. Plusieurs cas avérés de travailleurs philippins anglicisent des usines dans le nord du Québec. Dans des villages, autrement francophones à 95%.
C’est plus de 350 000 travailleurs « temporaires » qui sont venus pour les employeurs qui affirment constamment être en « pénurie de personnel ». Par contre, pas l’ombre d’une résorption du problème à l’horizon. Encore plus de travailleurs sont exigés. C’est d’ailleurs cet increvable Parti libéral du Québec qui a émis une critique de cette politique par la voix de Monsef Derraji, député de Nelligan. Lui-même affirme qu’il faut bien offrir des services à ces gens, les loger, les soigner. Ce qui est de plus en plus difficile actuellement.
Jean Charest a fait passer les seuils d’immigration de 35 000 à environ 50 000 par année dès son arrivée au pouvoir en 2003 pour pallier au problème de la « pénurie de personnel ». Cela fait donc 20 ans. Pourtant, quand nous regardons les chiffres, la population du Québec a augmenté de près d’un million de personnes depuis ce temps. Et ceci sans compter le détournement de l’entente Québec-Canada de 1991 par Ottawa avec les travailleurs « temporaires ».
Est-ce que l’on va un jour sortir de la crise de l’emploi? Celle annoncée depuis des décennies par les employeurs? On raconte que maintenant, être plongeur dans un restaurant rapporte autour de 20$ de l’heure. Les employeurs n’aiment pas quand ce sont les travailleurs qui ont le gros bout du bâton pour négocier leurs conditions de travail. C’est une des raisons pourquoi ils souhaitent recevoir tant d’immigrants. Car le libre marché c’est bien, mais seulement pour les employeurs. Il ne faudrait surtout pas que les travailleurs profitent du jeu de l’offre et de la demande! Car en plus de ne pas vouloir payer, les employeurs n’auront pas l’obligation d’automatiser la production. L’automatisation des usines en Allemagne est autour de 75%, environ 25% au Québec.
Le Québec a longtemps été un réservoir de main-d’œuvre à bon marché qui mettait au chômage du jour au lendemain des centaines de personnes à la fois. François Legault, qui n’est qu’un pion des Desmarais et de McKinsey, trahit ses promesses les unes après les autres. Les Québécois méritent mieux que la corruption de la CAQ.