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Frédéric Lacroix : «On a complètement perdu le contrôle de notre immigration»

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Selon Frédéric Lacroix, chercheur indépendant sur la question de la langue, on assiste à une anglicisation du Québec à cause de la hausse fulgurante de l’immigration temporaire. Entretien.

Simon Leduc : Le commissaire à la langue française Benoit Dubreuil a écrit un rapport sur la question de l’immigration temporaire. Quels sont ses principaux constats?

Frédéric Lacroix : «Il y a deux parties dans cette étude. Tout d’abord, il a fait un portrait quantitatif sur l’immigration temporaire. M. Dubreuil a rassemblé toutes les données disponibles afin de nous donner un portrait de la situation qu’on ne trouve pas ailleurs.

Ensuite, il voulait savoir si c’est possible de franciser les immigrants temporaires et estimer les coûts de cette francisation pour le gouvernement. Il faut savoir que le tiers des 528 000 immigrants temporaires ne connait pas le français. Il essaie de cadrer rationnellement le débat sur la francisation. Le gouvernement du Québec n’a jamais fait un tel exercice.»

Est-ce que l’immigration temporaire est en hausse au Québec?

Frédéric Lacroix : «De 2016 à 2023, le nombre d’immigrants temporaires est passé 86 065 à 528 034. On a perdu le contrôle de l’immigration temporaire au Québec. Auparavant, ce type d’immigration était négligeable et c’était à peine considéré dans la Charte de la langue française. On avait donné la possibilité aux immigrants temporaires de fréquenter l’école anglaise, car il y en avait très peu au Québec à cette époque. Dans les années 70, il y avait 20 000 immigrants temporaires en tout. On a réellement quitté cette période de façon spectaculaire. C’est rendu le facteur dominant dans ce dossier. Il faut savoir que c’est une immigration que le Québec ne contrôle que très peu.»

La société québécoise réussit-elle à franciser l’immigration temporaire?

Frédéric Lacroix : «Les immigrants temporaires représentent 6% de la population du Québec et c’est très significatif. Il y a le tiers de ce 6% qui ne connait pas la langue de Molière. Cela veut dire que l’immigration temporaire est rendue le facteur d’anglicisation le plus important au Québec. La proportion des immigrants temporaires qui ne connait pas le français a augmenté de 52% depuis 2011. La proportion de gens qui travaillent en anglais a augmenté de 41%. Donc, on peut observer une anglicisation sans précédent du Québec par le biais de l’immigration temporaire. Ce qu’on vit actuellement, c’est une rupture totale avec l’histoire du Québec, en excluant la Conquête britannique.»

Comment définit-on l’immigration temporaire?


Frédéric Lacroix : «Ce sont des gens qui ont un permis de travail ou d’étude. Il y a différentes classes de permis de travail. C’est un programme où les personnes obtiennent un permis pour venir travailler ou étudier au Québec. Les permis sont renouvelables. Il y a une forte proportion d’immigrants temporaires qui désire s’installer de façon permanente au Québec. Alors, c’est une route vers l’immigration permanente. C’est environ la moitié qui se convertit en immigration permanente.

C’est un nombre important de gens qui attend la résidence permanente. À mes yeux, c’est une voie détournée qu’Ottawa a pris pour forcer le Québec à hausser ses seuils d’immigration.

Il ne faut pas oublier que le premier ministre Legault avait dit qu’il y aurait une louisianisation du Québec si on continuait d’accueillir 50 000 immigrants par année. Avec la refonte de la politique d’immigration du gouvernement Legault, le nombre d’immigrants permanents est rendu à 65 000 par année. Donc, le Québec est en train de se «louisianiser» selon les propos du premier ministre du Québec. On a complètement perdu le contrôle de notre immigration.

La politique d’immigration de Justin Trudeau est totalement idéologique. C’est un partisan du multiculturalisme où l’immigration de masse est souhaitable. C’est un homme qui se fout des effets néfastes de sa politique sur la crise du logement et du déclin du fait français au Québec. Le gouvernement Trudeau est complètement irresponsable dans ce dossier.»

Quelles mesures Québec pourraient mettre en place pour freiner le déclin du français au Québec?

Frédéric Lacroix : «Tout d’abord, il faut baisser drastiquement les seuils d’immigration. On assiste à un effondrement de nos services sociaux. On n’est même plus capable de loger les nouveaux arrivants, de les éduquer et de les soigner. Il faut ramener les seuils d’immigration à un niveau raisonnable. L’immigration de masse est le premier facteur d’anglicisation du Québec.

Ensuite, dans mon livre Pourquoi la Loi 101 est un échec, j’énumère des mesures concrètes pour freiner l’anglicisation de notre province  comme imposer la loi 101 au cégep et à l’université. Il faut mettre en place des mesures pour diminuer l’anglicisation, qui provient de l’extérieur, et redresser la dynamique linguistique à l’interne de façon plus favorable au
français.

Il faut que le Québec reprenne le contrôle de son immigration. Mais, c’est difficile de faire cela car le Québec est une province. Ce dernier ne dispose de peu de levier dans ce domaine.

François Legault a proposé un référendum sur l’immigration. Ce n’était pas une proposition très sérieuse de sa part et elle a été reprise par le chef du PQ PSPP la semaine dernière. Je pense que c’est une bonne idée de forcer la main d’Ottawa afin de tenter de reprendre les pouvoirs en matière d’immigration.»

Si le Québec continue sur la même voie sur l’immigration, le fait français pourrait-il disparaître dans quelques décennies?

Frédéric Lacroix : «On est en train de vivre le déclin du fait français au Québec. On assiste à un effondrement de la vitalité du français au Québec. Selon une étude de l’OQLF sur la langue de travail, qui a été publiée la semaine passée, les jeunes préfèrent travailler en français d’une façon beaucoup moins importante que les plus vieux. Essentiellement, quand les plus âgés vont prendre leur retraite, la proportion du français comme langue de travail va baisser drastiquement. La situation du français est alarmante et il faut agir dès maintenant afin de freiner le déclin de notre langue au Québec.»

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