Le lundi 20 novembre dernier, Alexe Frédéric Migneault a entrepris une grève de la faim devant les bureaux de la Régie de l’assurance maladie [RAMQ] à Québec. Migneault, qui s’identifie comme « non binaire » a promis de poursuivre son moyen de pression jusqu’à l’obtention d’une carte d’assurance maladie avec le marqueur de sexe X. Il s’agit de sa quatrième grève de la faim pour cette même cause en moins d’un an. Son acte de protestation reçoit davantage d’exposition médiatique cette fois, notamment avec l’appui de l’ex co-porte-parole de Québec Solidaire, Manon Massé.
D’abord sur le moyen: la grève de la faim est un recours extrême choisi lorsqu’on considère que tous les autres ont échoué. On peut considérer la grève de la faim comme un moyen de pression légitime dans le cadre de la protestation non violente pour attirer l’attention sur une injustice légitime. On peut aussi la percevoir comme une forme de chantage, voire de caprice. Ça dépend de la gravité de l’oppression endurée.
Selon Migneault, ne pas avoir de carte de la RAMQ avec le marqueur de sexe X causerait de la « détresse » et constituerait une situation « intenable ». On pourrait toutefois arguer que plusieurs populations de diverses régions de la planète traversent actuellement des détresses plus intenables que celle là.
Le contexte:
En vigueur depuis juin 2022, la loi 2 de la CAQ permet aux personnes s’identifiant comme non binaires d’utiliser la mention X, plutôt que M ou F, pour désigner leur genre sur les documents de l’état civil. La RAMQ prendrait beaucoup trop de temps à s’y conformer.
[Une question comme ça: qu’est-ce qui distingue la CAQ, un parti positionné au centre-droit, des gauchistes néo-progressistes de QS?]
Selon Dave Tremblay, avocat et président de l’Alliance Arc-en-ciel de Québec, « la loi est claire » et « personne n’a la capacité légale pour déterminer le sexe d’une personne outre l’état civil québécois». N’est-il pas plutôt question d’affirmer une identité de genre?
Migneault reçoit aussi l’appui de Céleste Trianon, l’activiste qui organise la Marche du souvenir trans à Montréal, selon qui « Tous les Canadiens méritent de pouvoir affirmer leur identité, et non celle que les gouvernements leur imposent. »
Tous les Canadiens ont surtout un sexe, et ce ne sont pas les différents paliers de gouvernement qui l’imposent, mais le réel biologique. D’ailleurs, de percevoir la désignation du sexe biologique comme une « imposition » ne s’apparente-t-il pas au trouble psychologique?
Comment est-on passé de l’identité de genre aux marqueurs de sexe?
Les trans-activistes ont déjà expliqué que la notion d’identité de genre ne visait pas à remplacer la mention de sexe, mais plutôt à respecter l’identification personnelle des individus par rapport à leur genre, notamment avec l’utilisation de termes plus inclusifs et de formulations plus respectueuses. Il s’agirait d’élargir la compréhension et la reconnaissance de la diversité des identités de genre.
Si c’est réellement le cas, pourquoi ne militent-ils pas pour l’ajout d’une case correspondant à l’identité de genre à côté de celle faisant mention du sexe? Pour quelle raison les marqueurs de sexe qui correspondent à la réalité anatomique des individus devraient-ils êtres gommés au profit d’une notion subjective et arbitraire?
Alexe Frédéric Migneault a déclaré à La Presse Canadienne qu’il s’agit d’une « question de santé, de santé physique, de santé mentale, (pour) toute la communauté concernée ». L’ajout de la désignation « X » garantirait que les dossiers médicaux reflètent des informations exactes.
Mais c’est faux. Les informations exactes reposent sur des éléments observables et mesurables dans le monde réel. Outre, l’observation empirique est fondamentale en médecine et dans les soins médicaux. Les décisions diagnostiques et thérapeutiques des praticiens doivent se baser sur des données concrètes et observables. Il existe des cas où les traitements médicaux varient en fonction du sexe du patient. Les différences biologiques entre les hommes et les femmes peuvent influencer la manière dont les médicaments sont métabolisés, absorbés, et réagissent dans le corps. D’effacer la mention du sexe sur la carte d’assurance maladie est un non sens d’un point de vue médical. Il n’y a que dans la soumission idéologique au néo-progressisme [wokisme] que cela paraît cohérent.
L’intersexualité
Les personnes intersexe naissent avec des variations de leurs caractéristiques sexuelles qui sont empiriquement observables. À noter que le trans-activisme instrumentalise l’intersexualité pour valider son concept de non-binarité. Il l’a élargi pour inclure tous les individus « qui ne correspondent pas aux définitions types des corps féminins ou masculins ». Google corroborera que « selon les experts » environ 1,7 % de la population est née avec des traits intersexués. Toutefois, il n’existe qu’un infime pourcentage d’individus qui présentent des anomalies génitales telles qu’il devient difficile de leur attribuer un sexe à la naissance. D’où, les rares cas où parents et médecins prennent la décision d’assigner un sexe à un nouveau-né intersexe.
Le cas échéant, il faut souvent une intervention chirurgicale pour ajuster les organes génitaux afin qu’ils correspondent au sexe assigné. Cette pratique est toutefois devenue moins courante face au mouvement pour l’autodétermination des personnes intersexe. C’est d’ailleurs la seule occurrence où l’on peut véritablement parler de sexe « assigné » à la naissance. Sinon, le sexe est tout simplement constaté.
Sauf que les personnes qui s’identifient comme « non binaires » ne sont pour la plupart pas des individus intersexués. Si tel était le cas, le terme « intersexe » suffirait. Contrairement à l’intersexualité, l’identité de genre non binaire s’appuie exclusivement en fonction d’un ressenti. Elle est auto-attribuée, par des individus qui ne ressentent pas d’appartenance aux stéréotypes masculins et féminins. Soit – mais pour quelle raison ce ressenti entièrement subjectif devrait-il supplanter la mention de sexe dans un dossier médical?
Ce qui ressort dans le concept d’identité non-binaire est un malaise tel face au sexe biologique qu’il faudrait le gommer. Pire: nommer ce réel deviendrait l’ultime insulte. Par comparaison, dans les années 1980, l’androgynie ne donnait pas lieu à de telles dérives. Les émules de Boy George et de Grace Jones ne se plaignaient pas de se voir refuser le droit d’exister. Ils n’avaient pas recours à la grève de la faim non plus. Outre, ces marginaux ne cassaient pas les pieds de leurs concitoyens en s’engageant dans une olympiade de la victimisation. Ils vivaient leur trip sans tester les limites de l’ouverture sociale dont-ils bénéficiaient. Les trans-activistes des années 2020 gagneraient à s’en inspirer.
Le Québec serait en retard par rapport à nombre de provinces canadiennes, dont la Colombie-Britannique, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario et la Nouvelle-Écosse, qui émettent déjà des permis de conduire et cartes d’assurance maladie « non genrés ». L’appellation « non genrée » relève toutefois d’une novlangue fallacieuse. Se sont essentiellement des documents qui permettent aux individus qui le désirent de ne pas divulguer le sexe auquel ils appartiennent. Parce que ce n’est pas pour le genre qu’on peut sélectionner l’option X, mais bien pour le sexe.
Pour les trans-activistes, le Québec est à la remorque. D’autres estiment plutôt que la belle province n’a pas encore complètement perdu la raison. Toutefois, les sorties de Martine Biron [ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie] relativement à cette affaire laissent présager que le marqueur de sexe X sera à son tour une réalité québécoise. Le gouvernement de la CAQ, faut-il le rappeler, n’hésite pas à revêtir son costume de QS. Il a créé un nouveau prix gouvernemental LGBTQ+ en mai dernier.
Tant qu’à retirer des informations pertinentes d’un point de vue médical, pourquoi ne pas émettre une carte de la RAMQ qui permet d’omettre de divulguer l’âge des individus? Aboutissement logique, si son âge réel inflige une quelconque détresse à quelqu’un…