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Guyana–Venezuela : vers une guerre pour le pétrole de l’Essequibo ?

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D’après un article de Charles Kennedy publié sur oilprice.com le 27 mai 2025.

Charles Kennedy explique que la région de l’Essequibo, une étendue vaste et peu peuplée administrée par le Guyana mais revendiquée par le Venezuela, est en train de devenir l’un des points chauds énergétiques les plus instables au monde. Bien que le différend territorial date de plus d’un siècle, un cocktail explosif d’ambitions géopolitiques, de pressions économiques et d’enjeux pétroliers menace désormais de transformer cette impasse en véritable conflit armé.

Le territoire en question, qui représente près des deux tiers de la superficie du Guyana, était peu connu jusqu’en 2017, année où ExxonMobil y a découvert le Stabroek Block, un champ pétrolier offshore estimé à plus de 11 milliards de barils de pétrole récupérable. Cette découverte a bouleversé l’économie du Guyana, propulsant ce petit pays au rang de puissance énergétique régionale en un temps record.

Cependant, cette richesse soudaine a ravivé les revendications historiques du Venezuela sur l’Essequibo, une querelle remontant à une décision arbitrale coloniale de la fin du XIXe siècle que Caracas n’a jamais reconnue. Charles Kennedy note que c’est surtout après la découverte pétrolière que le régime vénézuélien a commencé à intensifier ses revendications. Depuis 2022, le président Nicolás Maduro a adopté une posture beaucoup plus agressive : annonces de référendums, redécoupage de cartes officielles, et déploiement de troupes à la frontière.

Charles Kennedy souligne que la stratégie de Maduro s’inspire de celle de son principal allié international : la Russie. À l’image de l’annexion de la Crimée en 2014 par Moscou, Caracas semble préparer une incursion progressive, délibérément ambigüe, qui permettrait une dénégation plausible tout en sapant progressivement l’autorité du Guyana sur la région contestée.

Un tournant majeur a eu lieu en 2023 lorsque le gouvernement vénézuélien a organisé un référendum visant à « récupérer » l’Essequibo. Malgré les critiques internationales, le vote a été validé par Caracas, qui a ensuite proclamé la création d’un nouvel « État » vénézuélien englobant le territoire. Des offres de citoyenneté ont été faites aux habitants de l’Essequibo, et des préparatifs pour organiser des élections locales ont été lancés.

En mars 2025, un patrouilleur de la marine vénézuélienne a intercepté des opérations d’ExxonMobil dans les eaux guyanaises, accusant la compagnie américaine d’empiéter sur le territoire vénézuélien. Cet incident a été interprété comme un avertissement clair à l’égard non seulement d’Exxon, mais aussi de tout investisseur étranger intéressé par l’exploitation pétrolière du Guyana.

Plus inquiétant encore, Charles Kennedy rapporte qu’en date du 15 mai, trois attaques armées distinctes ont visé des patrouilles de l’armée guyanaise le long de la rivière Cuyuni, qui marque une partie de la frontière entre les deux pays. Des hommes armés, en tenue civile, ont ouvert le feu sans faire de victimes, mais les autorités guyanaises soupçonnent fortement des milices ou agents vénézuéliens opérant officieusement pour le compte de Caracas. Le caractère coordonné de ces attaques alimente la thèse d’une opération paramilitaire visant à tester les capacités de défense du Guyana.

Ce n’était pas un incident isolé : déjà en février, une attaque similaire avait grièvement blessé deux soldats guyanais. Ces actions s’inscrivent dans un schéma que Charles Kennedy décrit comme une forme de « guerre grise », c’est-à-dire un conflit qui évite les seuils classiques de guerre ouverte, mais vise à affaiblir progressivement le contrôle d’un État sur son territoire.

Face à cette menace croissante, le déséquilibre militaire est flagrant. Le Guyana ne dispose que de quelque 3 000 militaires actifs, avec des moyens limités. À l’inverse, le Venezuela compte plus de 100 000 soldats, environ 200 chars, plusieurs dizaines d’avions de combat, et une importante force paramilitaire. Toute guerre conventionnelle serait donc largement désavantageuse pour Georgetown.

Cependant, Charles Kennedy rapporte qu’en mars, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a averti depuis Georgetown qu’une attaque contre le Guyana ou ExxonMobil constituerait « une très mauvaise journée » pour Caracas, laissant entendre que les États-Unis pourraient réagir fermement. Le Venezuela a immédiatement dénoncé ces propos.

La question cruciale demeure : comment la communauté internationale, en particulier Washington, répondra-t-elle à cette situation ? Si les intérêts américains sont évidents à travers l’implication d’ExxonMobil, les enjeux vont bien au-delà du pétrole. Une annexion réussie de l’Essequibo constituerait un précédent grave, affaiblissant l’ordre mondial post-guerre froide et donnant un signal clair aux régimes autoritaires : la révision des frontières par la force est de retour, et elle peut réussir.

Le Guyana affirme vouloir défendre sa souveraineté et cherche des partenariats de sécurité renforcés. Mais sans soutien militaire concret, Charles Kennedy prévient que Georgetown aura du mal à contenir seul les ambitions vénézuéliennes.

Pour l’instant, l’Essequibo reste sous pavillon guyanais. Mais l’ombre de Caracas s’allonge. Et avec elle, la menace bien réelle que la prochaine guerre sud-américaine éclate dans l’un de ses coins les plus méconnus mais stratégiquement cruciaux.

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