C’est avec tristesse que nous avons appris la semaine dernière que l’Opération Père Noël, une organisation visant à permettre aux gens d’offrir des cadeaux à des enfants démunis, recevait de plus en plus de demandes d’objets de première nécessité au lieu de jouets, un clair signe des difficultés économiques actuelles. Notamment, on rapporte un nombre inédit de demandes pour des vêtements d’hiver et des bottes.
Il s’agit d’un sujet délicat et je tiens à préciser que mes réflexions subséquentes seront d’ordre spéculatif, mais est-il possible que ce genre de demandes découlent directement du flux migratoire incontrôlé auquel nous assistons depuis quelques années? S’il est déjà difficile d’immigrer dans un pays froid et compliqué comme le Canada, ça l’est encore plus lorsque l’inflation fait exploser le coût des paniers d’épicerie et des loyers.
Nous le savons, les banques alimentaires sont débordées par la demande en ce moment et il se forme d’interminables lignes, parfois dans le froid, pour y avoir accès. Je suis bien placé pour le savoir, j’habite juste en face de l’une d’entre elles, et j’observe quotidiennement cette misère.
Je n’ai donc pas pu m’empêcher de remarquer qu’une immense proportion des gens y ayant recours ne parlent pas français et sont visiblement immigrants ou d’origine immigrante. Encore une fois, c’est plutôt logique : immigrer dans un nouveau pays est extrêmement difficile, et certains nouveaux arrivants, croyant arriver au paradis, déchantent bien vite en réalisant le coût de la vie et les rudesses du climat.
Ainsi, lorsque je lis ces histoires d’enfants demandant des habits d’hiver et des bottes pour Noël, je ne peux m’empêcher de me demander s’il ne s’agit pas d’enfants de familles fraîchement débarquées pendant l’été et qui réalisent trop tard le caractère impardonnable de l’hiver canadien.
Encore là, il ne s’agit que de spéculation, et même des familles québécoises peuvent être trop serrées pour acheter de nouveaux manteaux d’hiver à leurs enfants, mais il semble difficile de s’imaginer qu’ils n’en possèdent tout simplement pas et pensent encore attendre jusqu’au 25 décembre pour en procurer un à leurs jeunes. Il est minuit moins une – la récente tempête le démontre bien – et la capacité de résister au froid au Québec fait pratiquement partie de l’ADN de sa population ; personne n’oserait penser envoyer leurs enfants dehors en novembre ou en décembre sans manteau. C’est pratiquement encore plus essentiel que trois repas par jour…
Ne voulant pas pointer de doigts et lancer des théories à l’emporte-pièce, j’ai cherché à en savoir un peu plus sur les bénéficiaires de cette organisation. J’ai écouté les entrevues données par Thérèse Guillemette, une cofondatrice d’Opération Père-Noël, aux médias, mais outre le fait qu’il s’agit majoritairement de jeunes référés par des intervenants sociaux au courant de leur situation, et qu’il y en a de toutes les régions et même du Nunavik, on ne peut évidemment pas en savoir plus sur l’origine de ceux-ci (et c’est bien correct ; ce n’est pas le but de l’organisation).
Cela dit, en visitant leur site, il est possible de voir des exemples de lettres de la part des enfants, et on remarque rapidement qu’aucun des exemples montrés n’est en français et que les noms paraissent, encore une fois, immigrants : Gurjass, Sidak, Eshan, etc.
J’intime quiconque lisant ceci d’éviter de s’abandonner aux frustrations sur l’état du Français et d’accuser ces gens dans le besoin de ne pas s’intégrer ; ce n’est pas le but ici et cette organisation a un grand cœur. Cela dit, il serait irresponsable de ne pas relever que l’immigration incontrôlée encouragée par Justin Trudeau et Legault (malgré ce qu’il dit) exerce bel et bien une pression sur nos capacités d’aider les familles défavorisées.
On a déjà relevé le lien entre immigration de masse et crise du logement ; il est évident que faire entrer plus de gens au pays alors qu’il est déjà difficile de trouver un appartement rend ça encore plus difficile. Mais c’est tout aussi vrai pour les banques alimentaires et les organismes d’aide.
En parlant avec un chauffeur de taxi azéri de Calgary, cette semaine, j’ai pu constater que la situation est semblable partout au pays, et qu’on fait instantanément le lien avec l’immigration. Lui-même immigrant – arrivé il y a près de 20 ans – il en avait beaucoup à dire sur les vagues migratoires des dernières années et l’état actuel de l’économie. Selon lui, les migrants se font promettre un paradis et arrivent ici en pensant résoudre tous leurs problèmes, mais réalisent vite à quel point la vie canadienne coûte cher et comment il est difficile de tout démarrer à zéro.
Ce chauffeur m’expliquait essentiellement que la situation économique était trop difficile actuellement pour accueillir tous ces gens – même les réfugiés ukrainiens, très présents en Alberta -, et que ça accentuait le problème.
Maintenant, pour revenir à ces demandes d’habits d’hiver, n’est-ce pas justifié de soupçonner qu’on ait affaire au même problème? Une grande partie des migrants traversant l’Amérique jusqu’ici provient de climats chauds et doivent voyager léger. On pouvait facilement le constater sur le chemin Roxham, où la majorité de ces migrants traversaient avec des petites valises roulantes qu’un seul manteau d’hiver pourrait facilement combler.
Ils poursuivent une route du désespoir vers cette « terre promise » parfois au risque de leur vie. Nous avons même quelques cas de gens qui sont morts de froid en tentant de traverser la frontière par grand froid ; signe d’une sous-estimation de la dangerosité de nos grands froids.
D’autant plus que depuis la fermeture du chemin Roxham, le flux migratoire s’est simplement déplacé vers les aéroports. On peut donc penser que des familles peuvent arriver au pays directement par avion, sans avoir à expérimenter le froid du nord des États-Unis et avoir à se préparer en conséquence.
De la sorte, avec l’augmentation de la précarité au pays et la multiplication des demandes d’aide, il est plus que justifié d’exiger une réduction des cibles d’immigration. Même dans la pauvreté, il est tout à fait anormal que des jeunes n’aient pas encore de manteaux d’hiver la veille de Noël, et ça témoigne d’un manque flagrant de préparation pour notre climat. Nous ne pouvons pas aider la terre entière, particulièrement lorsque notre propre peuple souffre d’une pauvreté grandissante.