Guillaume Ratté Côté, alias « PolitiGuy Correct » est animateur du retour et directeur de CJMD 96,9 L’Alternative radio de Lévis. Vous pouvez le suivre au 969fm.ca et ses podcasts sont aussi disponibles sur l’application mobile.
Il se trouve que je suis un amateur d’histoire. Cela m’a amené à lire la biographie de Duplessis écrite par Conrad Black (la plus récente, datant de la fin des années quatre-vingt-dix), et de me retrouver au passage traitant de la période de la Seconde Guerre mondiale… au moment où l’Iran opère une attaque historique sur Israël.
Et j’en retiens fondamentalement 2 choses. Premièrement, qu’une guerre mondiale peut survenir plus subitement qu’on ne le croit, et que si tel est le cas, le Québec ne décidera que très peu de choses quant à son destin.
Pour ce qui est du côté subit du démarrage du dernier conflit mondial, il a été savoureux de découvrir que le cardinal Villeneuve, personnage proéminent de l’époque au Québec s’il en est (outre Duplessis bien sûr), revenu d’un voyage en France en juin 1939, avait claironné la prévalence assurée de la paix! Ainsi, après avoir qu’on ait libéré des centaines de colombes pour la conclusion de son discours à Domrémy, il avait dit : « À moins d’événements fortuits, imprévus, il n’y aura pas de guerre en Europe. L’heure de la guerre est passée, de l’avis de militaires bien renseignés ».
Je me suis donc tout de même inquiété au lendemain de l’attaque de drones depuis l’Iran sur Israël – une première historique – même si les commentateurs de tous horizons s’évertuent à dédramatiser le tout en mettant l’accent sur le caractère limité de la chose et combien cela aurait pu être bien pire.
Ensuite, pour ce qui est du caractère limité de notre maîtrise des destinées du peuple québécois en temps de guerre, l’histoire de Camilien Houde, alors maire de Montréal – qui fut arrêté sans autre cérémonie pour s’être tout bonnement opposé la « procédure d’enregistrement » demandée par le gouvernement du Canada en vue de l’effort de guerre (que Houde avait eu la clairvoyance de jauger comme un pas vers la conscription) – est plus qu’évocatrice. Il fut interné pendant plus de trois ans dans un camp de travail fédéral! Et le peuple québécois ne protesta presque pas.
Toutefois, entrevoyant déjà les souverainistes clamer que cela n’arriverait pas dans un Québec indépendant, il importe de mettre des bémols. L’ouvrage de Conrad Black m’a aussi rappelé à quel point le Canada n’avait eu d’autres choix que de se lancer.
Un Québec indépendant pourrait tergiverser sur des détails, mais peu importe la façon dont il aurait obtenu cette indépendance, sa souveraineté n’irait pas jusqu’à lui permettre la neutralité! Même encore aujourd’hui, la souveraineté du Canada a ses limites! Après la guerre, l’épisode des ogives nucléaires américaines en territoire canadien que chacun s’évertuait à refuser et que libéraux comme conservateurs consentirent finalement à laisser passer pourrait très bien se reproduire de nos jours.
Les plus cyniques diront cependant que de nos jours, le camouflage de la chose aurait été de bien meilleure qualité. Que nous ne sommes au fond qu’un État satellite des USA. Et il m’est difficile de les contredire. Tout autant que penser que cela puisse être ne serait-ce qu’un tant soit peu différent pour un Québec nouvellement membre de l’ONU… Surtout en comprenant ce qui suit : l’Iran n’agit assurément pas seul. La Chine et la Russie sont sans contredit en mode concertation. Comme l’étaient l’Italie, l’Allemagne et l’URSS en 1939. Et leurs moyens, ainsi que le degré de leur hostilité sont, également, sous-estimés, pour une très large part.
En espérant bien me tromper sur toute la ligne! Au plaisir.