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Immigration de masse et déséquilibres économiques : le signal d’alarme de l’OCDE

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Le dernier rapport économique de l’OCDE sur le Canada, publié en mai 2025, dresse un constat préoccupant : si l’immigration demeure un moteur historique de croissance démographique et de diversité, l’ampleur exceptionnelle des flux récents – notamment de résidents non permanents – a engendré une série de déséquilibres économiques majeurs. Le marché du logement, la productivité, la planification urbaine et les services publics sont tous sous pression. L’OCDE recommande une révision rigoureuse des politiques d’admission et de logement pour restaurer un équilibre devenu précaire.

Une croissance démographique sans précédent, tirée par l’immigration temporaire

Depuis la pandémie, la population canadienne a connu une expansion démographique spectaculaire, avec des taux de croissance de 3,0 % en 2023 et 2,6 % en 2024, des chiffres inégalés dans le monde développé. Or, ce bond est quasi exclusivement dû à l’arrivée massive de résidents non permanents (RNP), qui ont atteint un sommet historique de 821 000 personnes en 2023. Cela représente plus du double du niveau de 2021 et équivaut à environ 2 % de la population totale en une seule année.

Cette population est composée en grande partie d’étudiants internationaux, de travailleurs temporaires et de membres de familles à charge. Leur présence a certes contribué à soutenir la croissance de la main-d’œuvre, mais elle a également exercé une pression immédiate et massive sur les ressources résidentielles et les services urbains, dépassant largement la capacité d’absorption du marché et des infrastructures.

Une crise du logement amplifiée par l’immigration temporaire

L’un des effets les plus visibles de cette immigration soutenue est la détérioration brutale de l’accessibilité au logement, un thème central du rapport. L’offre de logements n’a pas suivi le rythme effréné de la demande :

  • En 2023, 452 000 nouveaux ménages ont été formés, pour seulement 242 000 nouvelles unités livrées.
  • Le taux de vacance locatif est tombé à 1,5 %, un plancher historique, surtout dans les grandes villes comme Toronto, Vancouver et Montréal.
  • Pendant ce temps, les loyers ont augmenté de 6,3 % en 2023 et 7,9 % en 2024, alors que les salaires ne suivaient que de loin (2,2 % et 4,6 % respectivement).

L’OCDE note que les RNP, souvent concentrés dans les centres urbains, ont alimenté une tension directe sur les logements locatifs abordables, accentuant les difficultés pour les ménages à faibles revenus. De plus, les processus municipaux d’octroi de permis, encore trop longs et bureaucratiques, freinent la construction de nouveaux logements. L’organisme recommande d’accélérer les approbations, de densifier les centres urbains, et de mobiliser davantage de fonds publics pour le logement social.

Déclassement professionnel et productivité affaiblie

Autre constat clé du rapport : la contribution des immigrants récents à la croissance du PIB par habitant est limitée par une faible productivité. Cette dernière s’explique en partie par un important déclassement professionnel :

  • Plus de 25 % des immigrants diplômés de l’étranger occupent un emploi bien en deçà de leurs qualifications – un taux 2,5 fois plus élevé que celui des natifs.
  • Ce phénomène touche même les professions en pénurie, comme les soins infirmiers, où moins de la moitié des diplômés étrangers travaillent dans leur domaine.

L’OCDE souligne que cette inadéquation nuit à l’efficacité du marché du travail et constitue une perte nette de potentiel humain. Elle plaide pour une meilleure reconnaissance interprovinciale et nationale des diplômes étrangers, ainsi qu’une réduction des obstacles réglementaires à la mobilité de la main-d’œuvre.

Réactions politiques : un virage restrictif amorcé

Devant l’accumulation des signaux d’alerte, les autorités fédérales ont commencé à corriger le tir. En 2024, le gouvernement canadien a :

  • Imposé un plafond national sur les permis d’études, particulièrement pour les établissements privés peu régulés.
  • Restreint l’accès aux permis de travail post-diplôme.
  • Réduit les admissions de conjoints et limité le renouvellement automatique de statuts temporaires.

L’objectif est désormais de ramener la population de résidents non permanents à 5 % de la population totale d’ici fin 2026, alors qu’elle frôlait les 7 % en 2023. L’OCDE salue ce virage, à condition qu’il s’accompagne d’une planification adéquate de l’offre résidentielle et des services.

Une pression insoutenable sans réforme systémique

En conclusion, le Canada fait face à une crise de synchronisation entre immigration, logement, et productivité. Loin d’être une critique de l’immigration en soi, le rapport de l’OCDE sonne l’alarme sur la vitesse et l’ampleur non maîtrisées des admissions temporaires, qui ont débordé les capacités du système.

Les auteurs recommandent de mieux aligner les flux migratoires sur les objectifs économiques, d’intégrer efficacement les nouveaux arrivants dans le marché du travail, et de s’attaquer vigoureusement à la crise du logement. Faute de quoi, le risque est grand de voir le modèle canadien d’immigration – fondé sur l’accueil et la prospérité partagée – s’enliser dans des tensions sociales, économiques et politiques croissantes.

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