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Impopularité de Trudeau : les citoyens canadiens sont-ils ingrats?

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L’impopularité croissante de Justin Trudeau dans la population canadienne fait de plus en plus réagir depuis quelques semaines, avec de nombreux commentateurs affirmant qu’ils n’ont jamais vu un tel niveau de haine envers un premier ministre. Cette situation a même poussé la GRC à transmettre un rapport secret au premier ministre – qui a depuis fuité dans les médias – pour l’avertir de risques de révoltes contre le gouvernement si les citoyens réalisaient l’état dans lequel se trouve réellement le pays.

Or, ces durs constats ont drôlement tendance à se transformer en accusation détournée contre la population, soupçonnée de tomber dans la « toxicité » et les « discours haineux ». N’est-ce pas une manière pour Justin Trudeau de renvoyer la responsabilité de ses échecs à la population?

Questionné sur la question de cette « haine » soi-disant inédite à l’émission The Current’s, sur les ondes de CBC Radio One, Justin Trudeau a expliqué que selon lui, les récents développements dans le monde frustrent la population, qui ne fait que se défouler sur ses politiciens :

« Je crois qu’il y a beaucoup de frustration par rapport à la direction que prend le monde, et cette frustration est dirigée vers les gens en position de pouvoir. Je comprends ça, ça fait partie de mon travail. Mais mon travail est de rester concentré sur les solutions dont les gens ont besoin, et c’est ce qu’on va faire. »

Remarquant le léger détournement de la question par Trudeau vers le sujet plus général du cynisme politique, l’animateur a alors tenu à ramener le premier ministre vers le sujet de la haine personnelle que les gens ont pour lui, affirmant que cette haine était différente de celle contre les premiers ministres antérieurs. Pour soutenir son propos, il a évoqué les autocollants « Fuck Trudeau » collés sur les pare-chocs des voitures ou les drapeaux arborant son nom affublé d’un doigt d’honneur. Ce à quoi le premier ministre a répondu :

« Il y a un niveau de polarisation et de toxicité que nous voyons d’une manière très visible ; sur les réseaux sociaux et aussi dans la vraie vie, comme vous le mentionnez. Mais la majorité des Canadiens demeurent réfléchis, ouverts et décents… et oui, frustrés et inquiets par rapport à leur futur, mais je sais aussi que les canadiens sont des gens bien qui sont prêts à travailler ensemble pour construire leur future, et je suis une partie de cela. »

Autrement dit, Justin Trudeau a une fois de plus détourné la question sans réellement adresser son intense impopularité. D’autant plus qu’il évoque « la direction que prend le monde » et la frustration et l’inquiétude des citoyens « par rapport à leur futur » d’une manière très vague, sans jamais vraiment assumer la responsabilité de son gouvernement dans ces développements.

C’est une réponse habile et très léchée, qui est probablement le résultat de ses regrets d’avoir attaqué aussi durement les manifestants du convoi de la liberté en 2022, mais qui place encore une fois un très large groupe de personne dans cette grande catégorie de la « toxicité » et des gens qui ne sont pas « réfléchis, ouverts et décents ».

On ne peut s’empêcher aussi de relever l’exagération de la part de l’animateur au sujet du caractère inédit de cette haine contre un premier ministre. Cette analyse, qui est d’ailleurs partagée par de nombreux journalistes, dénote un certain biais. On n’a pas besoin de retourner bien loin dans le temps : le premier ministre précédant, Stephen Harper, était sujet d’une haine particulièrement féroce de la part de la gauche au pays. La seule véritable différence étant que cette haine était partagée par les grands médias et les sphères culturelles, qui faisaient des insultes contre Harper un véritable sport.

C’était d’autant plus toxique que cette haine contre Harper se déroulait en un temps de stabilité économique inespéré… Alors qu’en ce qui a trait à Trudeau, les échecs de ses politiques se multiplient et donnent toujours plus de raisons aux citoyens d’être « inquiets pour leur futur ».

La situation du gouvernement Trudeau est si précaire que maintenant, non seulement les libéraux tombent dans les sondages, mais ils ont 7 premiers ministres provinciaux contre eux au sujet de la taxe carbone, et même les milléniaux et la génération Z se détournent d’eux, engendrant une succession de promesses sur des enjeux clés touchant les jeunes – c’était d’ailleurs le sujet d’un article de Thomas Mulcair aujourd’hui, qui affirme que Trudeau a « complètement perdu la génération MZ ».

Matt Galloway a donc questionné le premier ministre au sujet de cette multiplication d’apparitions couplées de promesses d’investissements ces derniers temps, déclarant qu’elles prenaient les apparences d’activités pré-électorales. Le premier ministre a nié cette analyse, affirmant simplement que son gouvernement déposerait bientôt un budget et qu’il sentait le besoin de rassurer les jeunes générations face aux enjeux du logement et du coût de la vie.

Or cette réponse ne s’avère pas particulièrement convaincante, puisque budget ou pas, ce récent focus sur les enjeux qui les touchent peut tout à fait revêtir un aspect électoraliste.

Et c’est peut-être le problème principal de Justin Trudeau ; son incapacité à admettre l’échec de ses politiques, et sa persistance à demeurer 100% du temps en mode séduction. Selon Justin Trudeau, l’insatisfaction populaire est toujours le résultat d’une conjoncture mondiale qui le dépasse. C’était le cas pendant la Covid, c’est désormais le cas avec l’inflation, la crise du logement ou l’état de l’économie dans son ensemble.

Il va même jusqu’à déplorer que les jeunes soient pessimistes au sujet de l’environnement et tente désormais de les rassurer et de leur dire que tout va bien aller, alors que c’est son parti et sa famille politique qui cultive l’écoanxiété comme une réserve assurée de votes chez les jeunes! Il faut le faire!

Quoi qu’il en soit, bien qu’on ne puisse pas cautionner la vulgarité et la haine dans les débats politiques, il faut tout de même faire un effort de l’analyser en proportion des problèmes politiques d’un pays. Le Canada est dans une posture catastrophique en ce moment, et il s’avère tout à fait normal que l’insatisfaction atteigne un tel niveau. Justin Trudeau doit arrêter de faire comme si de rien était et se cacher derrière sa façade souriante. Les « sunny ways », c’est terminé depuis une belle lurette.

Et il faudra quand même admettre qu’après 10 ans au pouvoir, les chefs d’État vivent sur du temps emprunté, particulièrement si leur bilan est aussi critiquable que celui de Justin Trudeau. Ainsi, dans les circonstances actuelles, la décision de Trudeau de se maintenir coûte que coûte au pouvoir relève plus de l’acharnement que de la persévérance ; et c’est la recette parfaite pour se faire détester d’une population.

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