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Incendies

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Décidément, les dernières 48h ont été marquées par les incendies au Québec. L’église Notre-Dame-des-Sept-Allégresses, à Trois-Rivières, est en ruine et a perdu ses deux clochers, ce qui alimente les spéculations sur l’origine de l’incendie. Pour une seconde fois en peu de temps, un incendie criminel dans des bâtiments douteux sur le plan réglementaire dans le Vieux-Montréal a entraîné des décès. Deux morts ; une mère et sa fille de 7 ans… Et enfin, dans un acte insolite, un lunatique complètement nu a poignardé une femme dans les cuisines du Cégep de Valleyfield et y a mis le feu. D’une certaine manière, chacun de ces évènements mettent en image des réalités dérangeantes du Québec en 2024.

Les églises en feu

D’abord, pour ce qui est de l’Église Notre-Dame-des-Sept-Allégresse, on ne sait pas, pour le moment, ce qui a causé l’incendie. Les autorités ne se sont pas encore avancées sur la question ; il faudra donc attendre une enquête. On sait cependant que l’édifice était en rénovation, et que ce genre de contexte, propice aux problèmes électriques, a expliqué quelques autres incendies d’églises par le passé.

Mais déjà, des gens ont commencé à spéculer sur de possibles causes criminelles et on fait des liens avec d’autres églises brûlées ailleurs au Canada ou en France. Certains pourront crier à l’alarmisme, mais ce serait ne s’attarder qu’aux conséquences d’un problème plus profond. En effet, d’où viennent donc ces suspicions sans cesse croissantes au sujet des incendies d’églises? Sont-elles justifiées?

On se rappelle, le sujet d’une forme de terrorisme sous la forme du brûlage d’églises en France est principalement né dans la foulée de l’incendie de Notre-Dame-de-Paris, en 2019. Les images, se déroulant dans un pays qui avait déjà reçu sa dose de terrorisme dans les années antérieures, avaient alors brisé le cœur du monde entier. L’enquête avait alors déterminé que des problèmes électriques sur un chantier alors en cours sur le toit avait démarré l’incendie, qui s’était alors propagé dans la charpente, cette fameuse « forêt ». Rapidement, des gens sont devenus sceptiques du « récit officiel », et à l’image du « jet fuel doesn’t melt steel » (le gaz d’avion ne fait pas fondre l’acier) pour le 11 septembre 2001, on disait alors qu’une étincelle ne pouvait allumer des poutres de chêne de 800 ans…

Il faut cependant dire que la France connaît réellement, et ce depuis de nombreuses années, une masse impressionnante d’actes de terrorisme, d’incivilité et de pyromanie contre ses églises et bâtiments religieux ; l’inquiétude n’est pas réellement farfelue. On parle de cas extrêmement graves : d’attaques au couteau, à l’arme à feu, d’incendies, de profanations de tombes, de destruction de statues, d’insultes et de provocations répétées, partout sur le territoire. Et les Français n’ont certainement pas oublié non plus lorsque deux terroristes de l’État islamique ont égorgé un prêtre dans l’église Saint-Étienne-du-Rouvray… Les actes christianophobes contre les églises sont définitivement une réalité, et on ne peut complètement évacuer la possibilité qu’ils se produisent au Québec aussi. Ou, du moins, on ne peut reprocher aux gens de penser à cette possibilité : les incendies criminels contre les églises font désormais partie de l’imaginaire collectif.

Plus récemment, au Canada, nous avons même eu une seconde vague d’incendies d’Églises pour d’autres raisons tout aussi criminelles. À l’ouest, dans la foulée du scandale des orphelinats autochtones, de nombreuses communautés ont vu leurs églises brûlées en représailles contre l’Église catholique. Au total, 112 églises auraient été brûlées depuis, mais la politisation et l’aspect délicat du dossier est tel qu’il semble y avoir une sorte d’omerta ; on ne pourrait critiquer cette réaction violente, elle serait une forme de « réparation ». D’ailleurs, le NPD et les libéraux veulent désormais criminaliser le « négationnisme » du génocide autochtone, c’est dire à quel point cet enjeu est un champ de mine.

En l’occurence, il est assez légitime pour les gens de se demander s’il n’y aurait pas une origine criminelle à chaque incendie d’église ces dernières années ; nous avons littéralement deux vagues massives de cas à l’appui, provenant d’une part du terrorisme islamique, et d’autre part, du terrorisme autochtone.

Mais si l’on peut bien se méfier des gens voulant du mal à notre patrimoine religieux, il faut dire que l’inquiétude est couplée à celle de voir notre société si peu intéressée à le préserver en premier lieu! En effet, combien d’église sont passées sous les coups des démolisseurs dans les dernières années? Et combien de temps encore devront nous avoir ce débat sur la rentabilisation des édifices, leurs reconversions, etc? Ce qui inquiète, quand une église brûle comme ça, c’est aussi de se demander si on va même se donner la peine de la reconstruire…

Comme le dit bien le patron d’iScan Expertise 3D Richard Lapointe dans un récent article du Soleil ; «C’est l’enjeu du patrimoine religieux au Québec. On vide nos églises, mais la majorité de nos bâtiments sont nos châteaux de France parce qu’on n’a pas de patrimoine aussi d’envergure à aussi grande échelle sur le territoire. Trouver un nouvel usage pour un bâtiment est super important, même dans le cas d’une ruine. Ça conserve un élément patrimonial dans le paysage»

Incendies criminels

Maintenant, pour ce qui est de l’incendie criminel dans le Vieux-Montréal, encore une fois, insistons sur le fait que la perception populaire est importante. Valérie Plante le savait lors de son point de presse aujourd’hui, lorsqu’elle admettait les ressemblances avec l’incendie dramatique de l’édifice William-Watson-Ogilvie qui avait causé sept morts et neuf blessés en 2023. Les deux incendies criminels se sont déroulés dans le Vieux-Montréal, ont occasionné la mort de gens en raison de non-conformité réglementaire et, clou du spectacle, dans des bâtiments appartenant au même propriétaire!

Valérie Plante a donc insisté sur le fait que les services d’incendies avaient bel et bien fait appliquer les réglementations sous peine d’amendes dans les dernières années, en procédant à une mise à niveau par des inspections, des suivis, etc. Et c’est tant mieux, mais il n’en demeure pas moins que l’impression populaire risque d’être différente.

En effet, ça donnera quand même l’impression d’une sorte de jour de la marmotte ; une impression générale que, comme dans tout, le Québec n’apprend pas de ses erreurs. Il les constate, tablette les résultats, et se retrouve avec le même problème quelques années plus tard. Je ne dis pas que c’est nécessairement le cas ici, mais c’est la première impression que l’évènement peu donner.

D’autant plus que la lecture de titres comme « incendie criminel à Montréal » fait instantanément penser à des histoires de mafia ou de gangstérisme ; des phénomènes qui semblent impossibles à éradiquer à toutes les étapes de l’histoire de la métropole, mais qui sont aussi en résurgence par les temps qui courent. Ça semble d’ailleurs être l’avis des services de police, selon un récent article de TVA Nouvelles :

« Un réseau criminel sème la terreur depuis plusieurs semaines au centre-ville de Montréal, forçant des propriétaires de restaurants à payer des sommes de plusieurs dizaines de milliers de dollars.

Au centre de ce réseau, on retrouve trois groupes criminels qui se livrent une guerre pour percevoir la taxe que doivent payer des commerçants au crime organisé pour bénéficier d’une protection.

Les trois groupes en question seraient celui dirigé par Jean-Philippe Célestin, affilié aux Hells Angels, le gang d’Atna «Tupac» Onha et le groupe Arab Power.

Et selon des sources proches de l’enquête du SPVM sur l’incendie du Vieux-Montréal, cette guerre d’extorsion serait l’une des principales hypothèses étudiées par les policiers pour expliquer le drame de vendredi.« 

Entre tous ces incendies de commerces ces derniers mois, et des incendies plus insolites comme celui d’un VUS à proximité d’un cadavre en Beauce, on ne sait plus vraiment où donner de la tête. Les actualités donnent l’impression que rien ne va plus au Québec, que tout le monde perd la tête.

Chaos social

Église brûlée, incendie criminel probablement perpétré par les gangs qui foutent le bordel en ce moment, il fallait bien terminer le portrait avec un cas aléatoire de violence par un individu en psychose… Au cégep de Valleyfield, un homme en « délirium agité » aurait poignardé une employée au cou dans les cuisines et mis le feu à la bâtisse avant d’être arrêté par la police, complètement nu.

Le suspect a 37 ans et on en sait peu sur lui, mais on peut déjà voir qu’il s’agit probablement d’un cas de maladie mentale et de drogue. Roger Ferland, ex-enquêteur au Service de police de la Ville de Québec (SPVQ), l’expliquait bien à TVA Nouvelles : «C’est assurément à mes yeux un mix de santé mentale et peut-être d’intoxication à l’alcool, la drogue ou peut-être tout ça»

Il explique ensuite la raison probable de la nudité du suspect : «Dans ces contextes-là, les gens viennent avec une hyperchaleur en eux, une grande hyperthermie. Ils ont très chaud et ils viennent en sudation, alors c’est ce qui fait qu’ils ont envie d’enlever tout leur linge. Non seulement sont-ils désorganisés mentalement, mais en plus ils ont chaud».

Enfin, quoi qu’il en soit de son cas en particulier, encore une fois, en termes de perception populaire, ça ne manque pas de nous rappeler tous les enjeux actuels comme l’augmentation de l’itinérance, la crise des opioïdes, le définancement des services de police, la crise du logement et l’immigration massive qui nous fournissent chaque jour une pléthore d’exemple de violences aléatoires et gratuites comme celle-là.

Vraiment, c’est à croire que le Québec est en feu. Même au moment d’écrire cet article, dans la nuit entre vendredi et samedi, un autre individu en crise aurait, encore une fois, mis feu à un logement dans Limoilou, à Québec. Vers 1h du matin, les policiers auraient localisé le suspect « en crise » et armé d’un couteau sur le balcon d’un duplex à proximité de l’incendie, et ce n’est qu’à 9h du matin qu’ils sont parvenus à le mettre aux arrêts.

C’est à se demander ce qu’il y avait dans l’eau du Québec ces derniers jours, mais apparemment, il fallait que tous nos problèmes nous sautent au visage sous forme d’incendies.

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