Le vieux rêve des stratèges progressistes refait surface : accorder le droit de vote aux adolescents de 16 ans. Une pétition déposée à la Chambre des communes par le député libéral Nathaniel Erskine-Smith (Beaches-East York, Ontario) exhorte le Parlement à modifier la Loi électorale du Canada afin de permettre aux mineurs de voter. Le document — identifié comme la Pétition E-6629 — est soutenu par la présidente de l’Association libérale fédérale de Calgary-Est, Shazia Ibrahem, et s’inscrit dans une stratégie bien rodée de captation du vote jeune, au nom d’un prétendu renouvellement démocratique.
Comme le rapporte le Western Standard, citant les informations obtenues par Blacklock’s Reporter, les signataires libéraux affirment que cette réforme électorale permettrait de combattre la « dégradation générationnelle de l’engagement civique », laquelle menacerait, rien de moins, que la sécurité nationale. En clair : la jeunesse serait désengagée, mais paradoxalement assez mûre pour voter à 16 ans.
Le texte évoque également que les adolescents assument déjà certaines responsabilités — travail, impôts, conduite automobile, prise en charge familiale — et qu’ils seraient donc prêts à s’exprimer dans les urnes. Mais cet argumentaire sonne creux, tant il ignore une réalité sociologique pourtant incontournable : les jeunes électeurs, tout particulièrement ceux issus du système secondaire canadien, sont les plus exposés à l’endoctrinement idéologique, au militantisme compulsif et aux injonctions moralisatrices des réseaux sociaux.
Une stratégie électorale à peine voilée
Ce n’est pas la première tentative des libéraux pour abaisser l’âge du vote. Une initiative similaire — le projet de loi C-210 — avait été rejetée en 2022 par une majorité écrasante (245 contre 77). Parmi les partisans, on retrouve sensiblement les mêmes figures qu’aujourd’hui : Julie Dabrusin (ministre de l’Environnement), Arielle Kayabaga (leader parlementaire adjointe), ainsi que plusieurs secrétaires parlementaires comme Kody Blois, Sophie Chatel et Tim Louis.
Pourquoi insister? Parce que cette clientèle adolescente représente un bassin électoral malléable, perméable aux slogans simplistes sur le climat, l’inclusion, l’équité, et généralement acquis aux grandes causes portées par la gauche progressiste. Les stratèges libéraux ne s’en cachent d’ailleurs pas : la pétition évoque le rôle des jeunes dans les « mouvements qui façonnent l’avenir du pays », une formule codée qui fait directement référence aux marches pour le climat, aux campagnes pour l’équité raciale ou de genre, et autres mobilisations alignées sur l’agenda libéral.
Une contre-proposition salutaire : hausser l’âge du vote?
Plutôt que d’ouvrir encore davantage le droit de vote à des franges immatures et surpoliticisées de la population, ne faudrait-il pas envisager l’inverse? Hausser l’âge minimal du vote à 21 ans — comme c’était le cas avant 1970 — permettrait de s’assurer que les électeurs ont acquis un minimum d’indépendance intellectuelle, de stabilité personnelle et d’expérience de vie avant de participer aux choix les plus fondamentaux de la société.
On pourrait même imaginer une exigence de contribution civique ou de compréhension des institutions pour accéder à ce droit, ne serait-ce que sous forme de test de citoyenneté simplifié. À défaut, le suffrage universel risque de se transformer en concours de popularité TikTok, où le fond des programmes s’efface devant l’esthétique des influenceurs et la promesse de toujours plus de gratuités.
Quand la démocratie devient un outil idéologique
Il y a quelque chose de fondamentalement inquiétant dans cette volonté de manipuler les règles du jeu électoral à des fins partisanes. Accorder le droit de vote à 16 ans, ce n’est pas élargir la démocratie : c’est instrumentaliser une tranche d’âge plus émotive que rationnelle, encore en construction psychologique, et dont le jugement est souvent façonné par des institutions scolaires et médiatiques uniformément alignées sur les dogmes du progressisme.
Le déclin de l’engagement civique ne se résoudra pas en abaissant l’âge du vote. Il se résoudra par un retour au réel, à la responsabilité individuelle, à l’éducation politique pluraliste et à la reconnaissance des conséquences concrètes des politiques publiques. En somme, par un retour à la maturité.
C’est exactement ce que les libéraux redoutent.



