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Interdiction de vente de voitures à essence en 2035 : le voir pour y croire

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On sait depuis plusieurs années que dans le cadre de la transition énergétique, nos gouvernements fédéral et provincial ont décidé de suivre bon nombre d’autres pays occidentaux dans l’intention de bannir la vente de voiture à essence d’ici 2035. Ni Trudeau ni Legault n’ont fait paraître de doute à ce sujet, et pourtant, dans la population, on tarde à y croire vraiment. Ça fait partie de ces politiques un peu folles et invraisemblables qui nous font dire, « je vais le croire quand je vais le voir ».

Or, nous avons appris dans les derniers jours que le gouvernement comptait confirmer cette interdiction future dans un règlement dès cet automne. Ainsi, l’interdiction de la vente des voitures à essence serait officielle et entrerait en application le 1er janvier 2035.

De la sorte, les modèles de 2034 et des années antérieures ne pourront plus être vendus neufs à partir de cette date, tandis que ceux de 2035 et des années suivantes ne pourront plus être vendus, qu’ils soient neufs ou usagés.

En parallèle, on observe que le marché des voitures électriques vit certaines difficultés. De grands constructeurs automobiles comme Ford ont mis la pédale douce sur plusieurs projets dans l’électrique. Tesla a retardé la construction d’une nouvelle usine.

Chez nous, au Québec, Northvolt – dans lequel on investit des milliards – a perdu un contrat de 3 milliards avec BMW. On dit désormais que c’est « une jeune entreprise qui doit faire ses preuves », alors qu’il y a quelque temps, on parlait encore du « géant suédois ». Le chef de l’entreprise lui-même affirme désormais qu’ils ont fait une expansion probablement trop « agressive » et doivent revoir leur échéancier.

Mais comment diable peut-il y avoir autant d’incertitudes et de méfiance dans ce marché, considérant qu’on leur promet un quasi-monopole en 2035 avec l’éradication pure et simple des voitures à essence?

Les doutes au sujet des voitures électriques persistent ; notamment au sujet de leurs performances hivernales, mais surtout ceux concernant l’extension et la disponibilité des bornes de recharges sur le territoire, les temps de chargements, etc. D’autant plus qu’on annonce s’enligner sur des déficits énergétiques si on ne double pas les capacités d’Hydro-Québec. Bref, on sent d’entrée de jeu beaucoup d’incertitudes sur les questions énergétiques, ce qui pousse logiquement les gens à s’accrocher sur des valeurs sûres et éprouvées.

Un bidon d’essence, même après des années, inutilisé dans un chalet perdu dans le bois, pourra toujours ranimer un véhicule à peu près instantanément, ou faire démarrer une génératrice. Les véhicules électriques sont encore loin d’offrir une telle assurance, une telle prédictibilité sur le long terme.

C’est pour la même raison qu’au début du XXième siècle, la voiture à essence a été préférée à la voiture électrique. Dans un sens, c’est une forme d’énergie plus flexible que l’électricité. L’essence est essentiellement de l’énergie transportable, mobile ; de l’énergie sous forme liquide. Ça ne nécessite pas de mégastructures, de pylônes ou de fils sur lesquels il faut être connecté directement. On peut carrément transporter des bidons d’essence à dos d’âne dans le Sahara ou sur l’Himalaya. C’est une énergie qui a fait ses preuves dans tous les domaines de la découverte et du dépassement humain, et qui a été associé longtemps – et à juste de titre – à la liberté

Ironiquement, ça fait en sorte que ce sont les régions les plus reculées et en contact avec la nature qui utiliseront en dernier des véhicules à essence ; les véhicules électriques étant quelque chose de profondément urbain et beaucoup plus dépendant d’infrastructures centralisées.

N’oublions pas non plus la Chine dans ce beau portrait, qui est dans le domaine des véhicules électriques depuis plus longtemps et peut aisément inonder nos marchés de leurs voitures qu’ils produisent à des coûts dérisoires. C’est déjà commencé : l’Union européenne, les États-Unis et le Canada ont tous annoncé – directement ou indirectement – l’imposition à venir de tarifs.

Autrement dit, on veut tous vous forcer à acheter des voitures électriques en 2035, mais on doit maintenant mettre des tarifs contre des voitures électriques abordables de la Chine pour éviter que notre secteur industriel s’écroule et qu’on perde tous nos investissements actuels dans des usines de batteries et des peddlers environnementaux comme Lion Électrique, Taïga ou Flying Whales…

Le contexte actuel et ses enjeux énergétiques monumentaux font paraître cette annonce de règlement pour bannir les voitures à essence en 2035 pratiquement dérisoire. Je pense qu’il est clair dans l’esprit de beaucoup de gens que c’est plutôt : on verra bien. D’ailleurs, on peut à la limite croire que le gouvernement lui-même a cette approche : le bannissement est conditionnel à une évaluation de la maturité du marché en 2030

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