Nous vous informions en août que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) avait enregistré son pire semestre en 50 ans avec un rendement de -7.6%. Alors que la valeur du pétrole était en pleine reprise, la CDPQ avait manqué le bateau puisqu’elle s’était départie de ses actions dans ce secteur pour des considérations environnementales. Cette semaine, nous avons appris que la CDPQ avait enregistré des pertes de 5,6% équivalent à 25 milliards de dollars en 2022, en faisant sa troisième pire performance en 30 ans.
Malgré tout, Charles Emond, le PDG de la Caisse de dépôt, se félicite pour cette contre-performance, arguant qu’en la comparant avec celle de son portefeuille de référence, qui a perdu 8,3%, il pouvait en conclure avoir rapporté 10 milliards en valeur ajoutée au bas de laine des Québécois.
On peut dire d’Emond qu’il préfère voir le verre à moitié plein…
Le contexte économique difficile au sortir de la pandémie est certainement à blâmer, et il est raisonnable d’être soulagé par des pertes moins élevées que prévues, or ce ne sont pas tous les secteurs boursiers qui ont souffert pendant cette période et des placements plus judicieux auraient été possibles si ce n’était de la nouvelle ligne idéologique de la Caisse de Dépôt. (La CDPQ pratique l’investissement ‘responsable’ soit l’approche ESG : environnement, social, gouvernance. Tous les détails se trouvent sur son site internet : https://www.cdpq.com/fr/approche/investissement-durable)
En effet, 2022 a été une excellente année pour le secteur du pétrole et du gaz, mais pour des raisons idéologiques, la Caisse de dépôt a retiré tous ses investissements dans les hydrocarbures, l’empêchant de capitaliser là-dessus en une année particulièrement difficile. La chose est d’autant plus frustrante lorsqu’on compare, par exemple, les performances de la bourse de Toronto (TSX60) à un FNB du secteur énergétique canadien (XEG.TO).
Alors que la bourse de Toronto a perdu 8,66% en 2022, le secteur énergétique canadien a gagné autour de 47,26%. On parle donc d’un différentiel de près de 56% entre la performance de l’économie en général et le secteur de l’énergie.
Considérant la situation économique difficile, cet alignement idéologique de la Caisse de Dépôt sur la doxa environnementaliste semble difficilement justifiable. Faut-il rappeler qu’il s’agit là de l’épargne collective des québécois ; de leur bas de laine? La rentabilité et la santé économique devraient habituellement primer sur les considérations idéologiques, or ces normes ESG font désormais tolérer parmi les pires rendements de l’histoire du fond de placement. D’autant plus que la cotisation des citoyens étant obligatoire ; la gestion idéologique de leur argent pose un sérieux problème éthique.