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La CAQ se porte à la défense du wokisme d’Élise Gravel

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Une motion de Manon Massé visant à condamner le bannissement des livres d’Élise Gravel de certaines écoles américaines a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale ce jeudi. Un développement curieux dans cette histoire considérant le wokisme évident des ouvrages défendus et le fait que la CAQ, qui possède une écrasante majorité des sièges au Salon Bleu, se targue habituellement d’être un rempart à ce même wokisme.

Le banissement des livres d’Élise Gravel faisait les manchettes depuis quelques jours. En effet, certains États américains ayant banni les sujets d’identité sexuelle et de genre pour les enfants de la maternelle à la troisième année, il est devenu impossible pour les enseignants d’utiliser les livres de l’auteure québécoise qui se spécialise dans ce genre de sujets.

Les médias ont alors dépeint la situation comme un assaut des méchants conservateurs américains contre la liberté de pensée et ont monté en épingle une supposée homophobie et une intolérance à la différence.

Or tout n’est pas aussi évident dans cette controverse.

D’abord, ces lois américaines ne visent pas à bannir la liberté sexuelle ou l’identité de genre, mais bien à mettre des balises pour protéger les enfants en bas âge de discours qui pourraient tenter de les sexualiser de manière précoce. L’opposition d’une majorité de parents au fait d’enseigner la sexualité à des enfants si jeunes dépasse largement le spectre gauche-droite.

Ensuite, malgré qu’elle nie faire de la politique, Élise Gravel persiste tout de même à écrire des livres sur des sujets sociaux extrêmement controversés, dans les cadres d’une idéologie woke absolument identifiable qui reprend tous les grands slogans de la gauche actuelle. Et elle pousse l’audace d’en faire des livres pour enfants qui n’ont même pas encore leur troisième année du primaire?

« Inclusion », « Tolérance », « respect de la diversité des orientations sexuelles et de genre », etc. Tout ça sonne paradisiaque, mais nous savons pertinemment que ce champ lexical sous-tend des idéologies militantes et des débats houleux ; à tout le moins chez les adultes. On sait que « l’inclusion » et la « tolérance » de ces gens mène souvent à la diabolisation de l’homme blanc. On sait que le « respect de la diversité sexuelle et de genre » signifie de nier la réalité biologique des sexes et traiter tout et n’importe quoi de transphobe ou de réactionnaire.

Le titre du livre est assez clair : « Le rose, le bleu et toi », alias les méchants stéréotypes binaires de la méchante société et toi, jeune enfant, qui peut décider au loisir à quel genre tu appartiens.

Au-delà du besoin de rappeler aux petites filles qu’elles ont bien le droit de jouer aux petites voitures ou aux garçons qu’ils ont le droit de jouer à la poupée – ce qui est raisonnable et n’a pas été remis en question depuis plusieurs décennies – on voit très bien en quoi l’auteure cherche à jouer dans cette tendance à alimenter la confusion sexuelle en bas âge.

Le livre passe rapidement sur les stéréotypes généraux et passe directement à la théorie du genre :

« Et d’abord, qu’est-ce que ça veut dire au juste, être une fille ou un garçon? Est-ce qu’il faut à tout prix être l’un ou l’autre? Ou est-ce qu’on peut être les deux en même temps, ou aucun des deux si on veut? »

Vous aurez bien compris que la réponse est oui ; on explique alors à l’enfant que son sexe lui est assigné à la naissance mais qu’il peut choisir le genre qu’il veut, et le changer à sa guise. On enseigne ensuite la nouvelle étiquette woke des pronoms ; comment il faut demander à l’autre son pronom et quelques exemples de ceux-ci, dont les fameux « iel » ou « ielle » …

Ces passages incluent en outre des dessins de personnages nus pour expliquer le sexe ; une autre chose bannie dans certaines petites écoles américaines. (Élise Gravel se plaint que ça puisse être une raison de sa censure, or elle semble l’accepter assez ouvertement sur YouTube où, présentant son livre, elle a veillé à cacher les sexes sous un autocollant.)

S’ensuit une longue explication du combat féministe dans l’histoire qui, malgré une évidente bonne intention, demeure un sujet politique et social beaucoup trop complexe pour le régurgiter de la sorte à un public aussi jeune qui n’a aucune base en sciences humaines.

On passe alors à l’orientation sexuelle, aux modèles familiaux atypiques, aux mariages homosexuels, etc. Encore une fois, des sujets beaucoup trop complexes et encore aujourd’hui férocement débattus sur la scène publique, qui sont ici simplement réduits à « avant, il y avait plein de lois méchantes, aujourd’hui c’est mieux ».

Le livre conclut rapidement en revenant sur son sujet officiellement annoncé, les stéréotypes, avec quelques exemples de vêtements ou de couleurs qui ont été associés à des sexes différents au cours de l’histoire. Bref, en se faisant passer pour un livre sur les stéréotypes, il s’agit en fait d’un ouvrage pour consolider les positions wokes sur le sexe et le genre dans la tête des plus jeunes.

Mme. Gravel avait aussi écrit un livre pour enfant sur les fausses nouvelles et l’importance de vérifier ses sources qui avait été louangé par le Pharmachien. Parce que tout le monde sait qu’avec leurs articles scientifiques et leurs thèses de doctorat à produire en deuxième année du primaire, les jeunes risqueraient de tomber dans le panneau. La petite Juliette ne sera pas dupe si Henry lui dit qu’il existe des lions aussi gros que l’école et qu’il en a vu un dans le parc l’autre jour. Tristan ne se laissera pas prendre non plus lorsque ses camarades lui parleront du monstre du vestiaire qui a déjà mangé trois élèves dans le passé… Et les parents qui parlent du Père Noël peuvent aussi se le tenir pour dit.

Enfin, voilà ce que notre Assemblée-Nationale a défendu à l’unanimité aujourd’hui, malgré le fait qu’elle soit composée à majorité d’un parti qui était comparé à Donald Trump en 2018. Avec la CAQ, qui s’est nettement ramollie en devenant un parti de pouvoir, il semblerait qu’on ne cherche qu’à donner l’impression qu’on défend le Québec à tout prix. « Une auteure québécoise voit ses livres refusés aux États-Unis? – Parfait, on embarque! » « Lire le livre? Nah… Tant que c’est québécois, ça passe ».

Le ministre de la culture et des communications, Mathieu Lacombe, soulignait la façon « très unique [de l’auteure] de passer certains messages sociaux » et affirmait que « dans une société libre et démocratique, la dernière chose qu’on doit faire est de commencer à avoir peur de faire rentrer des livres dans nos écoles ».

C’est bien beau tout ça, mais je doute que Mein Kampf ou des livres pornographiques seraient appropriés dans une école primaire. On ne parle pas d’une université ou d’une bibliothèque ici, mais du choix d’un cursus approprié à l’âge des élèves.

D’ailleurs, pourrait-on savoir l’opinion de Bernard Drainville, ministre de l’éducation, sur le contenu de ce livre ; le gouvernement considère-t-il réellement que ce contenu est approprié pour nos jeunes? Est-ce réellement la vision de ce gouvernement? Apprendre à des gamins à choisir leur genre et s’appeler iel? La question est vraiment tranchée au complexe G?

Enfin, il n’y a pas que la CAQ ; tous ont voté pour défendre cet agenda woke et sa transmission à des gamins qui ont encore de la morve au nez. Tous se sont offusqués comme des pleureuses contre cette « censure » qui « n’a pas sa place dans l’art ni la démocratie ». Dans leur fronde puérile et infantile contre nos méchants voisins du sud, un député solidaire a même proposé d’envoyer la motion à Ron DeSantis et au consulat américain. Quelle bravoure, quelle hauteur morale, quelle audace! Les « élites » québécoises n’en manquent pas une pour démontrer qu’ils sont meilleurs que les Américains… même quand ça signifie être complètement inconséquent avec leurs positions habituelles.

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