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La charité pour les grévistes?

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Cette fin de semaine, la FAE (Fédération autonome de l’enseignement) appelait la population à faire des dons aux employés du secteur public en grève qui se privent de leur salaire. Hier, c’était le syndicat des Métallos (secteur privé) qui affichait son soutien aux grévistes en offrant 100 000$ en cartes-cadeaux. Bien que personne ne soit forcé de donner, cette situation a été particulièrement mal reçue dans la population.

Nous le savons, la situation économique est difficile pour tout le monde. Néanmoins, on doit quand même reconnaître que c’est beaucoup plus grave chez les plus défavorisés. Dans un contexte où certains n’arrivent même pas à se trouver un logement, à payer leur épicerie et leurs factures, la perspective d’avoir à faire la charité pour des gens ayant choisi volontairement de se priver de leur salaire pour se mettre en grève passe très mal.

D’autant plus à l’approche des fêtes! Les semaines précédant Noël sont cruciales dans le domaine de la charité, puisque c’est une saison qui engendre beaucoup de dépenses, au tout début d’hivers qui peuvent être rudes, et où la précarité, par effet de contraste avec le bonheur de certains, se fait sentir beaucoup plus.

Pour certains, c’est le seul moment de l’année où ils donnent à la charité ; pour offrir des cadeaux à des enfants démunis, quelques pièces à la Grande Gignolée ou carrément pour participer à des évènements pour limiter la solitude des aînés.

De la sorte, voir des grévistes ayant une permanence, une sécurité d’emploi et un salaire somme toute raisonnable faire concurrence à toutes ces œuvres de charité destinées à ceux qui n’ont rien simplement parce qu’ils ont choisi de foncer tête première dans une grève générale illimitée a quelque chose de grotesque.

Lors de son allocution pour annoncer le don de 100 000$, Dominic Lemieux, directeur québécois du syndicat des Métallos expliquait que certains enseignants avaient recours aux banques alimentaires en raison de leurs salaires trop bas pour le contexte économique. Soit… C’est peut-être le cas pour certains, mais c’est une manière un peu sensationnaliste de faire valoir leur point.

Si les banques alimentaires débordent en ce moment, ce n’est pas à cause des enseignants, mais à cause d’une immense proportion de la population qui est loin de bénéficier des conditions de travail du secteur public. Il faudrait quand même se garder une petite gêne…

La population québécoise soutenait majoritairement la grève des employés du secteur public, mais la tendance est peut-être en train de s’inverser.

On comprend bien qu’après la hausse salariale de 30% que les députés de l’Assemblée nationale se sont offert, les cadeaux dépensiers, superflus et électoraux de la CAQ tels que la partie de Kings à 5 millions et les autres absurdités politiques des récents mois, les employés du secteur public bénéficient d’une certaine légitimité dans leurs revendications. Cela dit, les conséquences de la grève commencent à être difficiles à ignorer.

D’abord, le fait de laisser les enfants à eux-mêmes depuis le 23 novembre va commencer à avoir de graves conséquences sur leur développement, en plus d’exténuer les parents. On se rappelle d’ailleurs que c’est la même génération qui a connu les incessantes ruptures de leur parcours scolaire en raison de la pandémie ; on continue désormais ces disruptions pour des raisons syndicales et on n’est même pas sûr qu’ils pourront reprendre leurs cours après les fêtes!

Aussi, bien qu’on puisse reconnaître que les employés du secteur public ont des revendications légitimes, il y a des limites à poser en victimes comme ça alors qu’une large de part de la population est loin d’être aussi protégée qu’eux. En plus du fait que c’est la société entière qui devra payer la note ; il est loin d’être sûr que d’engraisser encore davantage l’État et ses employés aidera le reste de la population dans cette situation économique difficile.

Il reste toujours l’option pour le gouvernement de voter une loi sur le retour au travail. Aussi obtus que ça puisse paraître, c’est probablement rendu nécessaire. Pour les jeunes, pour les parents, pour les contribuables… et pour les employés du secteur public, qui, apparemment, en sont rendus à mendier à l’approche des fêtes pour continuer leur lutte syndicale.

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