François Legault et ses ministres patinent comme jamais ces temps-ci. Ceux-ci doivent affronter un énorme déficit de crédibilité pour espérer remonter dans les sondages, dominés depuis des mois par le Parti Québécois. Un autre volte-face sur le troisième lien, et bien d’autres annonces ont été faites, et ce malgré l’incapacité du gouvernement de livrer la marchandise. En quoi la CAQ souffre-t-elle d’un déficit de crédibilité, et en quoi ce n’est pas seulement une histoire de troisième lien? Analysons ça.
Le troisième lien, les députés de Québec y tiennent. Une partie de l’électorat aussi. Il était donc naturel que la CAQ essaie tant bien que mal de donner à boire et à manger à des électeurs tentés par Éric Duhaime et Paul St-Pierre Plamondon. Mais cela n’arrivera pas. Déjà, l’élection de la CAQ en 2026 est compromise, et si un miracle devait arriver, il y a peu de chances que les ingénieurs, aussi bons soient-ils, réussissent à construction un troisième lien autoroutier en moins de quatre ans.
Non seulement il y a le troisième lien, mais c’est aussi toutes les politiques des six dernières années qui font que la CAQ n’a plus de crédibilité. Même si les services publics sont au quasi-point de rupture, le dernier budget a quand même dépassé les 11 milliards de dollars. Quant aux services sociaux, prenons l’exemple des maisons des aînés ou des maternelles quatre ans. Personne n’a demandé de tels programmes. Aussi imparfait que cela puisse être l’éducation de la petite enfance au Québec ou les résidences pour aînés, était-ce réellement utile de dédoubler des programmes existants pour créer des « patentes à gosses »?
Mais le pire de la crédibilité de la CAQ, c’est concernant la question nationale. Le premier ministre se prive d’un outil de pression sur le fédéral, qui est un référendum. Lorsqu’il a annoncé la création d’un comité transpartisan sur l’avenir du Québec, il a tout de suite fermé la porte à un éventuel référendum. Or, ce sont justement sous des menaces référendaires que le fédéral a cédé des pouvoirs au Québec en immigration.
Ce n’était pas Robert Bourassa lui-même qui disait qu’il fallait négocier avec le fédéral en lui mettant un couteau sous la gorge? Les réformes visant à réduire le surfinancement des universités anglophones se sont terminées en queue de poisson. Le lobbying de ces puissantes institutions, et les nombreuses jérémiades ont fait reculer la CAQ sur un projet légitime. Pourquoi les Québécois devraient-ils payer une partie des études des Canadiens hors Québec? À notre connaissance, le Canada anglais ne finance pas les études des Québécois chez eux.
Oui, c’est pour ces raisons que la CAQ souffre d’un déficit de crédibilité chronique. Le Québec se retrouve à la croisée des chemins. Mais le gouvernement fait si peu pour inverser la tendance à la hausse du coût de la vie et des logements, qu’on se demande quasiment si nous n’avons pas des pompiers pyromanes au pouvoir. 2026 est dans un futur lointain, mais c’est quand même une tendance que la CAQ apportera avec elle jusqu’à cet instant fatidique. Le parti peut-il survivre à ces élections? On se donne rendez-vous en octobre 2026.