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La dénonciation du Hamas semble difficile dans certains milieux…

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L’attaque terroriste de grande ampleur qui s’est déroulée dans les derniers jours en Israël fait partie de ces moments où l’on penserait qu’il y a consensus dans la population pour dénoncer fermement ces violences. Des civils – femmes, enfants et personnes agées incluses – massacrés arbitrairement ou pris en otages, des scènes absolument révoltantes de corps nus profanés et traînés comme du gibier derrière une camionnette, de jeunes festivaliers écoutant de la musique abattus par centaines… Les tactiques du Hamas, qui prétendait pourtant vouloir se normaliser dans les dernières années, sont tout à fait dignes des plus sombres heures de Daesh. Et malgré tout, on sent une réticence de la part de certains milieux à le dénoncer explicitement.

Pire encore, certains vont même jusqu’à juger que c’est le bon moment de faire valoir la cause palestinienne, comme nous en avons eu l’exemple avec la manifestation en soutien à la Palestine au centre-ville de Montréal. Et oui, pendant que le Hamas assassinait des familles entières sans vergogne, ces gens célébraient ici en distribuant des bonbons aux enfants!

Cette manifestation a largement été condamnée, notamment par François Legault, mais ce réflexe militant est loin d’être isolé. Sur twitter, ils sont beaucoup dans le monde anglais à décrire ces terroristes comme des « freedom fighters ». Et on accuse l’occident d’inadéquation dans ses soutiens en faisant un parallèle entre la résistance ukrainienne et celle des Palestiniens.

On en a d’ailleurs un exemple au Québec ; Richard Martineau rapporte dans un récent éditorial que le chroniqueur et recherchiste de Radio-Canada Raed Hammoud aurait établi cette comparaison sur Twitter, entre autres publications pour relativiser les évènements actuels, telle qu’une relatant les actions terroristes des sionistes israéliens… dans les années 40.

Pour revenir au monde anglais, le refus de la BBC – l’équivalent de Radio-Canada au Royaume-Uni – d’utiliser le terme « terroristes » pour définir les « militants » du Hamas a démarré un débat national, des vétérans de la correspondance à l’étranger arguant que « nommer des gens comme terroristes, c’est prendre parti et cesser de rapporter les nouvelles de manière impartiales ». Bien que cette position soit apparemment en ligne avec la politique officielle de la BBC, le secrétaire à la défense Grant Shapps a pour le moins affirmé que le média public « flirtait avec un comportement honteux », et devait « ajuster son compas moral ».

Dans la foulée de ce débat, le premier ministre Rishi Sunak a dû se montrer clair en affirmant « Il n’y a pas deux côtés : [les militants du] Hamas ne sont pas des « freedom fighters », ils sont des terroristes. Je soutiens Israël ».

C’est dire la confusion et le niveau d’ambiguïté que peuvent amener certains milieux culturels ou militants sur la question. Au centre de débats politiques, identitaires, religieux et militants, la question palestinienne est comme une patate chaude. L’émotivité est si forte que malgré des vidéos d’horreurs, certains vont tout faire pour tenter d’excuser indirectement le Hamas ou accuser Israël et les Occidentaux de tous les maux de la planète.

À Ottawa, Justin Trudeau a lui aussi été très clair dans sa dénonciation du Hamas, il n’y a donc pas de problème particulier à ce niveau, cela dit, on a pu voir à quel point le Canada n’est devenu qu’un spectateur de ce qui se passe à l’international. Le déclin de notre influence est telle que lorsque Joe Biden a voulu enjoindre ses alliés à parler d’une même voix, il a omis de mentionner le Canada, et s’est contenté de s’adresser à l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l’Italie. Justin Trudeau, lui, n’a pu s’entretenir qu’avec deux leaders mondiaux ; le premier ministre britannique et le roi de Jordanie…

Et pour d’autres, à défaut de relativiser publiquement les actions du Hamas, on se terre dans un silence de plomb. Il y a comme un malaise ; on ne veut pas se prononcer, probablement pour ne pas avoir à condamner des éléments de cette cause qui nous est si chère. C’est évidemment de la spéculation, mais c’est en tout cas l’image projetée.

On en a un exemple chez Amira Elghawaby, qui avait causé une controverse lors de sa nomination par Justin Trudeau au nouveau poste de « responsable de la lutte contre l’Islamophobie » pour des commentaires insultants à l’égard des Québécois, qu’elle accusait de racisme pour la loi sur la laïcité. Eh bien, outre le fait qu’on n’ait à peu près pas réentendu parler de cette fameuse responsable, on a surtout remarqué ces derniers jours un mutisme particulier.

À ce jour, les dernières publications de la responsable sont toujours celles pour célébrer le mois canadien de la culture islamique. Il est certain que c’est un évènement malaisant ayant le potentiel de ruiner un peu la célébration, mais on serait porté à croire qu’outre le combat contre les groupes supposément racistes à droite, la clarté et la transparence dans la condamnation du terrorisme islamique de la part des responsables musulmans en occident serait un pas dans la bonne direction pour rassurer les gens…

Serait-ce parce qu’Elghawaby vient du Conseil National des Musulmans Canadiens, une organisation connue pour ses liens avec les Frères Musulmans, dont le Hamas est issu? Fait-elle profil bas dans un soutien tacite? Devant son mutisme, on ne peut évidemment que spéculer… Mais ça demeure une très mauvaise image pour le poste qu’elle occupe.

Enfin, pour de toutes autres raisons, nous avons les sceptiques devenus si cyniques par rapport aux évènements mondiaux qu’ils ont développés une opposition systématique à tout ce que les médias peuvent dire et voient en ces condamnations du Hamas et ces manifestations de soutien aux victimes une énième mobilisation écervelée pour nous contrôler. Reprenant le meme « I support the current thing » (je supporte l’enjeu actuel), qui se moquait des mouvements pro-mesures sanitaires et pro-Ukraine pour leur conformisme un peu niais, on voit désormais des version ou les « NPC » (personnage non-joueur, automate) revêtent désormais le drapeau israélien.

Si l’on a parfois partagé cette analyse d’une société faite de mobilisations successives, encouragée par la viralité et le conformisme en notre époque, on ne doit pas pour autant attribuer tous les évènements mondiaux et les passions soulevées comme des signes de manipulation médiatique! Même s’il y eu abus de mobilisation avec le Covid et l’Ukraine, le terrorisme, les guerres, les fanatismes existent toujours. Et ce sont toujours des enjeux de sécurité important.

On justifie aussi cette indifférence honteuse dans des descriptions fatalistes et isolationnistes de « deux peuples dont les enjeux ne nous concernent pas », ce qui s’avère une analyse très naïve du monde en 2023. Jamais on a autant voyagé, jamais la démographie mondiale n’a changé aussi radicalement, avec des flux de migrants continus vers nos pays. Et même lorsque le contact n’est pas physique, internet connecte le monde entier et fait partager les mêmes phénomènes viraux.

Refuser le mondialisme ne veut pas dire refuser de voir que le monde s’est mondialisé…

S’imaginer, dans ces circonstances, que ces enjeux ne nous concernent pas est vraiment naïf. Le monde entier est devenu poreux ; ces manifestations de violences terroristes nous concernent tout autant, particulièrement considérant que nous avions des attentats régulièrement chez nous, il n’y a pas si longtemps, avec l’emprise de l’État islamique sur des « territoires qui ne nous concernent pas ».

Bref, c’est parfois face à l’horreur qu’on voit comment l’idéologie peut l’emporter sur les sentiments humains les plus élémentaires.

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