La communauté LGBTQIA2S+ est une fiction, du moins si l’on prétend désigner par cette expression l’ensemble des personnes qui correspondent à l’une des lettres du sigle. En effet, ces personnes ne partagent pas assez de choses les unes avec les autres pour qu’on puisse les considérer comme une communauté.
Si on veut désigner par là un mouvement militant qui met de l’avant les idéologies postmodernes (théorie queer, féminisme intersectionnel, théorie postcoloniale, etc.), alors d’accord : on peut considérer ce mouvement militant comme une communauté.
Cependant, cette communauté ne représente pas l’ensemble des personnes homosexuelles, bisexuelles ou trans, et pourtant elle semble avoir la prétention de le faire. Des personnes homosexuelles, bisexuelles ou trans qui ne partagent pas les idées de la gauche postmoderne, ça existe. Il en existe même qui ont des idées…de droite!
Non seulement ce mouvement n’est-il pas représentatif de tous ceux qu’il prétend représenter, mais on peut même considérer que ceux pour qui il était fait au départ, c’est-à-dire les homosexuels (gais et lesbiennes) en sont pratiquement absents.
Cette semaine, c’est le Festival de la Fierté de Montréal. Si on regarde la programmation, on peut voir plusieurs activités centrées sur les personnes trans. Plusieurs activités mentionnent le mot « queer » ; contrairement à ce que prétendent certains militants, l’étiquette queer ne rassemble pas tous les homosexuel(le)s, bisexuel(le)s et trans, et un bon nombre d’entre eux refusent explicitement cette étiquette). D’autres activités se focalisent sur les drag queens, ou sur certains fétiches, et même sur la prostitution (appelée « travail du sexe » sur le site de Fierté Montréal). Peu d’activités mentionnent les lesbiennes, et encore là, on s’assure d’y parler de personnes qui ne sont pas des femmes (femelles humaines) attirées par d’autres femmes. On retrouve même une affiche sur laquelle il est marqué « lesbien.ne », comme si le mot lesbienne n’était pas forcément féminin (le mot lesbienne sert à dénoter une femme, c’est-à-dire un humain de sexe féminin, attiré uniquement pas d’autres femmes). Rien dans ce festival ne se focalise tout simplement sur l’homosexualité.
On pourrait toujours arguer que les lesbiennes, hommes homosexuels, personnes bisexuelles et personnes trans qui ne se reconnaissent pas dans le Festival de la Fierté sont libres de ne pas y participer. Seulement ces personnes doivent aussi être libres d’exprimer leur dissociation, voire leur opposition à ce festival, ou à ce qu’est devenu le mouvement LGBTQIA2S+ et ça ne fait pas d’elles des ennemies des droits humains.
Elles devraient aussi être libres d’aménager des espaces ou de créer des groupes dans lesquels elles se reconnaissent davantage, or quand elles essaient de le faire, on les diabolise et on les accuse d’exclusion, de « transphobie », de « queerphobie », on les somme de prendre conscience de leurs « privilèges de cisgenre ».
À titre d’exemple, on peut constater la façon dont la gauche postmoderne dépeint la LGB Alliance, une association née au Royaume-Uni qui rassemble des personnes homosexuelles et bisexuelles qui, compte tenu que les groupes LGBTQ+ se focalisent désormais sur l’identité de genre, alors que leur caractéristique commune en tant qu’homosexuels/bisexuels est plutôt en lien avec l’orientation sexuelle, ont voulu une organisation qui se focaliserait sur eux. Un groupe qui parle seulement des LGB sans parler aussi des personnes trans serait en soi excluant.
Pourtant, il existe des groupes qui ne parlent que des trans, certaines activités de la Fierté sont centrées uniquement sur les trans, et on ne monte pas aux barricades pour crier à l’exclusion des gais, lesbiennes et bisexuelles…LGB sans le T, c’est non, mais le T sans le LGB, ça pas de problème? Et pourquoi ce deux poids, deux mesures?