La question se pose quant à l’image de l’Islam dans nos sociétés. Depuis des décennies, cette religion, la deuxième en importance dans le monde, a une image très dégradée. On peut dire qu’au Québec, cela est encore pire, par notre volonté collective de ne pas subir l’influence du religieux. Avec le cas de l’école Bedford, et l’affaire Bouazzi, que peut-on dire de la vision de l’Islam au Québec?
Le Québec a longtemps été une société très catholique. Tellement que l’on a produit le plus de prêtres par habitant dans le monde jusqu’aux années 60. Nous avons aussi eu le plus fort taux de natalité de l’histoire humaine. Le Québec est ainsi passé d’une forme de théocratie à un État libéral, peut-être même libertin, en seulement quelques années. De quoi provoquer des flammèches avec les religieux.
Les musulmans pratiquants arrivent dans une société libéralisée, où la laïcité est importante pour la plupart des gens. Donc, il y a forcément des tensions entre les nouveaux arrivants et la société d’accueil. Les « leaders » religieux mettent en plus de l’huile sur le feu en demandant des accommodements religieux, ou en qualifiant la société québécoise de « raciste ».
Pourtant, ce ne sont pas les catholiques qui demandent constamment des accommodements religieux. À l’époque de la commission Bouchard-Taylor, le Québec découvrait une nouvelle religion, jadis peu connue chez nous : l’Islam. L’Islam avait une importance marginale au Québec jusqu’aux années 2000, quand le gouvernement a voulu favoriser une immigration de travail francophone.
En effet, c’est souvent parmi les anciennes colonies françaises d’Afrique du Nord que le Québec a recruté nombre de travailleurs, d’étudiants. Bien que plusieurs d’entre eux aient une vie occidentalisée, loin du rigorisme religieux, certains sont quand même tombés dans le repli communautaire face à la difficulté de s’installer dans un nouveau pays.
Ce qui fait que certains en profitent. Le communautarisme avantage certains leaders religieux, politiques, mais aussi des commerçants. Les libéraux engrangent des votes facilement en promettant l’inflexibilité des tribunaux face à la riposte d’un gouvernement québécois laïc. On a essayé de nous avertir pendant des années, mais on a refusé d’écouter les lanceurs d’alerte.
Pensons à Djemila Benhabib, Nadia El-Mabrouk, Ensaf Haidar. Ces femmes, mais aussi bien d’autres, ont voulu nous avertir face aux dangers d’une pratique religieuse rigoriste que nous ne connaissons pas bien. Ces religieux nous demandent de nous effacer, d’accepter sans broncher les pratiques comme l’abattage rituel, qui fait souffrir l’animal inutilement.
Les rigoristes demandent des salles de prière dans les écoles, quand même les catholiques n’ont même pas ce privilège dans les lieux publics financés par le gouvernement. Si ce n’est pas de provoquer la colère de la population en bloquant des rues pour prier, alors que la prière peut parfaitement se faire dans un lieu désigné pour ça, tel une mosquée ou chez soi.
Les religieux profitent largement de nos chartes, qui protègent la liberté de culte. Ils utilisent les tribunaux pour faire valoir des « droits » religieux, qui n’en sont même pas dans leur pays d’origine, pour faire avancer un agenda islamiste. Ce fut le cas de l’école Bedford, de même que plusieurs garderies.
Comment, dans ce cas, avoir une vision positive d’une religion que nous connaissons à peine, alors qu’on nous demande plein d’accommodements religieux, et qu’on n’obtient rien en retour? Mis à part des crachats? L’Islam est médiatisé en Occident, surtout pour le terrorisme, la violence à l’égard des femmes, le mariage des enfants. Bien sûr, ce n’est pas la réalité complète. La réalité est bien plus complexe, et il serait injuste d’associer l’ensemble des musulmans à la violence ou au terrorisme.
Mais c’est tout de même assez préoccupant de voir des pays comme l’Irak autoriser le mariage des fillettes à partir de 9 ans. Comment, dans un tel contexte, avoir une opinion favorable? Même les opposants à Israël ont un malaise d’appuyer l’actuel mouvement pour la Palestine, tellement il a pris un virage islamiste. Alors qu’il y a 20 ans de ça, le mouvement était laïc et de gauche.
Les islamistes en demandent beaucoup à la société d’accueil, mais n’expriment aucune reconnaissance en retour. Pourtant, comme le rappelle Nathalie Elgrably, Haroun Bouazzi a eu une belle carrière avant de devenir un député. Être élu à l’Assemblée nationale demeure un privilège rare. Dans son pays d’origine, aurait-il eu les mêmes opportunités de réussir dans la vie? Il est probable que non.
A-t-on de la reconnaissance pour ces opportunités économiques, la liberté d’expression garantie par les chartes, ou encore pour le niveau de vie auquel tous peuvent aspirer en arrivant ici, peu importe l’origine ethnique? On appelle cela de l’ingratitude. Et les Québécois en ont assez. D’où la réponse face aux accusations constantes de certains leaders communautaires.