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La non-binarité célébrée au concours Eurovision

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La Suisse a remporté la 68ème édition du concours Eurovision avec la chanson « The Code » interprétée par Nemo, un musicien et chanteur suisse qui a appris à jouer du piano, du violon et de la batterie dès l’enfance et dont la voix a été formée pour chanter différents styles musicaux. Le morceau, qui s’inscrit dans la grande famille de musique électronique EDM [Electronic Dance Music] est marqué par un rythme syncopé Drum & Bass auquel sont fusionnés des éléments de pop opératique [popera].

Le soir de la finale à Malmö, en Suède, Nemo a fièrement déployé une grande bannière aux rayures jaune, blanche, violette et noire sur la scène. C’est le drapeau non binaire, c’est-à-dire celui qui représente les personnes qui ne se reconnaissent ni comme homme, ni comme femme. Il aurait fait son « coup d’éclat » en défiance des organisateurs du concours.

Nemo, qui est en couple avec une femme depuis 2019, avait effectué son « coming out » en tant que personne trans non-binaire en novembre 2023, s’est présenté sur scène portant une jupette rose et une veste à plumes pour chanter ce que les militants LGBTQ+ qualifient déjà d’hymne queer. C’est la première fois qu’une personne s’identifiant comme non-binaire remporte le concours.

Pourtant, c’est loin d’être la première fois que les vedettes de la musique populaire s’amusent à jouer avec l’androgynie et à transgresser les stéréotypes sexuels. On pense à David Bowie, Prince, Annie Lennox, Grace Jones et surtout Boy George. D’ailleurs, ce dernier ne se réclamait pas d’une identité de genre particulière. Il restait un garçon et n’exigeait pas qu’on utilise quelque néo-pronom pour le désigner. Il n’aurait jamais été question de dire « iel George ».

« J’ai fini de jouer le jeu, je vais rompre mes chaînes ». Dans la chanson, il y affirme avoir trouvé le paradis après avoir « cassé le code ». « Cette histoire est ma vérité », chante-t-il. La notion postmoderne selon laquelle l’individu peut avoir « sa propre vérité », en opposition à « la » vérité est très présente dans le discours trans-activiste, qui prône la validation du ressenti en tant que réalité. Pour les trans-activistes, les sentiments et le ressenti subjectif de l’individu doivent être considérés comme légitimes et vrais, même s’ils ne correspondent pas à une réalité objective ou observable par d’autres. Ne leur en déplaise, la science est une approche empirique.

Le refrain évoque les ammonoïdes, des mollusques céphalopodes fossiles éteints. Peut-être pensait-il ainsi désigner une espèce hermaphrodite, tels que certains escargots qui possèdent à la fois des organes reproducteurs mâles et femelles dans un seul individu. Certains militants anti-binaires invoquent des exemples d’hermaphrodisme dans le règne animal pour illustrer la diversité naturelle des identités de genre. Ils utilisent ces exemples pour soutenir l’idée que la binarité de genre n’est pas universelle et qu’il existe une variété de façons d’exprimer son genre au sein de la nature. Pourtant, les ammonoïdes étaient des organismes sexués qui comportaient des individus mâles et des individus femelles. Ces comparaisons ne démontrent pas que l’espèce humaine est non binaire de toute façon.

Dans des affirmations à la presse, Nemo explique que la chanson raconte sa prise de conscience face à son identité non binaire. Selon lui, sa participation à l’Eurovision lui permet de « défendre l’ensemble de la communauté LGBTQIA+ ».

Serait-il possible que des hommes et des femmes homosexuels n’aient pas envie d’être représentés par un mâle hétérosexuel qui aime porter des robes? 

En faisant de la non-binarité son fer de lance, le mouvement LGBTQ+ atteint l’ultime paradoxe, parce que cette notion invalide l’homosexualité, qui implique une binarité sexuelle. Caractérisée par un malaise issu du décalage entre le sexe biologique et le ressenti, la dysphorie du genre se base aussi sur la réalité binaire. Quand la notion d’identité de genre est appliquée, elle remplace la mention du sexe. C’est particulièrement évident avec la case « autre », qui permet de se désigner comme autre chose qu’un homme ou une femme. Parce qu’on n’ajoute pas une ligne pour spécifier le genre; on ajoute une case pour déconstruire le sexe.

L’identité de genre non-binaire est un moyen facile pour les hétérosexuels de race blanche d’intégrer les rangs des opprimés et de s’extraire de la majorité oppressante. Drôlement, ce concept leur permet d’appartenir au bon camp conformément à leur perception très binaire des rapports sociaux. Il ne faut d’ailleurs pas en faire autant que Nemo, puisque le ressenti à lui seul suffit. À mesure que la notion d’identité de genre non binaire devient une mode politique de plus en plus contagieuse parmi les générations Y et Z, elle permet aussi de gonfler les rangs de cette nouvelle classe marxiste.

Il s’agit d’un concept vague et fourbe. Pour beaucoup de jeunes adultes trans-identifiés comme non binaires, l’identité de genre correspond à leur individualité, à tout ce qui compose leur essence propre. Ainsi, toute non-acceptation de leur genre ressenti équivaut au rejet de tout ce qu’ils sont. Facile ensuite de les convaincre de combattre le système qui nie leur existence.

Parfois, on peut espérer, et même croire, que le wokisme est en train de frapper son Waterloo avec sa défense de la notion d’identité de genre. Mais parfois, on réalise que la propagande va de bon train sans que son absurdité ne soit remise en question. C’est pourquoi il faut continuer d’exposer les failles de ce discours. Le trans-activisme, lui, est loin d’avoir abandonné la partie – au Canada, il a même un défenseur en la personne du Premier Ministre.  

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