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La « relance » de l’économie québécoise commence par l’enjeu énergétique

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Un dossier de terminé : le gouvernement fédéral sera libéral, sur une plateforme pseudo-conservatrice. Désormais, les paliers provinciaux peuvent s’ajuster en conséquence. C’est le cas au Québec : François Legault a récemment déclaré « partager la même vision » que Mark Carney sur la relance de l’économie. Il faut dire qu’un conservateur comme Legault qui gouverne sur des politiques libérales s’entend naturellement avec un libéral qui promet des politiques conservatrices.

Dans un court Reel publié sur Facebook, monsieur Legault explique que lui et Carney sont alignés sur la nécessité de développer vigoureusement notre énergie, d’exploiter nos minéraux critiques, de faire avancer l’intelligence artificielle…

Une belle liste d’épicerie, comme on dit. Surtout quand on se souvient que le développement de l’IA est extrêmement énergivore et qu’il aggraverait un déficit énergétique déjà bien entamé. Ne mettons pas la charrue devant les bœufs.

On a comme un air de déjà-vu lorsqu’il ajoute rapidement : « des énergies vertes, aussi ». Un peu étrange, tout de même, d’entendre un premier ministre en poste depuis 7 ans annoncer la relance de l’économie qu’il a lui-même façonnée. Remarquez que c’est la même chose au fédéral : un gouvernement qui échoue dans la croissance pendant une décennie et promet soudainement un virage prospère.

La précarité énergétique du Québec

Encore aujourd’hui, près de 70 000 clients d’Hydro-Québec étaient privés d’électricité à la suite de vents violents, en plein mois d’avril. Ces pannes sont devenues si fréquentes qu’elles font à peine les manchettes, sauf lorsqu’un événement dramatique en découle.

C’est ce qui s’est produit ce mercredi à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, où une panne de courant a paralysé plusieurs opérations. La génératrice de secours ne s’est pas déclenchée correctement, forçant l’annulation de chirurgies et une réorganisation d’urgence du personnel médical. Voilà à quoi ressemble l’état réel de notre réseau, en 2025.

La vérificatrice générale nous avait pourtant prévenus dès 2022 : elle évaluait alors entre 7000 à 30 000 les poteaux électriques qui devraient être changés par année d’ici 2035 ainsi que 40 000 transformateurs d’ici 2030 et s’inquiétait que la société d’État ne dispose pas des effectifs nécessaires pour la tâche. Trois ans plus tard, rien n’indique que la situation s’est significativement améliorée.

À cela s’ajoutent des fragilités dans nos lignes de transport d’électricité. Selon un rapport publié récemment par la North American Electric Reliability Corporation (NERC), le Québec serait la province la plus à risque de pénuries majeure d’énergie en cas d’événements climatiques extrêmes, précisément en raison de sa dépendance à l’hydroélectricité centralisée et à ses lignes longues, vulnérables aux intempéries. Hydro-Québec a contesté ces conclusions… mais le terrain ne ment pas.

Souvenons-nous que l’hiver dernier, une ligne de transport entre la centrale de La Romaine et la Côte-Nord a été hors service à cause du verglas. Ce n’était qu’une fraction modeste de notre production, mais imaginez un instant que trois ou quatre lignes tombent simultanément lors d’un épisode météo extrême. C’est notre autonomie énergétique qui s’effondre.

Une production en crise

La CAQ s’est fait élire sur le ton du pragmatisme économique, promettant jadis de « libérer le potentiel » des ressources naturelles du Québec, y compris ses hydrocarbures. Une fois au pouvoir, le gouvernement a plutôt adopté une posture idéologique de transition verte.

Ce virage dogmatique s’est illustré dans la saga de la « filière batterie » promue par Fitzgibbon, qui n’a pas encore produit de résultats significatifs. Pendant ce temps, les projections de déficits énergétiques imminents s’accumulent, avec des pénuries anticipées dès 2026-2027.

Une relance sincère ?

Alors, quand Legault parle de « relancer l’économie » avec « les énergies vertes, aussi », on comprend vite qu’il s’agit d’un copier-coller des politiques antérieures : plus d’éoliennes, plus de sobriété, très peu de projets d’envergure, et un développement à pas de tortue. Il devra mettre les bouchées doubles s’il souhaite qu’on le croie cette fois-ci.

Et cela n’aide en rien de le voir s’aligner avec Mark Carney, le grand prêtre de la finance verte et des mécanismes contraignants de transition. Dans son livre Values, Carney défend la mise en place de normes ESG strictes, des prix sur le carbone à l’échelle mondiale, et une planification centralisée de la finance pour « forcer le changement »… tout sauf compatible avec l’autonomie énergétique ou la souveraineté économique du Québec.

Comme je l’ai dit plus tôt : c’est un conservateur qui gouverne comme un libéral, aux côtés d’un libéral qui promet d’être conservateur. Résultat : une continuité presque parfaite des politiques passées, sans vision claire.

Cesser les tergiversations sur le secteur gazier et pétrolier

Aujourd’hui, trop de politiciens de centre-droit se contentent de faire du signalement de vertu à la sauce conservatrice. On se dit pour les ressources, pour la croissance, pour la souveraineté… mais on évite soigneusement les vraies questions.

Un pipeline ? Oui ou non.
Un port méthanier ? Oui ou non.
Une réouverture à l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures ? OUI ou NON ?

En 2022, la CAQ a adopté une loi interdisant toute nouvelle exploration ou exploitation des hydrocarbures, allant jusqu’à verser des indemnisations aux entreprises touchées. Une décision précipitée, purement idéologique, qui place le Québec dans une position d’auto-sabotage économique.

Exploiter nos hydrocarbures — dans le respect des normes environnementales modernes — permettrait non seulement de réduire notre déficit énergétique, mais aussi de refinancer nos services publics et d’alléger le fardeau fiscal des familles québécoises.

Sur le plan environnemental mondial, exporter notre gaz naturel vers l’Europe ou l’Asie aurait un effet de réduction net des GES, en remplaçant massivement le charbon. Le Québec, dans son histoire récente, n’a jamais eu un tel levier sur les émissions globales — et pourtant, on s’en prive.

L’autonomie énergétique : un enjeu géopolitique

Actuellement, 100 % de l’essence consommée au Québec transite par les États-Unis pour être raffinée. Et environ la moitié de toute l’énergie que nous consommons provient de l’extérieur de notre territoire. C’est une dépendance totale. En termes de négociation, cela revient à se présenter sans aucun levier.

L’Europe de l’Est l’a appris à ses dépens : dépendre du gaz russe, c’est se soumettre aux caprices d’un État hostile. Le Québec, en exploitant ses propres ressources, pourrait non seulement assurer sa sécurité énergétique, mais aussi devenir un acteur géopolitique en appui à ses alliés.

Pendant ce temps, Énergir, détenue majoritairement par la Caisse de dépôt, promet une hausse vertigineuse des tarifs pour le gaz naturel, au nom d’un gaz renouvelable que ni les particuliers ni les industries ne pourront se permettre. Cette fuite en avant va écraser notre compétitivité.

Et pendant qu’Hydro-Québec s’inquiétait des interdictions municipales sur le chauffage au gaz, le gouvernement a décidé… d’interdire complètement le chauffage au gaz à l’échelle provinciale d’ici 2040. Une décision irréaliste, sachant que ce gaz est essentiel lors des périodes de pointe hivernale.

Enfin, le plan d’interdiction de vente des véhicules à essence d’ici 2035 est tout aussi insensé. Le marché des véhicules électriques est en contraction, les infrastructures de recharge sont sous-développées, les véhicules manquent de fiabilité, et… nous n’avons tout simplement pas l’électricité pour soutenir cette transition.

Libérer la puissance énergétique du Québec

Imaginez un instant ce que signifierait un virage clair, assumé, vers une stratégie énergétique fondée sur l’électricité et les hydrocarbures : une relance boursière, une relance industrielle, une affirmation géopolitique, et un allègement réel du coût de la vie.

Mais cela suppose un gouvernement qui cesse de gouverner en contradiction avec lui-même. Qui ne cherche plus à plaire à Ottawa, ni à séduire les lobbies financiers internationaux. Un gouvernement qui agit selon les intérêts des Québécois, pas selon les normes ESG du Forum économique mondial.

La relance économique ne se fera pas sans relance énergétique. Et celle-ci passera, tôt ou tard, par l’acceptation que le Québec est assis sur une richesse que seule l’idéologie l’empêche de libérer.

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