D’après un article de Shane Croucher publié dans Newsweek le 29 mai 2025.
Shane Croucher de Newsweek rapporte que la Russie a livré à la Corée du Nord au moins un véhicule de combat Pantsir, un système de défense antiaérienne mobile sophistiqué, dans le cadre d’un ensemble plus vaste d’assistance militaire destiné à récompenser Pyongyang pour son soutien actif à la guerre menée par Moscou en Ukraine.
Ce transfert fait partie d’une coopération militaire croissante entre les deux pays, documentée dans un rapport publié par l’Équipe multilatérale de surveillance des sanctions (Multilateral Sanctions Monitoring Team, MSMT), un groupe formé par onze pays alliés, dont les États-Unis et la Corée du Sud, et s’appuyant sur leurs services de renseignement respectifs.
Une alliance militaire renforcée depuis 2024
D’après Shane Croucher, cette collaboration a pris un tournant décisif en 2024, lorsque la Corée du Nord aurait envoyé jusqu’à 11 000 soldats combattre aux côtés de l’armée russe, notamment pour repousser une incursion ukrainienne transfrontalière. En plus des troupes, Pyongyang aurait livré des millions de munitions à la Russie.
Le rapport du MSMT précise que la Russie a offert, en contrepartie, non seulement le système Pantsir — capable d’abattre des avions, des hélicoptères, des missiles de croisière et des drones —, mais aussi du matériel de guerre électronique avancé, tel que des dispositifs de brouillage. Moscou aurait également aidé la Corée du Nord à perfectionner ses missiles balistiques, en fournissant des données de retour sur les tirs afin d’améliorer leur guidage.
Le document accuse Moscou et Pyongyang de s’être engagés dans « une multitude d’activités illégales expressément interdites » par les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, menaçant ainsi la paix et la sécurité internationales.
Un bond technologique pour Pyongyang
Selon le rapport cité par Shane Croucher, le Pantsir représente un saut technologique considérable pour la défense antiaérienne nord-coréenne, qui repose encore en grande partie sur d’anciens systèmes soviétiques et sur des technologies locales non encore déployées.
La Corée du Nord bénéficierait en outre de l’apport de systèmes de guerre électronique russes, ce qui renforce sa capacité à contrer les armements modernes, notamment les munitions guidées et les drones.
L’Institut sud-coréen pour les analyses de défense (KIDA) estime que l’aide militaire fournie à la Russie aurait rapporté plus de 20 milliards de dollars à l’économie nord-coréenne, une somme colossale pour un pays sous sanctions internationales sévères.
Des dirigeants qui célèbrent une alliance militaire
En avril, les dirigeants des deux pays ont reconnu publiquement le rôle actif des troupes nord-coréennes sur le front ukrainien. Kim Jong-un a salué l’« honneur » d’avoir une alliance avec « un État aussi puissant » que la Russie, se disant satisfait que la participation des unités nord-coréennes ait renforcé les liens militaires entre les deux régimes.
Il a qualifié ses soldats de « héros » investis d’une « mission sacrée » et annoncé la construction d’un monument à Pyongyang en leur honneur.
De son côté, Vladimir Poutine a affirmé que le peuple russe « n’oubliera jamais l’exploit des combattants nord-coréens des forces spéciales » et que ceux-ci seront « honorés à égalité avec leurs frères d’armes russes ».
Cette convergence militaire entre deux régimes autoritaires, chacun confronté à des sanctions internationales, inquiète les experts en sécurité qui y voient un défi majeur à l’ordre mondial établi depuis la fin de la guerre froide.