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La sacro-sainte charte des droits et libertés

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La semaine dernière, le Premier ministre François Legault a évoqué la possibilité de déporter des demandeurs d’asile dans d’autres provinces canadiennes et de créer des “zones d’attentes” pour lesdits demandeurs d’asiles. Cela a créé une hystérie au sein de la gauche québécoise et même au sein de gens dont on se serait attendu à y trouver du soutien, notamment le PQ et le Bloc. L’argument principal contre cette idée, je cite la sacro sainte Charte des Droits et Libertés canadiennes, qui garantit des droits inaliénables à…..apparemment n’importe qui se trouvant sur le territoire canadien. Justin Trudeau lui-même a fait valoir, sans nommer M. Legault, qu’il défendrait la charte, indiquant, clairement, que l’idée ne passerait pas tant qu’il serait premier ministre canadien – même si ce n’est plus pour bien longtemps.

Il est temps de remettre un peu les points sur les i dans cette affaire.

Le point le plus flagrant est tout simplement que cette charte fait partie de la loi constitutionnelle de 1982, mise en place par le charmant père de notre premier ministre actuel, Pierre Trudeau. En rappel, la constitution canadienne de 82 ne fut pas signée par le Québec et est à ce jour un point de contention entre les indépendantistes et fédéralistes québécois.

Petite leçon d’histoire, en 1981, le Canada était encore sous tutelle britannique, et Pierre Trudeau voulait rapatrier la constitution ici, afin que le Canada devienne un pays véritablement indépendant. Le premier ministre québécois de l’époque, René Lévesque, avait été élu avec un mandat indépendantiste, mais était prêt à négocier avec le fédéral (certains diront qu’il l’était trop) pour que le Québec ait sa juste place dans la confédération. La charte des droits et liberté, une constitution plutôt arbitraire, plagiant la majorité de son contenu à la constitution américaine, était le projet coup de cœur de Trudeau, mais n’avait pas l’accord de toutes les provinces. Le Parlement britannique, voulant éviter trop de soulèvements au Canada, força Trudeau à négocier avec les premiers ministres provinciaux.

Le 4 Novembre 1981, Trudeau proposa d’abord un accord, qui serait soumis à un référendum national, les premiers ministres du Canada anglais étaient largement d’accord, mais souhaitaient éviter un référendum, tandis que Lévesque était d’accord s’il y avait référendum. Cette soirée, tout le monde logeait à Ottawa, sauf Lévesque qui restait à Hull (maintenant incorporé à Gatineau). Durant, Trudeau et les premiers ministres canadiens anglais ont conclu un accord, laissant Lévesque hors des discussions. Le lendemain matin, Lévesque, furieux de s’être fait faire un tour, refusa catégoriquement de signer l’accord, retourna à Québec et essaya d’utiliser son droit de veto, ce qui lui fut refusé par la cour suprême canadienne.

La bonne volonté de Lévesque a eu des répercussions catastrophiques pour le Québec

Depuis, certains premiers ministres québecois ont essayé de faire entrer le Québec dans cette dite constitution, mais sans succès. Nous sommes maintenant coincés avec la vision multiculturaliste de Pierre Trudeau, réduisant les Canadiens Français (et Anglais pour ce que ça vaut) à une simple culture parmi tant d’autres ; nous, ayant construit ce pays, mis sur un pied d’égalité avec n’importe qui arrivant sur le territoire. Nous sommes également coincés avec cette satanée charte des droits et libertés. Lors de son arrivée au pouvoir, Stephen Harper tenta de calmer le jeu en reconnaissant formellement que le Québec est “une nation au sein du Canada”, geste bien intentionné, peut-être, mais ultimement symbolique et contredit par la constitution même du pays.

Légalement, la cour suprême avait raison, cette constitution s’exerce sur le Québec et il n’y a rien qu’on peut y faire. Moralement, il y a de quoi de très pervers à ce qu’une nation conquise se fasse une constitution niant son existence même, qu’elle y impose ses lois et surtout sa vision des choses de façon non consentie. Le fait qu’à ce jour, le Québec n’a pas signé la constitution est bien là la preuve des deux solitudes.

Et on en revient à aujourd’hui avec François Legault et son idée de déporter des demandeurs d’asiles.

Premièrement, il est important de ramener Justin Trudeau au réel. Malgré la charte des droits et libertés, le Canada déporte des non-citoyens de façon régulière pour différentes raisons; probablement pas assez, mais quand même, la charte des droits et libertés n’empêche pas la déportation. Deuxièmement, pour les plus libertaires, il est important de rappeler que la constitution ne protège vraiment pas les citoyens d’être sujet à des abus liberticides. La loi sur le transport d’argent liquide de plus de 2000$ me vient en tête, mais aussi le couvre-feu de 2021. Donc, « liberticide », on en repassera ; nous avons vécu des abus bien plus graves que la déportation de migrants et lorsqu’ils arrivent ici de manière illégale, ils n’ont pas intrinsèquement le droit d’être sur notre territoire.

Mais ultimement, la charte canadienne des droits et libertés est, comme tous les aspects de la constitution de 1982 : une excuse pour bafouer l’épanouissement de la nation québécoise et sa volonté de contrôler sa destinée. Dans ce cas : contrôler qui rentre ou pas sur son territoire.

François Legault a essayé de jouer le centriste radical du ni fédéraliste ni indépendantiste en tant que premier ministre. Même si je ne suis pas d’accord, je peux comprendre le jeu qu’il essayait, mais il est temps d’admettre que cela a échoué. Il doit hausser le ton envers Ottawa, et au moins commencer à reconsidérer l’indépendance. Maintenant qu’il semble de plus en plus improbable qu’il sera réélu pour un troisième mandat, François Legault doit penser à l’héritage qu’il laissera derrière lui. Soit il sera un homme ayant fait du mieux qu’il a pu selon les circonstances, ayant joué toutes les cartes en sa possession pour défendre le Québec, soit il sera un homme faible, s’étant agenouillé devant les maîtres qui lui crachaient dessus.

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