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La troisième voie caquiste ou comment l’autonomisme s’est révélé être une voie de garage face à Trudeau

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Depuis quelques jours, nous marquons le trentième anniversaire de la fondation de l’Action démocratique du Québec (ADQ), dirigé de sa fondation à sa dissolution par Mario Dumont. Si l’ADQ n’a pas survécu à son chef, le parti a fusionné avec la Coalition pour l’avenir du Québec, pour donner la CAQ que nous connaissons aujourd’hui. Le parti a dû trouver un compromis sur la question constitutionnelle pour exister : la troisième voie entre indépendance et fédéralisme. Or, ce qui était une alternative « en attendant » est devenu synonyme d’échecs répétés face à Justin Trudeau. En quoi cette troisième voie s’est révélée être une voie de garage? C’est ce que nous allons voir.

Les mots d’ordre de l’ADQ étaient : autonomie, réformes et marché. Il fallait alors à l’époque trouver des solutions aux maux qui frappaient le Québec : temps d’attente dans les urgences, décrochage scolaire, financement des services publics. Mais c’était aussi un contexte où l’indépendance était en berne suite à l’échec référendaire de 1995. Une époque difficile pour les indépendantistes, constamment obligés de se défendre des accusations de racisme qui les assaillaient de toutes parts.

Les libéraux étaient majoritaires, et ils ont beaucoup travaillé pendant plus de 15 ans pour empêcher pour toujours la tenue d’un troisième référendum. Rien n’a été négligé : intrusion du fédéral dans la culture et l’éducation, cours « d’éthique et culture religieuse », anglais intensif dès le primaire, déréglementation des frais à l’université. Il faut dire que pour plusieurs indépendantistes déçus et traumatisés de 1995, il fallait trouver une alternative « en attendant » des jours meilleurs.

L’autonomisme s’est ainsi imposé comme troisième voie entre l’indépendance d’une part, qui fut reléguée comme un choix qui devra être fait dans une génération, et de l’autre, un fédéralisme canadien qui voulait cadenasser l’avenir politique du Québec. C’était un moindre mal pour plusieurs ex-péquistes, mais aussi des libéraux plus nationalistes issus de l’ère Bourassa.

Le discours étant grosso modo : le Québec a plus urgent à faire que l’indépendance. En attendant, nous devons réformer la santé et l’éducation. L’avenir du Québec sera décidé par les générations futures. Sauf que le temps passe vite, et les générations futures, nous y sommes. En 2018, François Legault arrivait au pouvoir avec un programme revendicateur face au centralisme grandissant d’Ottawa : loi sur la laïcité, protection du français, réduction du nombre de nouveaux résidents permanents.

Après plus de 15 ans de régime libéral qui sera marqué par un déclin marqué de la langue et de la culture québécoise, Legault arriva comme une bouée de sauvetage dans ce naufrage. Les premières années lui donnèrent raison : il fera voter rapidement la loi 21 sur la laïcité de l’État, qui interdit les symboles religieux pour les fonctionnaires en position d’autorité. Mais aussi la loi 96, qui colmate certaines fuites de la loi 101, notamment en ce qui a trait aux services publics ou aux nouvelles technologies.

La réponse d’Ottawa ne s’est pas fait attendre : contestation devant les tribunaux canadiens des lois québécoises, mais aussi fin de non-recevoir, sinon mépris ouvertement affiché pour les préoccupations des Québécois devant le nombre trop élevé d’immigrants que le Canada souhaite accueillir sous la pression des lobbys d’affaires de Toronto. Si François Legault parlait de « suicide » et de « louisianisation » du Québec s’il recevait trop d’immigrants pour ses capacités d’accueil, Justin Trudeau et ses ministres ont tout bonnement balayé les préoccupations existentielles du Québec.

C’est là qu’on se rend compte que la troisième voie autonomiste, qui était censée être temporaire, est maintenant devenue invivable pour ses principaux défenseurs. François Legault coule dans les sondages tel le Titanic, et malgré son impopularité extrême, Justin Trudeau se permet toujours d’être aussi arrogant face à un premier ministre québécois qu’il sait édenté. D’où le fait que la question constitutionnelle revient rapidement dans nos vies.

Denis Coderre, qui se voit comme le capitaine Canada, a dit que la prochaine élection se jouera sur la question de la « séparation ». Paul St-Pierre Plamondon a le vent en poupe, et s’impose comme le chef politique le plus crédible de sa génération. Quant à Québec Solidaire, il est probable que ce parti tel que nous le connaissons aujourd’hui vivra des dissensions majeures et peut-être un éclatement si d’un côté certains députés embrassent la cause indépendantiste ouvertement, face à des militants qui sont hostiles à celle-ci.

François Legault dans les prochains mois aura besoin de plus qu’un budget déficitaire s’il veut remonter dans l’estime des Québécois. Les Québécois sont ambivalents sur la question de l’indépendance, mais face au fédéral et à son intransigeance, plusieurs exigent une riposte de la part de notre gouvernement, largement édentés d’avoir repoussé l’inéluctable. C’est-à-dire trancher une bonne fois pour toutes sur la question constitutionnelle.

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