D’après un article de La Presse Canadienne publiée sur CTV News le 23 mai 2025.
Un nouveau sondage de la firme Léger révèle que plus de la moitié des Canadiens disent comprendre pourquoi l’Alberta pourrait souhaiter se séparer du Canada — même si près des deux tiers ne veulent pas que cela se produise.
La Presse Canadienne explique que l’enquête, menée en ligne auprès de 1 537 Canadiens entre le 16 et le 18 mai 2025, montre que 55 % des répondants comprennent le désir d’indépendance de nombreux Albertains. Ce chiffre atteint même 70 % parmi les Albertains eux-mêmes.
Cependant, comme le sondage a été réalisé en ligne, il ne peut être associé à une marge d’erreur selon les standards méthodologiques établis, précise La Presse Canadienne.
L’analyse démographique du sondage révèle certaines divisions. Par exemple, 63 % des hommes interrogés disent comprendre les motivations derrière le séparatisme albertain, contre seulement 48 % des femmes. Les allégeances politiques influencent aussi fortement la perception de cette question : 77 % des électeurs conservateurs affirment comprendre les raisons du mouvement séparatiste, comparativement à 48 % chez les électeurs libéraux.
Sébastien Dallaire, vice-président exécutif de Léger pour l’Est du Canada, a souligné à La Presse Canadienne que ces résultats témoignent d’un « niveau d’empathie » envers l’Alberta. Il explique que, même si la majorité des Canadiens s’opposent à la séparation, plusieurs reconnaissent les frustrations de cette province. « Si vous êtes en Colombie-Britannique, la séparation de l’Alberta signifierait littéralement que le pays est coupé en deux », a-t-il illustré. Une telle rupture, selon lui, pourrait relancer des discussions sur la souveraineté du Québec ou d’autres provinces.
En effet, seulement 26 % des répondants affirment soutenir l’idée d’une Alberta indépendante, dont 12 % qui l’appuient « fortement » et 15 % « quelque peu ». À l’inverse, 62 % y sont opposés — dont la moitié très fermement — et 11 % des participants ne se prononcent pas.
Chez les partisans de l’indépendance albertain, 76 % disent comprendre les raisons motivant une éventuelle séparation.
Le contexte politique alimente ces débats. La Presse Canadienne rappelle que le gouvernement de la première ministre Danielle Smith a récemment présenté un projet de loi visant à faciliter la tenue de référendums d’initiative citoyenne, y compris sur l’indépendance de la province. Bien que Mme Smith dise ne pas souhaiter une rupture avec le Canada, elle soutient que les voix séparatistes ne doivent pas être reléguées à la marginalité. Elle cherche plutôt à renégocier les termes de la relation fédérale avec le premier ministre Mark Carney, en invoquant les frustrations économiques et politiques ressenties en Alberta.
Mme Smith souligne entre autres que les ressources naturelles de sa province sont enclavées, ce qui limite leur accès aux marchés internationaux. Elle déplore que les hydrocarbures albertains soient presque exclusivement vendus aux États-Unis à prix réduit.
Le soutien à la séparation varie considérablement d’une région à l’autre. En Alberta, 47 % des répondants appuient l’idée. Ailleurs au pays, les appuis sont moindres : 29 % au Québec, 22 % en Ontario et seulement 14 % en Colombie-Britannique. Dans les Prairies, 30 % des répondants du Manitoba et de la Saskatchewan soutiennent l’indépendance de l’Alberta, bien que la taille de l’échantillon pour ces provinces soit relativement petite.
Sur le plan partisan, 43 % des électeurs conservateurs sont ouverts à l’idée d’une Alberta indépendante, contre seulement 12 % des électeurs libéraux.
Selon Sébastien Dallaire, les résultats des dernières élections fédérales ont laissé plusieurs citoyens insatisfaits. Il ajoute que les Albertains sont eux-mêmes profondément divisés sur la question de la séparation. « On observe un soutien significatif pour au moins tenter de bousculer les choses », dit-il.
Il prévient toutefois que les résultats d’un sondage peuvent évoluer rapidement lorsque la population est confrontée aux implications concrètes d’un tel projet politique, comme cela a été le cas au Québec lors des référendums passés.
« Est-ce un appui solide à l’heure actuelle? Probablement pas », estime Dallaire. « Mais c’est un signe clair que le mouvement pourrait gagner en vigueur dans la province. C’est un phénomène qu’il faut surveiller de près. »
La Presse Canadienne conclut que, selon le Conseil de recherche en marketing du Canada, les sondages en ligne ne peuvent pas être associés à une marge d’erreur, car ils ne reposent pas sur un échantillonnage aléatoire.
Ce reportage a été publié initialement le 23 mai 2025 par Catherine Morrison pour La Presse Canadienne, avec des informations supplémentaires fournies par Sarah Ritchie.