Depuis quelques jours, nous parlons beaucoup de l’affaire Irwin Cotler, ancien ministre fédéral de la justice, qui est menacé par le régime iranien. En effet, la GRC aurait déjoué un complot le visant. Aujourd’hui, cet homme de 84 ans vit sous forte protection policière. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’une puissance étrangère complote sur le sol canadien. Voici pourquoi.
Irwin Cotler a longtemps travaillé pour faire inscrire sur la liste des organisations terroristes, les Gardiens de la révolution, un groupe paramilitaire dépendant directement de l’Ayatolah Khamenei. Les Gardiens contribuent directement au maintien du régime, par une forte répression des mouvements d’opposition. Avec l’actualité récente en Iran, cela est plus tragiquement vrai que jamais.
Cotler est donc surveillé en permanence par plusieurs agents de la GRC à son domicile, ou bien lors de ses traitements de dialyse à l’hôpital. Le complot déjoué par la gendarmerie aurait permis d’arrêter des individus, mais la police fédérale est avare de commentaires puisque l’enquête est en cours. Cela montre à quel point le Canada n’est pas épargné par l’ingérence étrangère.
Il n’y pas que l’Iran cependant qui menace la vie de citoyens canadiens. L’Inde aussi, par le biais de ses services de renseignement. Le mouvement khalistani, qui vise à faire du Pendjab un pays sikh indépendant, est très présent au Canada. Probablement même davantage qu’en Inde. En effet, les activistes les plus radicaux de ce mouvement se trouvent en nombre au Canada.
C’est une des raisons des relations bilatérales médiocres entre l’Inde et le Canada. New Delhi accuse le Canada d’abriter des terroristes sikhs condamnés depuis des années. Récemment, un des hommes les plus recherchés de l’Inde, connu sous le nom de « Arsh Dalla », fut arrêté en Ontario suite à une fusillade. L’Inde est cependant accusée par le gouvernement fédéral d’être derrière des complots d’assassinats.
Hardeep Singh Nijjar, un leader communautaire sikh, fut tué par balles près de son domicile à Vancouver, en juin 2023. Des membres du crime organisé indien ont été arrêtés suite à ce qui semble être un meurtre motivé pour des raisons politiques. Les relations entre l’Inde et le Canada sont depuis plus tendues que jamais. New Delhi accuse le Canada de complicité face au mouvement khalistani.
L’Inde affirme en effet que Nijjar était un leader terroriste impliqué dans des assassinats en Inde, et qu’il serait proche de la Babbar Khalsa, groupe extrémiste qui serait responsable du pire attentat terroriste de l’histoire canadienne. Groupe qui serait responsable de l’explosion d’un vol d’Air India en partance de Montréal vers New Delhi en 1985. À ce moment, les 329 passagers auraient trouvé la mort.
Il faut considérer que le Canada est désormais un terrain de jeu pour les puissances étrangères. Cela s’explique-t-il par la faiblesse du gouvernement Trudeau face au terrorisme en général ? Ou sa tolérance vis-à-vis de certains régimes autoritaires ? Cela est possible. Mais c’est surtout d’une forme d’indifférence face à ce qui se passe à l’internationale qu’il est ici question.
Au Canada, nous aimerions que les affaires du monde ne nous touchent pas, qu’elles ne nous concernent pas. Pourtant, cet « isolationnisme » relatif est mis à dure épreuve, car plusieurs puissances étrangères ne pensent pas comme ça. Elles estiment que leurs compétences s’étendent au reste de la planète, bien au-delà de leurs frontières.
C’est le cas de l’Iran, de l’Inde, mais aussi d’autres puissances hostiles, telles que la Chine, qui intimide ses ressortissants chez nous. Il serait intéressant de voir qui agit illégalement au Canada au nom d’une puissance étrangère. Et surtout, dans quel intérêt. Car c’est une question de sécurité pour tout le monde. Le Canada doit faire mieux pour prévenir ces menaces, et cesser de penser que les affaires du monde ne nous concernent pas.