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Le départ des Nordiques, trente ans plus tard : sport, identité et nation au Québec

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Le 25 mai 1995, les Nordiques de Québec étaient officiellement vendus et perdaient leur bannière fleuredlisée. Trente ans jour pour jour après leur départ pour Denver, l’article de Stéphane Cadorette publié dans Le Journal de Québec propose une uchronie fascinante : et si les Nordiques étaient restés? Cadorette revient sur les derniers soubresauts de l’équipe en 1995, les négociations tendues entre Marcel Aubut et le gouvernement de Jacques Parizeau, et le refus de l’État d’éponger les pertes de l’équipe. Ce refus, jugé « ahurissant » par certains, mènera à la vente de l’équipe à Comsat pour 75 millions de dollars US.

Stéphane Cadorette met en lumière une hypothèse audacieuse : la présence continue des Nordiques aurait-elle pu infléchir le vote au référendum de 1995? Luc Dupont, professeur en communication à l’Université d’Ottawa, le pense. Il rappelle que le camp du Oui a perdu par quelques dizaines de milliers de voix, et que la capitale nationale a voté Oui à seulement 53,4 %, soit bien moins que d’autres régions francophones. Pour lui, le départ de l’équipe a entraîné un sentiment d’abandon qui aurait affaibli l’adhésion à la souveraineté. Martin Pâquet, historien à l’Université Laval, nuance toutefois cette analyse : les Nordiques étaient un facteur symbolique important, mais l’économie et le climat politique pesaient plus lourd dans la balance.

L’identification à l’équipe de Québec ne s’est pourtant pas éteinte avec leur exil. Depuis trois décennies, plusieurs campagnes ont été menées pour ramener une équipe de la LNH à Québec. Le projet le plus ambitieux fut la construction du Centre Vidéotron, un amphithéâtre de 370 millions de dollars inauguré en 2015, principalement sous l’impulsion du maire Régis Labeaume et avec le soutien de Québécor. Cette enceinte ultramoderne devait convaincre la LNH que Québec était prête à accueillir une équipe. Malgré plusieurs démarches, dont des présentations officielles à Gary Bettman et des matchs préparatoires très populaires, aucune expansion ou relocalisation n’a abouti.

La persistance de cette volonté collective illustre une fierté régionale tenace. Le retour des Nordiques, pour beaucoup, ne serait pas qu’une question de sport professionnel : il s’agirait d’une réaffirmation identitaire, un moyen de revendiquer une place dans un système nord-américain dominé par les grands marchés anglophones. La rivalité avec les Canadiens de Montréal, au-delà de l’aspect sportif, permettait une polarisation culturelle et économique stimulante. Cette compétition interurbaine renforçait le tissu symbolique québécois, en opposant deux visions du Québec.

Luc Dupont le souligne : « les Nordiques, c’était une forme de nationalisme ». Arborant le bleu et la fleur de lys, l’équipe portait une dimension politique implicite. Le sport devient ici vecteur d’identité nationale. Dans le contexte québécois, où les repères culturels s’entrelacent avec les luttes politiques, une équipe comme les Nordiques incarne plus qu’un divertissement : elle catalyse un imaginaire collectif. Loin d’être un simple loisir, le sport constitue un outil de nation-building, un processus par lequel une communauté se forge autour de symboles partagés.

Ainsi, les Nordiques, en dépit de leur absence, continuent d’habiter le paysage symbolique du Québec. Leur réinsertion dans la LNH serait, pour plusieurs, un geste hautement significatif. Il ne s’agirait pas seulement de faire revivre une franchise : ce serait un acte de reconquête culturelle, une manière de dire que la nation québécoise est encore debout, et qu’elle mérite sa place sur la grande patinoire continentale

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