Traduit de l’anglais. Article de Marie Woolf publié le 14 décembre 2023 sur le site du Globe and Mail.
Ottawa se prépare à créer une voie d’accès à la citoyenneté pour des centaines de milliers de personnes qui vivent et travaillent au Canada illégalement depuis des années, en commençant par les travailleurs de la construction, a déclaré le ministre de l’Immigration, Marc Miller.
Dans une interview, M. Miller a déclaré qu’il se préparait à créer un « programme large et complet » qui permettrait à de nombreuses personnes dépourvues de documents valides de demander la résidence permanente. Seraient notamment concernées les personnes qui sont entrées légalement dans le pays, en tant que travailleurs temporaires ou étudiants étrangers, et qui sont restées ici après l’expiration de leur visa.
Le ministre a déclaré qu’il prévoyait de présenter au printemps au cabinet une proposition visant à permettre aux immigrés sans papiers de « régulariser leur situation ». Il a toutefois reconnu que cette politique pourrait se heurter à une certaine opposition.
« Le débat sur la régularisation des personnes qui sont ici et qui, à mon avis, devraient être canadiennes, ne fait pas l’unanimité dans le pays », a-t-il déclaré. « Nous devons avoir une plus grande discussion à ce sujet en tant que pays ».
Selon les estimations, entre 300 000 et 600 000 personnes vivent dans le pays sans documents valables, a-t-il ajouté. Nombre d’entre elles travaillent ici depuis des décennies et ont des enfants, mais elles risquent d’être expulsées parce qu’elles n’ont pas de statut officiel.
Le ministère de l’immigration, des réfugiés et de la citoyenneté envisage de créer un programme pour les travailleurs sans papiers depuis peu de temps après les dernières élections. Dans la lettre de mandat qu’il a adressée à l’ancien ministre de l’immigration Sean Fraser en 2021, le Premier ministre Justin Trudeau lui a demandé « d’explorer plus avant les moyens de régulariser le statut des travailleurs sans papiers qui contribuent à la vie des communautés canadiennes ».
M. Miller a laissé entendre que toutes les personnes dépourvues de documents valides ne seraient pas autorisées à demander la résidence permanente, y compris celles qui sont arrivées récemment au Canada.
Il a toutefois indiqué qu’il prévoyait de mettre en place, dans un avenir proche, un programme qui permettrait aux travailleurs du bâtiment vivant au Canada sans statut légal de demander la résidence, afin de remédier à la pénurie de travailleurs qualifiés capables de construire des maisons au Canada.
La création d’une voie permettant aux travailleurs de la construction sans papiers de s’installer au Canada serait un « bon moyen de tester le récit » du programme plus large qu’il prévoit de présenter au cabinet, a déclaré M. Miller.
Toutefois, il a déclaré qu’il comprenait que certains immigrants qui sont venus au Canada légalement puissent se sentir mal à l’aise face à des personnes qui, selon eux, « ont bénéficié d’un passe-droit ».
« Il s’agit de personnes qui sont déjà ici, qui contribuent déjà à la société et qui ont des enfants », a-t-il déclaré à propos des travailleurs sans papiers. « Les gens s’énervent sur les chiffres, mais la réalité est qu’ils sont déjà ici ».
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