Malgré une affluence record pour son coup d’envoi, qui a dénombré 20 000 passages aux tourniquets alors qu’« habituellement, 5000 ou 6000 personnes les franchissent.»[1], le Grand Prix de Montréal est une fois de plus attaqué par diverses mouvances militantes, causant de nombreux débats et controverses.
Accusations de machisme
On se rappellera qu’il y a sept ans, une Femen avait fait un coup d’éclat accusant le Grand Prix d’être un évènement machiste encourageant la prostitution. L’enjeu est pris très au sérieux depuis ce temps, mais a aussi mené à une critique générale du sport automobile comme une affaire d’homme et de machos.
« La culture du sport automobile, «royaume de la masculinité», n’évolue que lentement »[2] affirmait par exemple la sociologue Francine Descarries au Journal de Montréal.
Guerre à la voiture
Les écologistes, pour leur part, vont dans le même sens, récupérant ces idées pour renforcer leur opposition à un évènement qui fait la promotion des voitures à essence.
« Il faut être cohérent dans un contexte de crise climatique. […] « Un évènement qui sert à brûler du gaz toute la fin de semaine, c’est une extravagance qui n’a plus sa place »[3], affirmait la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement, ajoutant cependant : « Au-delà du bilan GES de la F1, « il y a le symbole derrière ça, même si les émissions d’un Grand Prix sont minimes par rapport à celles des déplacements en auto de la population ».
En bref, le Grand Prix en tant que tel n’a pas vraiment d’impact, c’est le symbole qu’il représente, celui de l’homme, de la voiture, de la masculinité, de la puissance et de la liberté, qui en a, et ces choses sont bannies par les mouvances wokes. Et de l’ancien batteur des Cowboy Fringuant au plus éminents experts, on se justifie tous dans cette guerre à la voiture qu’on n’ose réellement admettre.
Guerre au bruit et aux plaisirs vulgaires
Selon Claude Simard, dans Libre Média : « Ces récriminations proviennent de groupes hétérogènes : des écologistes radicaux qui veulent réduire à tout prix l’empreinte humaine sur Terre sans considération pour la vie sociale, des wokes qui luttent contre tout ce qui a pour eux une apparence patriarcale, des baby-boomers pour qui leur confort personnel est devenu la priorité. »[4]
Or, ces diverses revendications se rejoignent toutes, au bout du compte, dans ces combats « intersectionnels ». Et, selon Simard, au-delà des militants et des experts, on dénote un phénomène plus général qui afflige un plus large pan de la société : une nouvelle forme de puritanisme intransigeant qui voudrait que tous marchent au pas de la vertu parfaite et sanitaire des wokes.
[1] Malo, M.-A. « F1 : un engouement sans pareil pour les portes ouvertes », TVA Nouvelles. https://www.tvanouvelles.ca/2022/06/16/f1–un-engouement-sans-pareil-pour-les-portes-ouvertes-1
[2] T. Lamontagne, N. « Grand Prix à Montréal : rien n’a changé sept ans après son coup d’éclat ». Journal de Montréal. https://www.journaldemontreal.com/2022/06/16/rien-na-vraiment-change-sept-ans-apres-son-coup-declat?fbclid=IwAR22ZcScp-WNBtejKxFu2FHdrgC5_KmNdjCjF9eMKcmaCr1nVjN04JYM4Hc
[3] Pétrin-Desrosiers, C. Citée dans Champagne, É.-P. « Le Grand Prix au Pilori ». La Presse. https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2022-06-17/urgence-climatique/le-grand-prix-au-pilori.php
[4] Simard, C. « Le Grand Prix de Montréal et le fantasme d’un monde pur » Libre Média. https://libremedia.ca/article/le-grand-prix-de-montreal-et-le-fantasme-dun-monde-pur?fbclid=IwAR1I0yA6ZOS_99HTz6BfNYME40W0FrGZ4OifsRLpsg_grrrwckCY-AUs2Kc