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«Le NPD a trahi sa base ouvrière» – Entretien avec André Lamoureux

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Depuis sa fondation, le NPD a été le véhicule politique des classes populaires. Il avait une bonne base électorale dans les Prairies et les zones urbaines de Toronto et de Vancouver. Mais, André Lamoureux estime que ce parti a fait un dangereux virage vers le communaurarisme et le multiculturaliste. Le NPD est devenu le parti d’une ribambelle de minorités. Selon M. Lamoureux, ce parti a délaissé la social-démocratie et il en paie le prix actuellement. De plus, son flirt avec Justin Trudeau a été très dommageable pour le NPD.

André Lamoureux est chargé de cours au département de science politique à l’Université du Québec à Montréal. Il est aussi un expert du NPD.

Entretien

Simon Leduc : Le NPD a subi une défaite historique lors des élections du 28 avril dernier. Êtes-vous surpris de la performance de ce parti?

André Lamoureux : «J’avais anticipé le revers historique du Nouveau Parti démocratique. C’est en Manitoba et en Saskatchewan qu’il s’est implanté à l’origine. Malgré cela, le NPD a fait élire seulement un député avec 11% des voix au Manitoba. C’est le pire score de l’histoire du NPD dans cette province de l’Ouest. Ce parti socialiste s’est aussi effondré en Colombie-Britannique en obtenant trois sièges et 13% des voix. Pourtant, ce dernier a toujours eu de solides assises à Vancouver.  Au Québec, il y a juste Alexandre Boulerice qui a été réélu. Il faut constater que la vague orange de 2011 a été une anomalie dans la Belle province. Le NPD n’a jamais été populaire en sol québécois à cause de son fédéralisme centralisateur et son refus de reconnaître le caractère distinct de la nation québécoise. Alors, on a assisté à une chute historique des troupes néodémocrate à travers le pays.

Quelles sont les causes de la dégelée du NPD?

André Lamoureux : «Tout d’abord, le NPD a toujours refusé de soutenir les aspirations nationales du peuple québécois. Les dirigeants de ce parti ont continuellement été hostiles au caractère laïc du Québec. Il s’oppose farouchement à la loi 21 sur la laïcité de l’État qui a pourtant été adoptée par une forte majorité de députés de l’Assemblée nationale. La protection de la langue française n’a jamais été une priorité pour le NPD. Donc, les Québécois se sont toujours méfiés de ce parti progressiste. Alors, le NPD n’a pas pu s’implanter véritablement dans le territoire québécois.

D’autre part, le NPD a généralement été un parti à tendance républicaine. Celui-ci critiquait la monarchie britannique. Les néodémocrates s’identifiaient comme des universalistes et sociaux démocrates. Ces derniers pouvaient compter sur le soutien du mouvement syndical canadien. C’étaient les idéaux que cette formation chérissait auparavant.

Cependant, depuis quelques années, le NPD est devenu racialiste, communautariste, multiculturaliste et victimaire. Il a clairement fait un virage vers la gauche radicale. Le NPD a abandonné sa base naturelle qui était composée des classes populaires. Il courtise maintenant toutes les minorités : les transgenres, les peuples opprimés comme les palestiniens, les musulmans, les communautés racisées et les autochtones.  Le NPD ramène tous les enjeux sociaux à une question de race. C’est le côté woke de ce parti progressiste.

Pierre Poilievre a été plus près du mouvement ouvrier et des classes moyennes que le NPD. Jagmeet Singh a fait campagne dans la marge en courtisant des groupes minoritaires. Durant la campagne, le chef du NPD n’a pas rencontré les travailleurs des classes populaires.

En conséquence, le NPD a perdu l’appui de la gauche ouvrière traditionnelle qui a soutenu le Parti conservateur du Canada. On peut observer le même phénomène partout en Occident : le Parti socialiste en France, le Parti démocrate aux États-Unis, etc.

La gauche occidentale s’est radicalisée en Occident : Québec solidaire, la France insoumise, le Parti démocrate américain et le Labour britannique ont fait un tel virage lors de la dernière décennie. Toutes ces formations politiques sont en train de se distancer de l’électorat moyen.

Subséquemment, le NPD a constamment tenté de concocter des ententes avec le PLC pour la mise en place de programmes sociaux au niveau fédéral. C’est exactement ce que le chef du NPD a fait avec le gouvernement Trudeau. Jagmeet Singh a maintenu Justin Trudeau au pouvoir pendant deux en échange de programmes comme l’assurance dentaire. Le NPD a fait la même chose dans les années 70 avec Pierre Elliot Trudeau. Cet aplaventrisme devant les libéraux a toujours nui aux troupes néodémocrate depuis la Nuit des temps. Le PLC s’est constamment attribué le mérite pour l’adoption de programmes sociaux pancanadiens. En campagne électorale, les libéraux prennent le crédit pour la mise en place de telles mesures sociales. Alors, l’électorat progressiste abandonne le NPD et soutient le PLC. Il préfère l’original à la copie. Lors des élections du 28 avril, le PLC a réussi à coaliser derrière lui les progressistes canadiens. En conséquence, le NPD est devenu un parti politique marginal.

Tous les leaders du NPD ont utilisé cette tactique douteuse et cela l’a toujours mené vers des échecs électoraux.»

Que doit faire le NPD pour rebondir après ce revers retentissant?

André Lamoureux : «Cette formation politique doit redevenir un parti politique social démocrate. La reconnexion avec les classes populaires est primordiale pour que le NPD puisse renaître de ses cendres. Le discours de ce parti doit être centré sur les valeurs républicaines et l’universalisme. L’éloignement du NPD du racialisme et du communautarisme sera nécessaire pour la reconstruction de la gauche canadienne. 

Concernant le Québec, les néodémocrates vont devoir abandonner leur fédéralisme prédateur et se rapprocher des aspirations de la nation québécoises qui sont centrées sur la laïcité et la protection du Français.

Pour conclure, le NPD devra faire une longue traversée du désert avant de pouvoir rebondir. Sera-t-il en mesure de faire les réformes nécessaires? Seul le temps nous le dira.»

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