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Le Parti Démocrate et son « problème Kamala »

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Depuis le retrait de Joe Biden, les médias nous présentent la vice-présidente Kamala Harris comme une candidate présidentielle de renom ayant de réelles chances de battre Donald Trump en novembre. Pourtant, elle est une des personnalités politiques les moins appréciées aux États-Unis. Tout propos suggérant le contraire ressemble à de la manipulation médiatique.

Selon une synthèse des sondages fournie par le site FiveThirtyEight, plus de la moitié des Américains ont une impression négative de la vice-présidente.  57% des électeurs inscrits ne pensent pas que Harris soit capable de remporter une élection présidentielle. Parmi les électeurs Démocrates, seuls 59% croient qu’elle serait capable de gagner. Ce pourcentage tombe à 25% chez les électeurs enregistrés en tant qu’indépendants.

En 2019, elle s’était lancée dans la course à l’investiture Démocrate, mais l’enthousiasme initial suscité par sa candidature s’est vite effondré. N’étant créditée que de 3% des intentions de vote, elle a mis fin à sa campagne en décembre 2019, avant même le début officiel des primaires, prétextant un manque de financement.

Le retrait de Joe Biden confronte l’establishment Démocrate au « problème Kamala ». Elle a été sélectionnée comme colistière par Joe Biden en 2020 dans la foulée des émeutes de Black Lives Matter suite à la mort de George Floyd. Sa sélection comme colistière pouvait se défendre sur une base stratégique à court terme, mais demeurait une embauche en faveur de la diversité. Il y a évidemment des femmes et des noirs qui ont un réel potentiel politique, mais Kamala Harris n’en fait pas partie. Elle n’a pas la capacité de soulever les passions qu’avaient Hillary Clinton et Barack Obama.

Il y a pourtant dans le camp Démocrate des candidats redoutables qui seraient mieux placés pour affronter Donald Trump. En tête de liste: Gavin Newsom, l’actuel gouverneur de Californie. Sauf qu’il serait délicat pour un parti qui se proclame champion de la diversité et de l’inclusion de remplacer Kamala Harris par un homme blanc hétérosexuel – ou par quiconque n’ayant pas, comme elle, au moins deux points d’intersection dans le barème woke.

Dans la mesure où elle obtient le soutien d’une majorité de délégués Démocrates, sa candidature est quasiment officielle. Faute de pouvoir tasser facilement la vice-présidente, l’establishment politico-médiatique va exploiter au maximum ses deux principaux atouts, son sexe et sa race. Par extension, sa campagne présidentielle servira à réaffirmer le dogme de la diversité, de l’équité et de l’inclusion partout en Occident. On répondra aux attaques dirigées contre Kamala Harris avec des accusations de sexisme et de racisme. L’indignation permettra de demeurer campé sur le terrain identitaire plutôt que de défendre les idées et les accomplissements de la candidate.

Dès la campagne de 2020, Kamala Harris a joué la carte « afro-étatsunienne » à fond et fait tout son possible pour amener la communauté noire à s’identifier à elle, notamment en affirmant son amour pour le hip-hop, y compris la vulgaire rappeuse Cardi B qui a connu un immense succès avec sa chanson intitulée WAP, l’acronyme de « Wet Ass Pussy ». Quand les animateurs de l’émission de radio Breakfast Club lui demandent quel était son film préféré, elle répond « If Beale Street Could Talk », qui traite d’injustice raciale. Le long métrage raconte l’histoire d’un couple afro-américain dont l’amour est mis à l’épreuve lorsqu’il est faussement accusé d’un crime.

Contrairement à ce que certains pourraient penser, Kamala Harris ne descend pas des esclaves qui ont labouré les champs de coton. Elle est née aux États-Unis [à Oakland, en Californie], mais de mère brahmane tamoule de l’Inde et d’un père jamaïcain ayant des ancêtres africains et irlandais.

Outre, Harris est issue d’un milieu aisé: sa mère, Shyamala Gopalan [décédée en 2009], faisait partie d’une élite privilégiée dans l’ancienne hiérarchie des castes de l’hindouisme. Gopalan était une scientifique biomédicale, qui a terminé sa carrière au Lawrence Berkeley National Laboratory. Avant d’occuper cette fonction, elle avait accepté un poste d’enseignante à l’Université McGill de Montréal, ce qui explique comment Kamala Harris a vécu à Westmount pendant 5 années de son adolescence. Son père, Donald J. Harris, est un économiste et professeur émérite à l’université Stanford.

Avec Kamala Harris, il faut miser sur la forme, parce qu’il y a clairement insuffisance sur le fond. Interrogée sur ses positions en matière de réparations envers les noirs et le remboursement de la dette des étudiants, elle donne des réponses évasives telles que: « je suis en faveur d’étudier la question, il faut l’étudier et voir » et « je crois que nous devons avoir cette conversation ». Et ça, c’est quand elle se débrouille bien. Sinon, elle est connue pour ses propos simplistes qui ne veulent parfois rien dire, et qui se soldent par des rires ressemblant à des gloussements.

Outre, Harris a été chargée d’un principal dossier: la gestion de la crise des migrants le long de la frontière avec le Mexique. L’arrivée massive d’illégaux sur le territoire depuis l’entrée en fonction de l’administration Biden témoigne d’un bilan désastreux, mais pas surprenant. La vice-présidente appuie le concept de villes sanctuaires et se préoccupe du fait que les individus qui traversent illégalement la frontière soient considérés comme des criminels.

Si l’on se fie à la couverture médiatique, l’establishment semble avoir jeté son dévolu sur la personne de Kamala Harris. Il faut s’attendre à ce que l’angle de « la première femme de couleur » soit exploité au maximum. Les partisans Démocrate tenants du « Votez bleu, quel que soit le candidat » se rallieront sans broncher. Reste à voir comment les électeurs enregistrés comme indépendants réagiront à la candidature Harris. Advenant que d’ici au congrès Démocrate, la « lune de miel » ne se concrétise pas dans les sondages et qu’elle obtienne des résultats aussi médiocres que son prédécesseur dans les états pivots, l’establishment aura deux options: se résigner à perdre avec elle ou envisager un moyen créatif pour la remplacer à la dernière minute.

Il faut se rappeler de la convention Démocrate de 1968, qui survenait à peine 3 mois après l’assassinat de Robert F. Kennedy, favori dans la course à l’investiture. Le matin même, Eugene McCarthy était encore considéré comme le choix probable pour la nomination présidentielle. À part Kennedy, McCarthy était le seul ayant remporté des états lors des primaires. Pourtant, c’est Hubert Humphrey, le candidat de l’establishment, qui a été choisi comme candidat lors de la convention Démocrate, alors qu’il n’avait même pas participé aux primaires. Humphrey est parvenu à accumuler un nombre important de délégués en raison du soutien des machines politiques et des leaders du parti.

Un nombre suffisant de délégués à la convention ont promis leur soutien à Kamala Harris pour faire d’elle la candidate présumée. Ceci dit, les promesses faites par les délégués ne sont pas toujours juridiquement contraignantes. Avec 2024 qui se profile comme une année riche en rebondissements, il est essentiel de laisser une place à l’imprévisibilité dans les pronostics.

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