Denis Coderre a fait son grand retour en tant que nouveau capitaine Canada. L’ex-ministre et ex-maire de Montréal doit revêtir la cape de celui qui sauvera le Canada de la menace « séparatiste ». Pourquoi cet énième retour est pathétique? Faisons le tour de ce super-héros que personne n’a réclamé.
Denis Coderre est une personnalité polarisante. D’un côté, nous pouvons apprécier son côté combatif, à combattre la maladie et les conséquences de son surpoids. Un modèle de volonté. Mais le politicien est usé, comme l’a bien expliqué Régis Labeaume. L’ex-maire de Québec lui a dit de décrocher. De laisser tomber la politique à 60 ans. De profiter d’une retraite bien méritée. Mais ce n’est pas bien connaître Denis Coderre.
Pierre Falardeau, dans l’un de ses derniers recueils, dans un article voyant déjà arriver les libéraux de Justin Trudeau, affirmait que Denis Coderre voulait « diriger quelque chose ». Peu importe de quoi il s’agit, il veut être patron. Il fut ministre sous le gouvernement Chrétien, puis maire de Montréal. Il a plus de douze campagnes électorales dans le corps. Peut-être une des raisons expliquant son mauvais état de santé. La politique ne fait pas de cadeaux.
Régis Labeaume qui a aussi combattu la maladie, sait mieux que quiconque qu’il faut à un moment donné se retirer. Même si l’on est populaire, on finira toujours par retomber. Parlez-en à François Legault. Mais Denis Coderre n’a pas eu le mémo. Maintenant, il veut devenir chef des libéraux, car il se prétend « investi d’une mission ». Celle de combattre les « séparatistes »!
Comment le Parti Québécois et Québec Solidaire ont accueilli le retour de capitaine Canada? Ils estiment que cela ne fera que remonter l’option indépendantiste. Car les Québécois, même s’ils sont partagés sur la question, ne sont pas généralement à l’aise avec des gens aussi frontaux contre les « séparatistes ».
Il faut avouer qu’avec le lancement de son mouvement Non merci, en parallèle avec sa candidature à la chefferie des libéraux, Denis Coderre a prouvé que les fédéralistes étaient incapables de renouveler leur argumentaire. Il faut rappeler que le slogan Non merci était celui du camp du non en 1980. Les arguments évoqués par Pierre Elliott Trudeau ne volaient pas très haut non plus. Il affirmait sans gêne, dans un extrait reproduit dans le documentaire de Denys Arcand, Le confort et l’indifférence, qu’il fallait rester dans le Canada pour « la Saskatchewan avec […] sa potasse […] les provinces maritimes […] avec les forces marémotrices […] le territoire du Yukon avec un climat rude et dur bien sûr, mais avec des Eskimos, des Inuits, des Indiens […] Ça nous appartient ça […] C’est à nos enfants […] Il y a des Québécois qui voudraient qu’on lâche ça? »
Denis Coderre prouve qu’il est comme l’ensemble du camp fédéraliste, c’est-à-dire incapable de défendre son option sans tomber dans la caricature, les clichés et la peur. L’ensemble du Canada gagnerait à plus de décentralisation, et à une collaboration accrue entre le Québec et l’Alberta. Mais l’argumentaire des libéraux est toujours de dire que l’on a plus urgent que l’indépendance en ce moment.
Pourtant, lorsque nous regardons comment les libéraux de Justin Trudeau ont mené le pays à sa perte, c’est difficile de gober cet argument. Quant à la CAQ, difficile également de leur donner du crédit à leurs politiques, qui se sont révélées catastrophiques. On a davantage assisté à une baisse de qualité de nos services publics, à plus d’endettement et des professeurs à bout par une série de réformes inefficaces ayant fragilisé les écoles.
Denis Coderre est tout ce qui ne va pas chez les libéraux du Québec. Des gens intransigeants, qui pensent que le pouvoir leur revient de droit, qui refusent tout compromis ou introspection. Pourquoi sont-ils à 7% chez les francophones? Peut-être justement en raison de leur attitude frontale et méprisante à l’égard de la majorité historique québécoise.