Dave McGinn, dans un article du Globe and Mail publié récemment, explore une tendance croissante en Amérique du Nord : de plus en plus d’adolescents choisissent de ne pas obtenir leur permis de conduire dès leur 16e anniversaire. Ce phénomène, autrefois impensable pour les générations passées, devient de plus en plus courant, notamment au Canada. McGinn rapporte que l’âge moyen des étudiants dans les écoles de conduite comme Young Drivers of Canada a maintenant dépassé les 20 ans, ce qui témoigne de l’évolution de la culture autour de la conduite chez les jeunes.
Ce changement ne se limite pas aux écoles de conduite : il est également visible à travers les statistiques des États-Unis. Une étude de 2017 a révélé que la proportion de jeunes de terminale ayant leur permis de conduire est passée de 81 % en 2006 à seulement 72 % en 2015. De plus, une étude menée en 2020 à l’Université de Californie a montré que près de 40 % des adolescents retardaient l’obtention de leur permis de conduite de un à deux ans, et 30 % attendaient plus de deux ans. McGinn souligne que ce retard dans l’obtention du permis est lié à plusieurs facteurs, mais principalement à la combinaison de l’augmentation des coûts liés à la conduite et à l’essor des applications de covoiturage telles qu’Uber.
L’un des éléments qui explique cette tendance est l’augmentation des coûts de la conduite. L’essence, les assurances et l’entretien d’un véhicule deviennent de plus en plus prohibitifs pour les jeunes. D’autre part, dans de nombreuses grandes villes, les adolescents ont un meilleur accès aux transports en commun, ce qui réduit la nécessité de posséder une voiture. En outre, les parents d’aujourd’hui semblent plus disposés à conduire leurs enfants, contrastant ainsi avec les générations précédentes où la conduite autonome était une norme sociale.
Mais l’essor des applications de covoiturage comme Uber et Lyft joue également un rôle majeur. Andrew Marek, le directeur du développement de Young Drivers of Canada, explique que ces services permettent aux jeunes d’éviter les tracas et les coûts associés à la conduite personnelle. Le covoiturage devient une alternative attrayante, surtout dans les environnements urbains où ces services sont facilement accessibles.
L’autre problème majeur est l’anxiété croissante des jeunes conducteurs face aux distractions au volant. Une étude de 2022 a révélé que près de 44 % des Canadiens âgés de 18 à 24 ans admettent utiliser leur téléphone en conduisant, un problème qui touche également une grande partie des adultes. Le contexte routier actuel est plus complexe, avec des distractions omniprésentes : automobilistes, cyclistes et piétons absorbés par leurs écrans. Cela rend les leçons de conduite encore plus cruciales et difficiles à enseigner, car elles doivent intégrer non seulement des compétences techniques, mais aussi une vigilance accrue face aux comportements imprévisibles des autres usagers de la route.
Pour répondre à ces défis, les écoles de conduite ont adapté leurs méthodes. Leçons plus longues, stratégies de conduite défensive renforcées et une attention particulière à la gestion de l’anxiété sont désormais des composantes essentielles de l’enseignement de la conduite. Selon Brian Hart, instructeur chez Young Drivers, il est désormais essentiel de préparer les élèves à la réalité de la conduite dans un environnement où les distractions sont omniprésentes. Cela nécessite parfois une approche psychologique pour aider les jeunes à surmonter leur anxiété, une dimension qu’on n’avait pas envisagée il y a quelques décennies.
Bref, McGinn met en lumière un changement culturel profond dans la manière dont les jeunes abordent la conduite. Le permis de conduire, autrefois considéré comme un rite de passage, est de moins en moins perçu comme une étape incontournable de l’adolescence. Les jeunes semblent désormais plus intéressés par des alternatives telles que les transports en commun et les applications de covoiturage, qui offrent plus de flexibilité et moins de tracas financiers.