Depuis quelques jours, une publication au sujet du Pont de Québec devenue virale sur les réseaux sociaux montre des photos de la structure extrêmement rouillée, voir carrément brisée en plusieurs endroits. Instantanément, les gens ont fait une connexion avec le dossier du troisième lien, qui deviendrait rapidement un projet de deuxième lien si rien n’était fait. Les images choquantes alimentent chez les citoyens une crainte pour leur sécurité. Or, du côté de la mairie de Québec et de la couverture médiatique, on s’inquiète plus particulièrement de la piste cyclable, qui serait trop dangereuse pour ses usagers.
En effet, dans un article du Journal de Québec, Stéphanie Martin écrit : «Découragé» de la lenteur des gouvernements à régler le dossier de l’entretien du pont de Québec, le maire se désole de son état, notamment de la piste cyclable, qui est selon lui «pire qu’une grande roue pas fiable».
On comprend bien que Bruno Marchand s’inquiète de l’état général du pont, et que cette insistance sur la piste cyclable n’est peut-être qu’une question de formulation journalistique. Ce dossier relevant des paliers supérieurs de gouvernement, qui ne parviennent pas à s’entendre avec le CN depuis maintenant des décennies au sujet de sa propriété et de son entretien, le maire est largement impuissant et ne fait qu’ajouter une demande aux nécessaires travaux de réfection, de concert avec le maire de Lévis Gilles Lehouiller.
Malgré tout, on ne peut s’empêcher de se demander ce qui cloche dans la tête d’individus qui parlent plus de la piste cyclable – qui n’exerce à peu près aucun stress sur la structure – que de la sécurité des automobilistes et des trains qui passent dessus. Il faut quand même rappeler que les trains de marchandise peuvent accumuler une masse allant de 1 500 à 18 000 tonnes…
Il n’y a pas un problème de priorité ici? Je veux bien que nous soyons dans le Glorieux Bond en Avant de la transition verte et qu’on doit à tout prix prioriser les « transports actifs », mais à un certain moment, il faudrait aussi montrer un minimum de considération pour les enjeux plus pressants qui mettent la population à risque d’une catastrophe. Un pont dans un état de vétusté aussi avancé devrait stimuler des inquiétudes qui dépassent largement la fluidité de sa piste cyclable.
D’ailleurs, au même moment où la publication virale de Patrick Sarrazin commençait à circuler, les journaux rapportaient une « nouvelle offensive » d’un groupe de cycliste pour demander au ministère des Transports et de la Mobilité Durable une réfection de la piste cyclable afin de la rendre plus adéquate. Une pétition de 590 noms a été réunie à cet effet.
Interrogé sur le sujet par Radio-Canada, Pierre Baillargeon, président de la Table de concertation vélo des conseils de quartier de Québec, va même plus loin et affirme qu’on devrait carrément retirer une voie aux automobilistes pour prioriser les bicyclettes.
En d’autres mots, non seulement on a abandonné le projet de troisième lien plus tôt cette année, mais on fait désormais pression pour réduire les voies actuellement disponibles au trafic automobile. Une désillusion à peine croyable.
D’autant plus que l’abandon du troisième lien était justifié par une diminution marquée du trafic inter-rives suite à la pandémie et une généralisation du télétravail. Or, quelques mois plus tard, le trafic semble peu à peu revenir à la normale, particulièrement lors des nombreux travaux sur le pont Pierre-Laporte. Dimanche dernier, un trafic monstre était bloqué à l’entrée des ponts en provenance de l’autoroute 20. Les voitures faisaient du par-chocs à par-chocs sur une distance de 12 km jusqu’à la route Lagueux.
Mais apparemment, on a un problème de piste cyclable sur le pont. Eh bien…