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« Le Québec, c’est moi. » – François Legault, probablement…

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Quelle arrogance. Quel paternalisme dégoûtant. Quelle prétention hautaine de pouvoir parler au nom de tous. Quel mépris pour la liberté d’expression. Quel autoritarisme hypocrite. Il serait grand temps que François Legault retombe sur le plancher des vaches. François Legault n’est pas le Québec, il est simplement son premier ministre. Qu’il se fasse désenfler la tête un peu. Sa décision de bannir un évènement anti-avortement du Centre des congrès de Québec était déjà une censure inadmissible en un pays qui chérit la liberté d’expression, mais ses commentaires subséquents selon lesquels il se réserverait le droit de décider « au cas par cas », de manière tout à fait arbitraire, quels groupes militants devraient être bannis des institutions publiques sont carrément révoltants.

Un unanimisme rentré de force dans la gorge des gens

Non content de disposer d’une majorité écrasante à l’Assemblée-Nationale, non content d’abandonner à loisir ses promesses de campagnes, non content d’avoir régné avec les pleins pouvoirs pendant plusieurs années, voilà que François Legault, anciennement chantre de la liberté de parole et de pensée, « Charlie » jusqu’à l’os, croit désormais pouvoir parler au nom de tous, sans exception.

François Legault est désormais ce grand Léviathan, ce dirigeant en lequel évolue toutes les destinées, son corps lui-même est son peuple. Comme au bon vieux temps de l’absolutisme français, lorsque Louis XIV affirmait « l’État, c’est moi. », François Legault agit désormais comme s’il pensait, au fond de lui-même, « Le Québec, c’est moi ».

Dans cette ambiance nauséeuse de signalements de vertu et d’unanimisme dans les sphères politiques québécoises depuis quelque temps, avec des motions unanimes en faveur de la littérature woke d’Élise Gravel et des drag queens et des politiques radicalement vertes dignes de Greenpeace ou du politburo de Québec Solidaire, cette récente décision est la goutte qui fait déborder le vase.

Non seulement la ministre du Tourisme a dépassé les bornes en bannissant cet évènement pour des raisons idéologiques, mais l’appui sans réserve de François Legault, qui affirme qu’on « n’ira pas permettre à des groupes anti-avortement de pouvoir faire des grands spectacles dans des organismes publics » et tout le noyautage administratif qui s’est ensuivi est proprement honteux.

La ministre Proulx, qui prétend que le mouvement pro-vie est « contre les principes fondamentaux du Québec », n’hésite pas non plus à humilier publiquement le PDG du Centre des congrès dans une sorte de procès moral : « On lui a rappelé les grands principes dans lesquels il devait opérer. Il aurait dû d’abord et avant tout lever le téléphone, appeler soit ma sous-ministre, soit ma directrice de cabinet pour en discuter. On a recadré le message auprès de nos sociétés d’État pour s’assurer que de telles situations ne se reproduisent pas. »

Voilà l’État du Québec : si vous voulez organiser un congrès dans le principal centre de congrès de la ville de Québec, vous devez d’abord avoir l’autorisation du Soviet Suprême caquiste…

Et cerise sur le sundea : les sans colonne de l’Assemblée nationale qui font figure de partis d’opposition n’hésitent pas, quant à eux, à renier les principes élémentaires de la liberté d’expression et votent une nouvelle unanimité à l’Assemblée nationale. Comme on dit « les ennemis de mes ennemis sont mes alliés », et puisqu’on parle d’avortement, on cultive un plaisir coupable à censurer ses adversaires et se flatter de bonnes vertus.

C’est un secret de polichinelle : le mouvement anti-avortement est très impopulaire au Québec, les politiciens se permettent donc de censurer sans vergogne… Mais depuis quelques jours, voyant que même les éditorialistes les plus pro-choix reconnaissent l’atteinte aux libertés que ça représente, l’opposition revient prudemment sur cette décision et marche sur des œufs.

Avortement : un tabou québécois et canadien

Il a tout de même fallu quelques jours avant qu’on ose critiquer la décision. Un lourd silence semblait peser dans la société. Tout le monde savait que ce n’était pas correct, mais personne n’osait aller au front pour défendre des militants anti-avortement.

Pas même les conservateurs, d’ailleurs. Au Canada, le débat sur l’avortement est littéralement empoisonné et les conservateurs savent qu’ils n’ont aucun gain politique à aller chercher en le réactivant.

Même s’il se trouve quelques conservateurs traditionalistes de la droite chrétienne au Canada, ils acceptent habituellement d’accumuler les contorsions idéologiques pour éviter le sujet, s’en remettant constamment à des « valeurs canadiennes » apparemment figées dans le roc.

Dans ce contexte, c’est habituellement la gauche qui tente de réactiver le débat afin d’y associer les conservateurs et les mettre dans une impasse. La réalité, c’est qu’il n’y a pratiquement aucune volonté politique au Canada pour revenir sur la légalisation de l’avortement.

Mais les divergences d’opinion sur le sujet sont tout à fait légales et ne devraient pas être marquées d’un tel tabou. La liberté d’expression doit toujours prévaloir sur la sensibilité populaire.

La liberté d’expression se fout de vos désaccords

Qu’on le veuille ou non, l’avortement est un sujet controversé qui demeure encore débattu en 2023. Toute cette histoire n’est donc pas une question d’approuver ou non l’avortement, mais bien d’approuver ou non l’expression d’opinions discordantes dans la société.

La réflexion de la ministre Proulx, de la ministre de la condition féminine Martine Biron et de François Legault est, nous le comprenons bien, que l’interdiction de l’avortement serait une atteinte au droit des femmes, qui est un « principe fondamental du Québec ». Or peut-on dire qu’en débattre est, en soi, une atteinte au droit des femmes?

Est-ce une atteinte au droit des femmes de vouloir discuter du droit des femmes?

D’ailleurs, la question de l’avortement n’est-elle réellement qu’un sous débat de la condition féminine ou n’est-elle pas un enjeu plus large qui concerne notre compréhension de la vie, de la société, du modèle familial, etc? Vais-je déjà trop loin? Poser des questions est-il, aussi, une « atteinte au droit des femmes »?

Quoi qu’il en soit, peu importe les positions respectives sur le sujet, le principe de base de la liberté d’expression est justement de protéger TOUTES les positions, et particulièrement les plus controversées, car ce sont celles-là qui ont le plus de chance d’être censurées.

Comme le dit bien cette citation faussement attribuée à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ».

Et puis de toute façon, n’importe qui d’un peu sensé en politique sait qu’il ne devrait jamais se réjouir de voir des purges expéditives contre des adversaires, car cela crée un précédent qui, ultimement, peut se retourner contre n’importe qui.

Un jour, ce sont les militants anti-avortement, peu populaires, qui se font bannir dans l’indifférence. Un autre jour, ce seront les groupes voulant parler de natalité. Et plus tard quoi? Ce seront les défenseurs de la famille nucléaire, les nationalistes ou n’importe quel groupe politique?

Autant le PQ que QS, qui sont pourtant complètement opposés à redémarrer le débat sur l’avortement, semblent depuis quelques jours le comprendre.

La liberté d’expression doit prévaloir, malgré nos désaccords, car c’est précisément le point.

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